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ARCHETYPE ET HUMANISATION

La Belle au Bois dormant relève .. du thème de la disparition de la fille divine. Il s'agit en l'occurrence d'un sommeil ayant l'apparence de la mort. Dans le mythe de Déméter et de Coré, on sait que Coré, enlevée par Pluton, le dieu de la mort, s'évanouit temporairement hors de ce monde pour revenir à la vie terrestre lors du réveil printanier de la nature. Ce thème de la fille divine qui disparaît pour réapparaître a son parallèle masculin : c'est celui du fils divin qui descend dans le monde inférieur et qui en est ramené au printemps, comme, par exemple, Tammuz ou Adonis ; c'est là un thème universel. L'éclipse momentanée de la fille divine et celle du fils divin ont, à quelque chose près, une signification analogue. La jeune femme de type Coré est toujours reliée à la figure archétypique de la mère.

Dans notre conte, la jeune fille est bénie par un certain nombre de figures maternelles, et maudite par l'une d'entre elles ; elle reçoit en même temps les bénédictions et la malédiction. Dans le mythe de Coré, la disparition de cette dernière n'est pas le fait de sa mère Déméter. Celle-ci est cependant une figure double et variable : elle est la déesse de la fécondité, assiste les femmes en P.55 couches et préside à la croissance du grain de blé ; mais lorsqu'elle a perdu sa fille, elle devient une divinité de la vengeance et du malheur. Déméter passe donc d'un aspect à l'autre, selon la qualité de sa relation à sa fille.

Dans le conte d'Amour et Psyché la fille divine est durement persécutée par sa future belle-mère, Vénus, qui, comme par exemple Ishtar et Atargatis, est une figure de la Grande Mère. Ce conte présente une intéressante variante du thème, puisque c'est par jalousie que Vénus persécute Psyché qui, dit-on, la surpasse en beauté. Les gens se sont mis à adorer la fille au lieu de la mère et à voir en Psyché une incarnation de Vénus. Mais la déesse ne tolère pas l'existence d'une rivale humaine. Les civilisations occidentales et méditerranéennes nous montre . l'action ambivalente des dieux dans l'inconscient collectif vis-à-vis de leur humanisation. Il semble que la question n'ait rien perdu de son actualité. . Vénus, la déesse-mère, agit sous la poussée de ses affects et de ses émotions sans beaucoup de réflexion ; de ce fait, elle suscite un beau désordre, avant de reconnaître que la seule issue serait de s'humaniser. Cette tendance à s'incarner, qui s'est fait jour dans les systèmes religieux de la fin de l'Empire romain, se révèle surtout dans le christianisme. Elle s'exprime dans la tradition judéo-chrétienne sous la forme d'une figure divine paternelle ambivalente, de qui procède un fils qui est non pas un fils mythologique divin, mais un être humain ayant une réalité historique. L'incarnation de Dieu dans le Christ a été vécue comme une expérience religieuse collective de portée immense. .

Mais, dans le cas de la déesse-mère antique, la tendance vers l'incarnation en une fille humaine n'a pas abouti. Ce qui signifie, au plan pratique que, l'image de la femme n'étant pas reconnue, la femme ne l'est pas non plus. Nulle part ce désir d'humanisation n'a été mené à son terme et ne s'est traduit sous forme d'événement religieux et culturel. Le culte même de la déesse-mère a tourné court et a été réprimé. S'il a réapparu plus tard dans la dévotion à la Vierge Marie, c'est accompagné d'importantes restrictions mentales et de précautions visant à purifier la déesse de son ombre. On accueillait à nouveau la déesse-mère, mais dans la mesure seulement où elle se soumettait à l'approbation de l'homme et se comportait « convenablement ». L'aspect d'ombre de la déesse-mère antique n'a pas encore fait sa réapparition dans notre civilisation, ce qui nous laisse sur une interrogation, car il est évident qu'avec elle un élément important est absent.

Si l'on considère le cas de ces antiques déesses-mères qui haïssaient leurs propres incarnations humaines, on voit que le conflit peut se caractériser de la façon suivante : les déesses sont l'image d'une féminité absolument irréfléchie ; elles ne font que suivre leurs réactions émotives élémentaires. Si Zeus avait une relation amoureuse avec une autre femme, Héra faisait une scène terrible et se vengeait sur sa rivale et éventuellement sur l'enfant innocent de celle-ci. Les femmes que nous sommes doivent admettre que sans le frein imposé par la conscience nous ferions de même, car c'est la réaction instinctive. Mais en même temps la déesse-mère pouvait se montrer compatissante : elle prenait dans son giron tout ce qui était pauvre, estropié et malheureux, l'aimait et le soignait. Une charité élémentaire et incontrôlée est un de ses traits typiques, de même qu'un comportement sexuel débridé tel que celui de Baubo. La Mère était la grande prostituée qui se donnait à tout homme inconnu qu'elle rencontrait. Il y avait en elle une fécondité et une générosité infinies, une charité sans restrictions, une jalousie et une vanité sans bornes, et ainsi de suite.

La réaction totale et tout d'une pièce qui caractérise ces déesses est celle de chaque femme, car elle correspond à sa structure émotive et instinctive naturelle. Si nous comparons les déesses-filles à ces déesses-mères, P.57 telles qu'elles apparaissent dans la mythologie grecque, nous voyons qu'elles sont identiques à leurs mères (tout comme le Fils est identique au Père). Néanmoins, elles sont habituellement un peu plu humaines ; elles sont capables, comme Psyché, de se sacrifier au lieu de suivre aveuglément leurs pulsions instinctives, de remplir leur mission et de se retenir de la vengeance, de la violence ou de la pitié irréfléchie. Elles sont moins primitives, moins chaotiques, plus réservées et plus stables, en un mot, plus différenciées dans leurs réactions.

Cette tendance progressive inhérente à la structure féminine apparaît dans l'inconscient collectif comme un effort pour susciter une nouvelle forme de féminité chez la femme, de même qu'un nouvel aspect de l'éros et de l'anima chez l'homme - ce qui correspond chez lui à un sentiment plus stable et plus nuancé.

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


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