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LA VOIE ROYALE DU REVE:

Mais la méthode la plus importante dont nous disposions pour étudier les conflits pathogènes, c'est, comme Freud l'a montré le premier, l'analyse des rêves.

Du rêve, on peut dire que « la pierre qu'avaient rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la pierre angulaire » et la base de l'édifice.

Il est vrai que le rêve, ce produit fugitif et d'apparence insignifiant de notre âme, n'a subi une mésestime aussi profonde que dans les temps modernes. Autrefois, on le tenait pour l'annonce du destin, pour un avertissement ou une consolation ; on y voyait un message des dieux.

Maintenant nous utilisons le rêve en tant qu'expression de l'inconscient : il doit nous révéler les secrets qui échappent au conscient ; de cette mission il s'acquitte d'ailleurs d'une façon étonnamment complète.

Le rêve « manifeste », c'est-à-dire le rêve tel que nous nous le remémorons, est, d'après la conception de Freud, une façade, qui tout d'abord ne laisse rien deviner de l'intérieur de l'édifice, mais au contraire le dissimule avec le plus grand soin, grâce à la prétendue censure du rêve. Mais si, en observant certaines règles techniques, nous invitons le rêveur à parler librement, et si nous le laissons nous communiquer les idées qui lui viennent spontanément à l'esprit à propos des différents éléments et détails de son rêve, il apparaît bientôt que ses associations s'orientent vers certaines directions et sont centrées autour de certains sujets pour lui d'une haute portée personnelle ; le rêve en reçoit un sens qu'au premier abord on aurait été à cent lieues de supposer inclus en lui.

Une comparaison soigneuse montre même qu'il règne, jusque dans les détails les plus fins, entre ce sens et la façade du rêve, des rapports très subtils et très minutieux. Le conglomérat spécifique de pensées et de sentiments au sein duquel se nouent tous les fils du rêve constitue le conflit recherché, dans ses nuances personnelles, et dans les variantes des circonstances particulières de la vie du sujet. Ce qu'il y a de pénible et d'incompatible dans le conflit se trouve, selon l'avis de Freud, si bien caché ou morcelé que le rêve se manifeste comme la réalisation d'un désir. Toutefois, il ne s'agit que rarement de l'accomplissement d'un désir évident, comme par exemple dans les P.51 rêves qui répondent à quelques tiraillements d'entrailles : un dormeur percevant une sensation de faim réalise le désir de nourriture en rêvant d'un festin plantureux. De même la pensée impérieuse qu'il est grand temps de se lever, opposée à l'envie de continuer tranquillement à dormir, engendre en rêve la représentation apaisante qu'on est déjà levé, arrivé à son travail, etc. Il s'en faut de beaucoup que tous les rêves soient de nature aussi simple.

Selon Freud, il existe également des désirs inconscients, incompatibles de nature avec les idées-forces de la conscience diurne. Il est des désirs infiniment pénibles que l'on n'ose même pas s'avouer à soi-même, et ce sont précisément ceux-là que Freud tient pour les générateurs essentiels des rêves. Par exemple, voici une fille qui aime tendrement sa mère ; mais elle rêve qu'à sa grande douleur sa mère est morte. D'après la conception de Freud, il existerait chez cette fille, à son insu, le souhait infiniment pénible, inacceptable, de voir sa mère, à l'adresse de laquelle elle éprouve des résistances secrètes disparaître de ce monde le plus rapidement possible. Pareils à-coups émotionnels peuvent surgir dans le cour de la jeune fille la plus accomplie, mais on se heurterait aux dénégations les plus violentes si on cherchait à en obtenir l'aveu.

En apparence, le rêve manifeste ne procède en rien de l'accomplissement d'un désir ; il exprime plutôt une appréhension ou un souci, donc exactement le contraire de l'impulsion inconsciente que l'on soupçonne. On sait bien qu'un souci exagéré doit souvent, à bon droit, être soupçonné du contraire de ce qu'il exprime. (Mais le souci exprimé dans le rêve est-il exagéré, se demandera le lecteur critique ? )

Ces rêves sont innombrables où, en apparence, on ne saurait trouver trace de l'accomplissement d'un désir. Le conflit élaboré dans le rêve est inconscient, de même que la tentative de dénouement qu'il esquisse. Notre jeune fille a réellement tendance à éloigner sa mère ; dans le langage archaïque de l'inconscient, éloigner, cela s'exprime par : faire mourir. Cependant il serait erroné d'accabler la rêveuse en lui faisant porter la responsabilité de cette tendance, puisque, en somme ce n'est pas elle, ce n'est pas sa personnalité consciente qui a fabriqué le rêve, mais bien son inconscient qui présente la tendance, surprenante pour la rêveuse elle-même, d'écarter sa mère. Le fait même qu'elle le rêve prouve qu'elle ne le pense pas consciemment. Consciemment, elle ne comprend même pas pourquoi sa mère devrait être écartée. Mais nous savons qu'une certaine couche de l'inconscient détient toutes les réminiscences qui ont échappé à la remémoration et, en outre, tout ce qui, en fait d'impulsions infantiles, ne saurait trouver utilisation dans une vie plus adulte. On peut même dire que la majeure partie de ce qui sourd de l'inconscient porte tout d'abord le sceau de l'infantilisme : ainsi en est-il du désir qui a engendré notre rêve et qui peut être exprimé, de façon toute simple, dans la réflexion puérile suivante : « N'est-ce pas, mon petit papa, que tu m'épouseras quand maman sera morte ? » La reviviscence de ce souhait puéril dans le rêve apparaît, après plus ample informé, comme le succédané d'un désir récent qu'eut la jeune fille de se marier, désir qui lui fut pénible et insupportable, pour des motifs qui restent à élucider. Cette pensée ou plutôt ce que cette intention comportait de sérieux et de réel, a été, comme on dit, « refoulée dans l'inconscient », où cela doit nécessairement s'exprimer en des matériaux infantiles, car les possibilités d'expression dont dispose l'inconscient sont constituées en majeure partie par des réminiscences des premières années de la vie.

De toute évidence, il s'agit dans notre rêve d'un élan infantile de jalousie. La rêveuse est, en quelque sorte, éprise de son père, et c'est pourquoi elle voudrait bien écarter la mère. Mais son conflit réel est encore plus vaste : il consiste en ceci qu'elle voudrait bien d'une part se marier sans pouvoir, d'autre part, arriver à s'y décider. Les causes d'hésitation, en pareilles circonstances, sont multiples : la jeune fille ne sait pas bien, précisément, de quoi l'avenir sera P.53 fait, si son conjoint sera tout à fait ce qu'elle souhaite, etc. En regardant en arrière, elle s'aperçoit que la vie à la maison est protégée, que l'existence y est belle, elle tremble à l'idée de devoir se séparer de sa petite mère et de devoir être à son tour adulte indépendante et responsable. Mais la jeune fille n'a pas remarqué que le problème crucial du mariage s'est posé pour elle de façon vitale et sérieuse, et qu'il s'est emparé d'elle de telle sorte qu'elle ne peut plus se réfugier sous la protection parentale sans rapporter avec elle dans le sein de sa famille l'interrogation avec laquelle l'a confrontée le destin. Elle n'est plus l'enfant qu'elle était ; elle est bel et bien sans y pouvoir mais, celle qui souhaite le mariage Et ce n'est plus l'enfant qui rentre sous le toit paternel, mais une adolescente qui porte en son cour le désir de l'homme.

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Le rêve s'occupe souvent de détails apparemment ineptes, et il nous apparaît souvent, de ce fait, fort ridicule. Ou bien il est par son extérieur tellement incompréhensible qu'il excite tout au plus notre étonnement. A cause de cette première impression qu'il nous donne d'être soit ridicule, soit incompréhensible, il nous faut toujours triompher d'une certaine résistance, d'une certaine répugnance intellectuelle avant de nous décider à nous mettre sérieusement et patiemment au travail, pour débrouiller cet écheveau confus. Mais, lorsque nous avons enfin pénétré le véritable sens d'un rêve, nous nous apercevons, en contrepartie, que nous nous trouvons au cour même du rêveur et de ses secrets ; nous constatons alors avec étonnement que même un songe insensé en apparence est, en fait, bourré de sens et, qu'au fond, il ne parle que de choses sérieuses et de la plus grande importance. Cette constatation nous contraint à infiniment plus de déférence à l'égard de la prétendue « superstition » qui disait trouver un sens aux rêves, que n'en pouvaient avoir les tendances rationalistes de l'époque contemporaine.

Comme le dit Freud, l'analyse des rêves est la « via regia », la voie royale vers l'inconscient ; elle achemine vers les secrets personnels les plus profonds, et c'est pourquoi elle est un instrument inestimable entre les mains du médecin et du psychothérapeute. P.55

La méthode analytique, sous tous ses aspects, et non pas seulement et spécialement la psychanalyse freudienne, est constituée par de nombreuses analyses de rêves. Ces rêves, au cours du traitement, dévoilent successivement, en les faisant remonter à la conscience, les contenus de l'inconscient, qui vont, dès lors, se trouver soumis à l'action purifiante de la lumière ; au cours de ce processus le sujet retrouvera plus d'un élément précieux qu'il avait cru à jamais perdu.

Aussi faut-il évidemment s'attendre à ce que le traitement soit ressenti comme un véritable supplice par les nombreux individus qui vivent en se faisant des idées fausses sur eux-mêmes ou en les affectant. Il va leur falloir en effet abandonner à peu près toutes leurs illusions les plus chères pour que - en vertu de l'ancien précepte mystique : « Dépouille-toi de ce que tu as, alors tu recevras »- quelque chose de plus vaste, de plus beau et de plus profond puisse se développer en eux. (Seul le mystère du sacrifice psychologique de soi-même, du petit moi, permet de se retrouver avec une âme rénovée.) Ce sont des principes d'une très antique sagesse qui revoient le jour pendant le traitement analytique et il est fort curieux de constater qu'au niveau de la civilisation actuelle ce soit précisément cette sorte d'éducation de l'âme qui se révèle être de toute nécessité - une éducation qui, par plus d'un point, est comparable à la technique de Socrate, quoique l'analyse pénètre bien plus profondément que ne le fit celle-ci.

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Quand on cherche à apprécier la signification et la portée d'un rêve, il faut accorder une grande attention à la façon dont ses figures sont incorporées à son imagerie globale. ... On a cru, sous la dangereuse séduction des prétendus mécanismes oniriques imaginés par Freud, tels que déplacements, inversions, et autres conceptions mécanicistes du même bord, qu'il était loisible de s'affranchir de la prétendue "façade" du rêve, les vraies pensées directrices de celui-ci se trouvant comme cacher derrière ce décor. A l'opposé de cette façon de voir, j'ai affirmé depuis longtemps que rien ne nous permettait d'accuser le rêve, en quelque sorte, d'une manouvre intentionnelle de tromperie. La nature est souvent obscure et impénétrable, mais elle n'a pas ce caractère d'astuce mensongère qui est le fait de l'homme. C'est pourquoi il faut partir de l'idée que le rêve est précisément ce qu'il doit être, rient de plus, rien de moins. Lorsqu'il décrit un de ses éléments sous un jour négatif, rien ne nous permet de supposer qu'il veut au contraire mettre en avant son aspect positif, et ainsi de suite. ... le rêve lui-même ne veut rien ; il n'est qu'un contenu psychique qui se décrit lui-même, un pur fait de nature qui se situe sur la même ligne que le sucre dans le sang du diabétique ou que la fièvre du typhique. C'est nous qui, si nous sommes avisés et possédons cette finesse qui consiste à interpréter de façon exacte les signes de la nature, dans un second temps, y pouvons voir un avertissement ou, un conseil de prudence. P.175

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


Eros  est, actuellement, en lecture seul. Dans les futurs évolutions, les utilisateurs authentifié sur adhes.net pourront y partager (s'ils le désir) eux-mêmes leur notes. En attendant, il vous est toujours possible de me faire parvenir votre matériel sous format Excel ou autre, je me ferai un plaisir de les y encoder.