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Créativité et base archétypique:

1-Archétype du père:

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »

Le mythe de la Genèse montre la création comme un travail sorti des mains de la puissance paternelle, cet immense

" Il "qui sépare, différencie et forme - et déclare bon son travail.

Différenciation, ordre et bonté vont ensemble. L'ordre est bon, Dieu est ordre, Dieu est bon.

Et il n'y a qu'un seul Dieu, une seule voie juste, une seule vérité. Il est suprême et au-dessus de tous.

La notion de créativité qui a filtré à travers l'archétype du père laisse deviner méthode et hiérarchie, bref, un royaume structuré.

L'acte ou le verbe doit être amené à l'existence; une certaine zone de l'existence doit être ordonnée à l'aide l'une formule, tracée sur une carte, construite dans la pierre.

Sans production, active ou réflexive, rien n'est créé. Il faut que reste derrière soi un monument, que soit semée une graine qui continuera à perpétuité d'engendrer des générations de la même espèce.

Les porteurs de cette semence peuvent être élève, fils, héritier, ou simplement organisation impersonnelle - mais jamais l'ami ou l'être aimé.

Il en est de même pour l'individu qui identifie le processus créateur à la différenciation et qui cherche à atteindre dans son oeuvre l'autorité définitive, l'indiscutable, le classique et le permanent grâce à la cohérence systématique et à la loi axiomatique.

La créativité se définit alors comme un processus d'ordre, d'intégration pour parvenir à l'unité, et prend le mandala comme but.

En outre, l'ordre moraI rejoint l'ordre esthétique : justice, proportion, justesse, système; tout a la place qui lui revient.

Le noûs devient bientôt plérôme dépourvu de ses aspects irrationnels ou mouvants, et à mesure que la créativité se conforme à cette notion archétypique qui aboutit à une perfection statique, elle tombe dans la stérilité du " senex ".

L'obscurité de la matière, le mal temporel et le chaos réapparaissent alors sous la forme du mépris pour la femme .

C'est ainsi que l l'image primordiale du père structure la notion d'instinct créateur.

2-Archétype du puer aeternus

Différente est la conception selon laquelle toute création est nouveauté, et n'est créateur au sens littéral du mot que ce qui est creatio ex nihilo et apporte quelque chose d'absolument neuf.

La création porte sur l'avenir, aussi l'individu créateur posséde-t-il une aura de futur.

Cette notion est liée au temps, elle est son ennemie ou son enfant, et elle dépasse ses limites pour atteindre l'éternité.

Il y a toujours mouvement, et ce mouvement va du connu à l'inconnu, de l l'ancien au nouveau.

Cette conception déborde d'espoir et d'optimisme, d'accomplissement et de joie : une nouvelle ère à venir, de nouvelles terres et de nouvelles espérances.

L'accent est mis sur l'unique, le seul.

La créativité sera principalemenl définie par le terme « originalité » et son expression négative sera le narcissisme irresponsable.

Puisque rien ne dure, et qu'on ne peut rien faire durer sans tuer l'éphémère étincelle, il doit y avoir flux et flexibilité continus, marche en avant, spontanéité, inspiration du divin - sans conditions, sans causes, sans précédents.

Unification et maturité empêcheraient les éclairs éblouissants de la nouveauté mercurielle ; la méthode s'inspire du jeu, de la chance, des tours, de la juxtaposition humoristique - et non du travail -, son temps est la jeunesse. " Toujours ouvert, toujours disponible ", comme l'a formulé Gide. Libre, ouvert, éveillé à tout.

Cette notion de la création est une perception de l'instinct par lui-même à travers l'image du puer aeternus ; l'archétype en est l'enfant divin.

3-Sous l'égide de l'ombre:

Si le nouveau doit rompre avec l'ancien, et si ex nihilo implique annihilation de ce qui est, la créativité se colore d'un autre facteur : elle est marquée par l'instabilité.

La montée impétueuse de la sève fait éclater l'écorce de bois sec, et ce sont la turba, Wotan, Shiva...

L'émotivité chevauche les fauves de la nuit et la furie iconoclaste nous emporte; c'est la rébellion au nom de la libération, le processus créateur devient contestation.

Sous l'égide de l'ombre, la créativité est contaminée par l'activité (niveaux primitifs d'agression), la faim (désir d'en avoir toujours plus, culte des expér iences), et la sexualité (phallus devenu puissance du pénis).

Cette contamination semble être le but même de l'influence de l'ombre, comme pour renforcer l'instinct créateur par l'appropriation d'autres énergies instinctuelles.

Cette usurpation d'énergie est justifiée par la prétendue obscurité de la pulsion créatrice qui, selon l'ordre de l'ombre, doit quasiment ne pas sortir de l'obscur irrationnel afin que le pouvoir primitif ne soit pas inhibé .

La créativité est ramenée au pouvoir primitif même reflété dans l'anormal, l'extraordinaire, la capacité de vivre les états extrêmes.

La libido se déchaîne, elle est désublimée en se libérant, en reflétant le dieu Liber ; c'est la libération de l'homme inférieur et fruste.

Au lieu d'intelligence et de raison, la créativité exprime le primitif, le dénudé, l'ignorant, le noir,le dépourvu et le dépravé.

Le pouvoir brut devient créativité, et à l'inverse, le nu est démembré, déchiré et déchiqueté en morceaux par la tragédie créatrice de l'ombre.

Cette conception de la créativité croit devoir entrer en conflit avec tout ce qui veut la soumettre à un joug : les canons culturels, les normes du goût, la moralité bourgeoise.

Comme la source de cette vitalité dynamique se trouve dans les ténèbres, il s'ensuit une vocation de l'occulte qui exige une descente dans les abimes du désordre, fût-ce au moyen du déréglement des sens (drogues, alcool, magie, perversions).

Elle se nourrit d'excès et de conflits, reliant Genie und Irrsinn, " le fou, l'amant et le poète ", et nous assure que la création s'épanouit mieux aux frontières de la destruction, du mal et de la mort.

4-Intervention du moi et mythe de Proméhée:

Il ne faut pas confondre l'assocciation de la créativité au mal et à l'ombre avec la ruse et le vol, qui dépendent d'une autre constellation.

Le vol du feu par Prométhée n'était ni produit par l'ombre, ni fait pour l'y ramener.

Il s'agissait plutôt d'avertir les dieux que le moi humain entrait en scène. Tous les peuples possèdent le feu, mais aucun animal.

Par cet élément, les substances de la nature peuvent être transformées et ses processus accélérés.

Avec le feu, l'homme peut inventer et découvir ; il peut convertir le mystère de la nature en un problème à résoudre, élargissant ainsi l'envergure de sa maîtrise consciente.

La création, telle qu'elle est perçue par le moi. est alors invention résolvant tour problème, fonction instrumentale qui tend vers le développement ou l'enrichissement de la conscience.

Cette notion de Ia créativité n'a rien d'impressionnant ou de romantique; elle cherche le feu utilitaire, profane, et non le feu sacré, et c'est cette vue fonctionnelle qui prévaut dans notre culture d'aujourd'hui, avec l'accent mis sur la psychologie du moi.

Le moi tire son origine de l'opposition aux dieux.

Le moi vole sa lumière de la lumen naturae et s'élargit non pas aux dépens des ténébres primordiales, d'où la lumière ne peut sortir, mais de la lumière plus faible, bien que d'inspiration divine, propre à l'enfance et qui dispense émerveillement, imagination et symbolisation naturelle de l'esprit.

La créativité qui passe par le moi est nécessaire, mais elle constitue un vol , un péché, une chute luciférienne.

Lorsque la conscience globale est privée de sa lumière, le monde primordial se trouve plongé dans l'obscurité, l'humain séparé du divin, et la souffrance devient le lot du moi.

La lumière du moi doit être sauvegardée, le feu doit être entretenu à la sueur du forgeron, grâce à une attention concentrée et patiente et à un dur travail humain.

On affirme alors que les activités créatrices sont « neuf dixièmes de transpiration »

5-Personna et représentation collective:

L'esprit populaire et souvent celui des rêves identifient la créativité à une position éminente, au sommet de l'échelle de quelque domaine que ce soit, là où l'ambition atteint le succès de la célébrité.

La création, dans ce cas, est perçue par l'intermédiaire de la persona. L'extérieur et le public envahissent et consument ce qui est intérieur et intime; on s'identifie à sa propre image.

Et celle-ci, faisant partie de la conscience collective, devient une représentation collective tout en étant victime de ses projections.

Alors l'individu ne peut plus retirer ce masque devenu le porteur psychique de l'instinct créateur.

Il ira parfois jusqu'au sacrifice de sa personne, au suicide et au drame intime pour sauver l'image que le public veut lui voir incarner.

Il ne peut renoncer à son rôle, en partie à cause du pouvoir qu'il Iui confère, mais aussi parce que ce rôle est devenu le support de l'efficacité créatrice.

Son masque représente une force collective, transpersonnelle et archétypique, si bien qu'il est contraint de le porter pour garder le contact avec les djeux.

La persona n'est plus ici un déguisement extérieur, une mise en scène cachant un vrai moi ; il s'agit du vrai moi dans sa mise en jeu archétypique. Comment être plus « vrai » que ce spectacle ? La persona retrouve ainsi son sens originel, liée au théâtre et à la tragédie où le monde tout entier serait la scène.

Lorsque la persona a absorbé l'instinct créateur, toutes Ies déviations et Ies traits d'une vie prennent un sens symbolique.

Les goûts du kaiser, les habitudes du dictateur, les régimes et opinions des étoiles du spectacle et des héros sportifs acquièrent un quotient mythique très fort.

Et lorsque ces figures apparaissent dans les rêves, elles indiquent la venue dans l'âme d'un numen de l'époque.

A travers une telle figure, le rêveur peut manifester son besoin d'exprimer sa créativité dans le monde, mêlant individualité et société, se faisant modeleur de la conscience collective, acteur d'un drame historique.

6-Archétype de la Grande Mère:

Une autre conception importante de la créativité apparaît dans les écrits des psychologues, des historiens des religions, des ethnologues, et dans les mémoires des grands personnages.

La créativité s'est vue attribuer le sens de renouvellement, accompli grâce à une régression cyclique.

La création est alors présentée comme l'apanage intemporel et indestructible de la nature : la terre, la maison, la racine, la matrice ou Ies océans changeants qui entourent Ies continents.

Nous en sommes les serviteurs, en attente, passifs.

La création provient d'une source extérieure, inconsciente, qui donne naissance, nourrit et régénère, fondamentale pour chaque être humain, et sujette comme les saisons à une aridité périodique.

La créativité peut tomber comme un manteau sur quelque fils chéri, quelque héros créateur qui devra lutter pour la conserver ou même la tuer.

Mais ce combat, aussi sérieux qu'il puisse être, est seulement une parodie, puisque la source primordiale ne peut jamais être tarie, et qu'il n'y a pas de mort réelle, mais seulement des renaissances.

Cette conception de la créativité dérive de l'archétype de la Grande Mère.

-En conclusion:

Une existence peut trés bien être affectée par plusieurs de ces notions à différents stades archétypiques de vie créatrice.

Nous pouvons aller de I'enfant au moi et au père, ou du moi à I'ombre et à la mère, et ainsi de suite.

On peut souvent attribuer les crises de création à des difficultés de transition, comme par exemple, la période critique de la cinquantaine où une psychisation neuve de l'instinct s'avère nécessaire, pour permettre d'appréhender une nouvelle perception de soi, à partir de son mode et de son contenu.

L'éclat des premières oeuvres (le puer) peut devoir céder la place à un tome important, sérieux et ordonné (le père) ; le succès (la persona) peut être délaissé pour se livrer à une attaque destructrice (l'ombre) contre la société l'ayant conféré; le travail régulier (père) peut être abandonné durant des années d'aridité et de gestation (la mère).

Certaines possessions créatrices sont attribuables à l'identification à l'une ou l'autre de ces modalités archétypiques, qui poussent à se cramponner à un seul modèle, tandis que les tensions créatrices renverraient plutôt à leurs affrontements.

Chacune de ces perceptions de l'instinct donne non seulement une notion différente de la créativité, mais apporte sa propre signification et sa conception de la vérité.

C'est ainsi que l'on peut rencontrer des opinions sérieusement soutenues et diamétralement opposées sur la nature de l'art ou de l'individu créateur ; chacune, si nous l'approfondissons, révélera une base archétypique qui correspond à la perception que l'instinct créateur a de lui-même, à travers l'une ou l'autre des constellations primordiales.

Du reste, il peut y avoir aussi des contaminations, des conjonctions impies entre ces expériences archétypiques.

Enfant et ombre peuvent ne pas être assez séparés, engendrant l'enfant terrible .

Enfant et père ensemble peuvent donner le " vieil idiot ", magicien amateur, Falstaff inefficace ou charlatan de la sagesse.

Pire, mère et ombre mêlées engloutissent toute clarté et toutes différenciations, et provoquent le culte du sang de la terre, et la barbarie régressive au nom de la « force-par-la-joie » et du renouvellement vital.

7-Arcéthype de l'anima et mythe de Psyché :

Un autre modèle de créativité nous est donné par la féminité - mais non celle de la mère. (p.41)

La littérature académique décrit cet aspect de la personnalité créatrice par « arnbivaIence psychosexuelle » ou par « sensualité, sensibilité, intérêt esthétique et féminité »

On parle de cet aspect de I'activité créatrice comme d'une incubation -ou même d'une grossesse et d'une naissance - et celui du produit de la création est qualifié d'imagination et de beauté.

Voici les caractéristiques de ce type : la passivité, la réceptivité à tout ce qui présente, I'ingestion, I'abandon au flot d'images et à la fantaisie, Ia sensibilité à fleur de peau qui absorbe le monde par tous les pores et l'assimile à son propre sang, la moue boudeuse au moindre caprice, les humeurs, les amours, les déviations - et, encore pire, l'humiliante soumission à une maîtresse, au principe féminin opposé qui recèle dans ses mains la fluidité des images et les traits de la beauté.

La créativité est un accomplissement de l'amour.

Elle est caractérisée par l'imagination et la beauté et, donc, par la tradition comme force vivante, et par la nature comme corps vivant.

La perception de cet instinct affirmera l'importance de l'amour : on ne peut rien créer sans amour et l'amour est origine et principe de toutes chôses, comme dans la cosmogonie orphique. (p.45)

8-Eros et créativité :

Les figures qui représentent les premières phases de la psychisation de l'instinct créateur sont des images de l'enfant, dont la signification essentielle est la métamorphose de soi-même à l'aide de sa propre vis naturalis.

La simplicité de l'enfant présente deux aspects : celui du plaisir et de la joie, et celui des blessures inconscientes de leur propre souffrance.

L'approche par l'éros nous permet de retourner à cette innocence qui guérit en éveillant l'enfant à lui-même.

La relation éros-psyché, caractérisée comme union entre deux enfants, indique un hermaphrodisme polymorphe originel qui est prégénital et antérieur aux oppositions entre âme privée de corps et corps sans âme, aux expériences dans lesquelles les opposés sont déchirés pour être réunis à nouveau par le désir sexuel, et où jeu, fantaisie mais aussi sexualité sont des formes de l'éros et de la psyché.

S'ils sont dépeints comme des enfants, c'est que l'éros et la psyché se rejoignent dans ce que nous avons d'enfantin et dans le type de conscience imaginale propre à l'enfant.

Après avoir insisté sur l'importance créatrice de l'enfant , il nous faut considérer une autre image de l'éros qui présente également des ambiguïtés trompeuses: représentations d'Eros ithyphallique et priapique.

Ces figures n'affirment-elles pas que l'amour est un dérivé de l'instinct sexuel, que la créativité est en fin de compte sexuelle ?

La créativité - conçue comme érotique dans la sens orphique, platonicienne et néoplatonicienne - est un mouvement ascendant.

C'est pourquoi l'on rencontre si souvent dans la littérature sur l'éros les symbôles de la chute des étincelles, de l'échelle, du feu ascendant, des ailes, et la conquête olympienne de l'immortalité.

L'accent mis sur le mouvement vers le haut rapproche la description jungienne de l'individuation .

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


Eros  est, actuellement, en lecture seul. Dans les futurs évolutions, les utilisateurs authentifié sur adhes.net pourront y partager (s'ils le désir) eux-mêmes leur notes. En attendant, il vous est toujours possible de me faire parvenir votre matériel sous format Excel ou autre, je me ferai un plaisir de les y encoder.