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LE DAIMON DE L'ANIMA

. de grands daimons comme le dieu Eros ou la déesse Psyché. Leur signification psychologique correspond à celle des contenus de l'inconscient désignés par Jung sous le nom d'« Anima » et d'« Animus » et qu'il nomme les véritables facteurs créateurs de projection de la psyché. Par Anima Jung désigne on le sait, l'aspect féminin de la psyché masculine et dit comment il est tout d'abord personnifié par l'imago de la mère pour se rajeunir ensuite dans l'image de l'amante ou de l'épouse ; l'anima est chez l'homme, par excellence, le noyau inconscient de la psyché qui tisse son destin ; l'Orient l'appelle « Maya », la « fileuse du monde » ou « la danseuse » qui crée l'illusion d'un monde réel. Les projections qui sont tissées, non pas par l'ombre mais par ce pouvoir, sont bien plus difficile à reconnaître, et sans une relation étroite et vivante avec un partenaire de l'autre sexe, on parvient à peine à les dépister. C'est bien cette force qui est présente à l'arrière plan de toutes les complications amoureuses et de la plupart des conflits matrimoniaux. L'anima apparaît chez l'homme comme une prédisposition irrationnelle, profondément inconsciente, ou encore comme une « excitation à vivre » provoquant chez lui l'attirance vers une femme, et pas une autre, l'incitant à vivre d'une façon et pas d'une autre, qui le rend chaleureusement amical, ou froid et sans envies, qui l'enthousiasme ou le rebute, l'entraîne vers le plaisir et le péché ou le conduit tout aussi bien à un éveil de lui-même.

C'est ce monde souterrain (bas fonds dans le conte d'Apulé) qui se dévoile dans la psyché de chaque homme s'identifiant seule ment à l'intellect et aux faux idéaux, refoulant l'évolution de ses sentiments. Mais pour lui tout se passe comme s'il était poursuivi par un destin négatif, incompréhensible, comme s'il ne devait rencontrer que des femmes froides et mauvaises, et comme si son idéal était sans cesse réduit à néant par la malignité de l'univers. Dans la pratique, ce processus peut se développer sous d'autres formes, notamment quand un homme se retire de la vie d'une manière dépressive, dans sa fierté offensée ; l'anima négative deviendra en lui un ressentiment contre la vie. L'ombre vulgaire, les voleurs, n'est alors ni vécue ni intégrée. Il semble toujours qu'un tel homme ait « la poisse », mais du point de vue de la réalité psychique, il est sous la domination de l'archétype négatif de la mère - dans le langage d'Apulée, il appartient à la sombre Isis-Némésis, l'Isis qui, sous l'aspect d'un daimon, châtie et venge. ... P.179

Alors que Lucius est dominé par ses humeurs diverses, la joie, l'égoïsme, la peur, des agitations de toutes sortes, un cynisme tenace, l'inconscient lui fait percevoir, par l'intermédiaire de cette histoire, le sens secret, sous-jacent, de sa situation : le destin de son anima qui souffre de la proximité du dieu Eros et de la séparation d'avec celui-ci. C'est comme si l'inconscient lui disait : « A l'arrière-plan de ta destinée, apparemment absurde et malheureuse, se déroule un drame situe plus profondément, le jeu divin des daimons dont le sens est la rédemption de l'anima par l'esprit de l'amour ».

Apulé a manifestement projeté sa propre idée des daimons dans ses personnages mythiques et avec une intuition psychologique subtile, fait comprendre qu'il s'agissait ici de la destinée de son propre daimon-anima, un esprit médiateur qui conduit à l'expérience du divin. L'anima est en effet, selon Jung, le facteur créateur de projections par excellence tissant la trame secrète du destin d'un homme mais constituant également le pont qui le conduit dans son propre intérieur, à l'expérience de Dieu....

D'un point de vue psychologique, ce doublement (Isis- Psyché et Isis-Charité) ou même ce triplement d'Isis est pourtant facile à comprendre : dans la pratique psychologique, nous voyons toujours que l'anima apparaît chez l'homme comme un dérivé ou une version rajeunie de l'image de la mère. Elle personnifie alors une partie féminine psychique intérieure qui s'est rapprochée de l'humain, c'est-à-dire du moi conscient de l'homme. Charité.. serait pour ainsi dire l'aspect le plus humain et le plus proche de la conscience de son anima ; par contre, Psyché, en tant que personnage de conte et fille de roi, est plus proche du royaume des dieux dans l'au-delà. A l'époque alexandrine, . Psyché était représentée comme une jeune fille avec des ailes de papillon, autrement dit comme un être d'essence spirituelle, ou un être ne possédant rien de concret, mais bien réel psychiquement. Sa descente dans l'Hadès la fait confondre avec la Koré des Mystères d'Eleusis. Elle représente un aspect archétypique de la féminité chez Apulée, plus éloigné de la conscience. Isis, par contre, qui apparaît dans toute sa majesté cosmique à la fin du récit, incarne l'aspect archétypique et collectif de l'anima. Il n'y a rien dans les désirs personnels et les convoitises d'Apulée qui soit attaché à elle. Elle est la lointaine et sublime révélation de son destin le plus profond, au-delà de sa personnalité.

Psyché doit recevoir des mains de Perséphone un coffret contenant un produit de beauté, qu'elle ne devra pas ouvrir.

Pourquoi a-t-on fait intervenir un produit de beauté à un moment aussi crucial et pourquoi celui-ci devait-il être mortel ?

D'un point de vue psychologique, cela correspond à un problème bien connu de l'anima de l'homme : son anima croit, encore souvent de nos jours au « kalon k'agathon » païen, à P.181 l'idée que beauté et bonté vont ensemble. Un tel homme ne peut pas croire par exemple qu'une femme vraiment belle puisse être sotte ou de caractère médiocre, et fera souvent pour cette raison de mauvaises expériences en amour. Chez Apulée lui-même, on voit encore d'autres aspects destructeurs de ce produit de beauté : sa recherche de l'esthétique dans ses écrits... Pratiquer l'esthétisme dans la littérature et y faire de l'esprit sont au plus haut point des ennemis de l'expérience religieuse authentique car celle-ci provient des couches les plus profondes, naïves et primitives de la psyché.

...

l'esthétisme et la suffisance sont à un certain niveau de l'évolution presque toujours unis à la nature de l'anima et s'ils ne sont pas maîtrisés, ils font obstacle à tout approfondissement spirituel et religieux de l'expérience intérieure ; c'est pourquoi ils sont figurés dans notre conte comme le danger d'un engourdissement mortel. Bien que le conte finisse bien pour Psyché et Eros, en l'approfondissant on voit qu'il n'est pas aussi positif qu'il le paraît ; le mariage n'a pas lieu sur terre mais dans l'Olympe, Psyché est enlevée dans le monde des dieux, Eros ne séjourne pas avec les humains. Ceci veut dire que les deux figures disparaissent dans l'inconscient collectif. Le motif du mariage spirituel, de l'union des contraires, est de nouveau englouti et en conséquence les deux auditeurs, Lucius et Charité, se trouvent immédiatement dans de grandes difficultés. Encore un autre détail indique que quelque chose n'a pas été réalisé : au lieu d'un garçon comme prévu par le destin, c'est d'une fille Voluptas (le plaisir) que Psyché accouche. Dans tous les grands mythes, le « fils divin » est le fruit du mariage sacré, en tant que symbole d'une vie nouvelle et de celui de l'accomplissement de la totalité intérieure résultant de l'union des contraires. Par contre, Psyché se rajeunit en Voluptas, mais comme le nom l'indique, le processus reste fixé dans le domaine de l'anima car il est synonyme des désirs et des impulsions inconscientes de vie chez l'homme, mais pas encore de la réalisation du Soi. Toutefois Voluptas représente une anima plus personnelle d'Apulée ; elle est plus proche du conscient que sa mère Psyché. Ce n'est qu'à la fin du roman qu'Apulée, après sa consécration à Isis et son initiation aux mystères d'Osiris, parvient à l'expérience du « fils divin », du Soi.

... l'anima apparaît dans la plupart des cas comme une séduction dans la vie... l'anima en tant que facteur de projection, forme principalement des projections passives, c'est-à-dire empathiques, liant l'homme aux objets...

... Dans les deux cas, l'animus et l'anima provoquent un éloignement de la réalité, car les projections empathiques de l'anima sont de nature illusoire, et les jugements de l'animus tombent la plupart du temps « à côté ».

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


Eros  est, actuellement, en lecture seul. Dans les futurs évolutions, les utilisateurs authentifié sur adhes.net pourront y partager (s'ils le désir) eux-mêmes leur notes. En attendant, il vous est toujours possible de me faire parvenir votre matériel sous format Excel ou autre, je me ferai un plaisir de les y encoder.