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LE GEANT ET SON SYMBOLISME

Les géants apparaissent dans les mythologies les plus anciennes. Le fait que l'église - symbole féminin - soit ici présente et que le géant doive être tué à la fin de l'aventure montre que ce conte ne remonte pas au-delà .. où les contrées .. furent christianisées. Les peuples scandinaves avaient une religion et un ordre social à prédominance patriarcale, si bien que, lorsqu'ils se convertirent au christianisme ils assimilèrent tout naturellement les aspects masculins, abstraits et spiritualistes et en rejetèrent l'élément féminin, le condamnant de ce fait à demeurer dans un état archaïque de non-développement. On sait, en effet, que tout contenu refoulé régresse dans l'inconscient et devient même, le plus souvent, négatif. Le géant est, entre autres choses, un élément de l'ancienne mentalité païenne également réduit par la nouvelle religion à trouver refuge dans la nature sauvage - dans l'inconscient - et, par là même, devenu dangereux. Les légendes nordiques préchrétiennes mettent en scène des géants qui se comportent avec une certaine intelligence, alors que les récits plus tardifs, les montrent d'esprit borné ; on est donc fondé à penser que la répression dont ils ont été victimes lors de la christianisation de ces régions les a abêtis. Dans la plupart des contes de tous pays, les géants sont dotés en effet d'une force énorme proportionnée à leur taille et d'une non moins grande stupidité. Le thème du frêle petit homme qui vient à bout par ruse d'un ou de plusieurs géants est classique et très répandu. On dirait que presque toute l'énergie vitale de ces êtres s'est employée à leur croissance musculaire, et bien peu à celle de leur cerveau.

Presque partout, on considère que les géants sont responsables des changements de temps et sont liés aux forces brutes de la nature : il existe des géants de la glace et du feu, il y a ceux de l'orage, ceux qui provoquent les glissements de terrain, les chutes de rochers et les avalanches, ceux dont les mouvements font trembler la terre, comme celui qui loge sous l'Etna . P.305 Dans la plupart des mythologies, ce sont des êtres de nature intermédiaire entre les dieux et les hommes. Il est souvent dit que leur race fut créée en premier, esquisse assez peu réussie de ce que devait être ensuite, en apparence, une invention un peu meilleure et digne de se perpétuer. D'après certains mythes nordiques, au contraire, les géants apparurent avant les dieux eux-mêmes et furent les premiers habitants de la terre. Plusieurs mythes de création rapportent que l'univers fut créé à partir du corps d'un géant cosmique sacrifié et démembré. Ce thème se retrouve aussi bien en Inde (Purusha) qu'en Chine (Pan Kou) ou que chez les gnostiques ou dans la tradition juive (L'Adam cosmique). Dans l'ancienne mythologie germanique, Ymir, le géant primordial, est sacrifié par Wotan (ou dans le nord par Odin) :

A partir de la chair d'Ymir le monde fut formé,

De son sang les profondeurs de la mer,

Les montagnes de ses os, les arbres de ses cheveux,

La sphère céleste de son crâne.

L'énergie consciente naît de l'inconscience primordiale et, en y apportant la distinction, tue celle-ci. Dans la mythologie grecque, les Titans .., dans le livre d'Hénoch .. les anges désirèrent les filles des hommes .. le fruit de leur union fut une race de géants qui ravagea la face de la terre. Jung interprétait ce mythe comme reflétant l'irruption destructrice de contenus inconscients dans le champ du conscient collectif.

Les géants sont liés à l'état préconscient de l'être primordial indifférencié et aux énergies brutes de la nature. Ils figurent des états émotionnels archaïques dont l'irruption violente risque, du moins momentanément, de perturber ou de submerger le conscient. La relation entre les émotions fortes et le gigantisme est évidente : chaque fois que nous nous laissons prendre par un affect, nous perdons aussitôt le sens de la mesure et nous nous mettons à enfIer toute chose, à exagérer : nous faisons, comme on dit chez nous, « un éléphant d'un pou ». Le moindre événement, la moindre remarque prend alors des allures de tragédie, et le sens de l'objectivité et de l'humour disparaît complètement, entraînant une baisse du jugement qui rend capable d'agir avec la stupidité des géants. Si cet état se prolonge et risque de rompre l'équilibre du conscient, des rêves peuvent présenter des visions énormes, des monstres de grande taille ou le danger de catastrophes naturelles. Etudier les mythes et les contes, comme les rêves individuels, peut nous aider à vaincre ces « géants » ou nous apprendre à ruser avec eux.

Beaucoup de mythes, en particulier dans les pays nordiques, associent les géants à la glace ou au feu, ce qui signifie que l'émotion peut nous submerger sous des formes opposées, nous incendier ou au contraire nous figer en glace ou en pierre. Seuls les individus extrêmement émotifs sont capables de se glacer. La colère, par exemple, peut être qualifiée de « chaude » lorsqu'elle nous fait monter le rouge du sang au visage et nous rend capables de discours « enflammés » ; elle peut nous faire « voir rouge », « bouillir de colère », « prendre feu et flamme », etc. Mais lorsque l'émotion dépasse ce stade, il arrive qu'on ne sente plus rien ; on reste immobile et muet, rigide et froid. Sous l'effet de choc, les artères se contractent et le cour paraît s'arrêter, le visage pâlit. On est « glacé d'horreur », on reste « pétrifié ». Ces états, apparemment contraires, ont en commun la violence du contenu intérieur qui déséquilibre le fonctionnement psychique et physique habituel, exacerbant ou paralysant les réactions normales : un géant a momentanément pris le dessus. P.307

La mythologie attribue généralement aux géants une nature intermédiaire entre les dieux et les hommes. Transposé en langage moderne, qu'est-ce que cela signifie ? On peut interpréter les dieux comme des personnifications des forces psychiques et des énergies de la nature ; ce sont des symboles, des images, des noms donnés aux manifestations archétypiques. Les archétypes sont, rappelons-le, les structures de base de la psyché, et peut-être de l'univers. Dans notre psychisme existent des centres, des noyaux d'énergie de charge très forte qui révèlent leur existence de différentes manières, entre autres par des images ou des arrangements d'images. De même que chaque dieu a une histoire et une fonction mythologiques propres, règne sur un domaine déterminé de la vie et exige de l'être humain certaines règles de conduite, des rites et des sacrifices, toute image archétypique porte en elle un certain ordre correspondant à un modèle de comportement spécifique qui se propose ou s'impose à l'être humain.

Comme les dieux des religions polythéistes luttent parfois entre eux, nous avons vu qu'il arrive que ces modèles de comportement entrent en conflit ; il n'en reste pas moins que chaque archétype et chaque modèle de comportement qui lui correspond possèdent une certaine organisation intrinsèque. Les histoires des dieux, en nous éclairant sur les caractéristiques et les tendances de ces noyaux énergétiques qui nous habitent, peuvent nous aider à en prendre conscience et à vivre avec eux en assez bonne intelligence. Cependant, lorsqu'une charge archétypique approche du conscient d'un individu, il arrive qu'elle n'ait pas encore pris forme et que seule la partie émotive en soit perçue : son aspect d'ordre n'apparaît pas encore au conscient. Parfois, cela se manifestera en malaise ou en bien-être physique, en états d'âme, émotions incompréhensibles ou affects. On souffre d'un brusque afflux d'énergie dû à ce qu'un noyau archétypique se trouve « excité » et que l'énergie libérée par lui n'a pas encore trouvé sa place dans la vie consciente. Lorsque ces forces jaillissent à l'état brut, elles correspondent aux images des forces de la nature, et lorsqu'elles commencent à pouvoir se domestiquer, aux géants, mi-hommes, mi-dieux. L'aspect dangereux des géants se comprend facilement si l'on pense au risque de possession ou de dissociation que fait courir à l'individu un affect violent ; leur légendaire stupidité s'expIique aussi, car quiconque est pris par une émotion forte tombe dans un état excessif pouvant aller jusqu'à la stupeur ; on commet alors les actes les plus insensés que l'on n'aurait jamais accomplis de sang-froid.

Il existe cependant des récits où des géants se rendent utiles par leur force hors du commun. D'innombrables légendes médiévales racontent comment un saint, ayant par ruse maîtrisé un géant, lui fit construire un pont ou une église en une nuit. Etant pure émotion, pure énergie psychique, le géant, s'il est soumis à l'intelligence et à la conscience, les rend capables des tâches les plus surhumaines.

Lorsque Jung eut recueilli une grande quantité de matériaux historiques pour servir de base à ses Types psychologiques, il voulut commencer à en rédiger le texte. . Il rêva alors d'un grand navire chargé de marchandises destinées à être distribuées à toute la population. Le bateau se trouvait à l'entrée du port et un superbe pur-sang arabe blanc, fin et délicat, était censé le haler jusqu'au mouillage, ce dont il était bien incapable. Alors un énorme géant apparut, au teint rubicond et à la barbe rousse.. il fendit la foule, prit une hache et tua le cheval blanc, puis, s'emparant de l'amarre, il amena d'un seul élan le bateau à quai.

Jung comprit qu'il lui fallait abandonner ses projets conscients (donner une clarté et une précision cartésiennes) P.309 et se laisser porter par le feu de l'inspiration. Une certaine quantité d'élan vital et d'enthousiasme héroïque est nécessaire pour mener à bien des tâches qui paraissent surhumaines, mais cela n'est bien entendu possible que si l'émotion coule dans le même sens que l'intention consciente et collabore avec celle-ci ; sinon, elle devient destructrice et paralyse l'action, comme c'est le cas dans notre conte.

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


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