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DAIMON ET EVOLUTION DE L'IMAGE DU SOI

Comme esprit protecteur :

Si nous cherchons parmi les « daimons » antiques des personnifications du Soi, nous nous apercevons que certains « daimons » se manifestent plutôt comme un mélange de l'ombre et du Soi, ou d'animus-anima et du Soi, et ils sont cela aussi. En d'autres termes, ils représentent simplement « l'autre ».

C'est le cas non seulement en Égypte avec le Bâ d'Osiris, mais aussi avec l'idée que se faisaient les anciens latins du « genius ».

Tout homme et pas seulement le chef de famille avait son génie ; toute femme sa Junon, chacun apportait à son génie certaines offrandes le jour de son anniversaire au cours d'une petite fête. On pensait qu'en naissant chacun avait son génie qui déterminait son destin, comme Horace le décrivait : « Compagnon qui gouverne l'astre de la naissance, dieu de la nature humaine, mortel en chaque homme, transformant son visage, blanc et noir ». Plus tard, le génie fut considéré comme immortel. En même temps que cette individualisation du génie, son image prit de l'extension .. au contact de l'esprit grec.

Par son contact avec l'esprit grec, la représentation italique du génie se modifia encore sur d'autres plants. Elle fut étroitement amalgamée aux concepts philosophiques des penseurs grecs, centrés sur l'idée d'un noyau psychique et spirituel immortel. Dans le « Timée » (906-900), Platon démontre que chaque individu a un « daimon » divin qui constitue la partie la plus noble de son âme. Qui cherche à faire l'apprentissage de la sagesse et se préoccupe des choses divines et éternelles, nourrit son « daimon » tandis que les « trivialités » du monde le rabaissent. L'école platonicienne s'intéressa intensément à cette voix mystérieuse que Socrate avait notoirement coutume d'exhorter dans certaines circonstances. On vit dans ce « daimonion » socratique un exemple de ce « daimon » divin dont avait parlé Platon. Jusqu'à quel point ce daimon ou ce daimonion pouvait être considéré comme endopsychique est d'appréciation variable.

Les stoïciens enseignèrent l'existence d'un daimon double : une des parties est celle de la psyché diurne dans l'être humain (Nous) et l'autre, une étincelle immigrée du feu de l'Ame du monde ; ce dernier daimon guide l'homme de l'extérieur tout au long de sa vie. D'après Plutarque (mort en 126 ap. J.C.), seul un être pur pourrait percevoir la voix de ce daimon totalement incorporel qui procure à son protégé un savoir surnaturel et « para psychologique » Selon les conceptions des néo-platoniciens, ce génie-daimon est immortel et devient après la mort une véritable divinité. Alors qu'à l'origine, le génie italique mourait avec son porteur, il poursuit sa voie après la mort, en tant que dieu lare ( esprit bienveillant) dans cette nouvelle conception.

En raison de l'orientation spirituelle ascétique que prirent la Stoa et le néoplatonisme de l'antiquité tardive, le génie italique perdit son ancienne composante de vitalité physique, le principe du plaisir qui lui était particulier à l'origine. Dans « De genio Socratis », une ouvre d'Apulée, il est fait mention de deux génies habitant l'être humain : l'un est le gardien éthique immortel et l'ami intime de la personne, et l'autre présent dans les « genua » = les genoux incarne le désir charnel et la concupiscence et reçoit de ce fait une estimation négative.

Très tôt, l'idée de génie fusionna aussi avec la représentation astrologique d'un destin personnel contenu dans la constellation P.203 de la naissance

Dans ses Saturnales, Macrobe en donne une description détaillée. Chaque être humain, à ses yeux, est une réunion de quatre daimons : Èros, celui que nous connaissons, le « fatum », un destin décrété par Dieu, un daimon dont la nature est signifiée par la position du soleil dans l'horoscope, et enfin « tyche », la chance qui dépend de la position de la lune. Le daimon connaîtrait l'avenir et se trouve en permanence en liaison avec l'esprit universel, le Logos ou pneuma spermatique du Tout. En lui se confondent le masculin et le féminin et il est ainsi un symbole androgyne de la totalité -non plus seulement génie ou Junon - mais une image archétypique qui, comme le « lapis » de l'alchimie, réunit les opposés, le masculin et le féminin, en une seule figure.

Apulée décrit le génie de Socrate (daimonion) de la manière suivante : Il est « . le protecteur privé, le guide individuel, l'observateur de ce qui se passe à l'intérieur, l'assistant le plus personnel, le connaisseur le plus intime, l'observateur le plus zélé, le juge individuel, le témoin inévitable qui réprouve le mal et glorifie le bien ». Si on tient compte de lui d'une manière juste, qu'on cherche avec empressement à le reconnaître, qu'on l'honore religieusement « alors il se révèle être celui qui sait percer à jour les situations troubles et mettre en garde dans les moments incertains, protéger dans les circonstances dangereuses et aider en cas de nécessité ». Il peut intervenir « tantôt dans un rêve, tantôt par des signes (événements synchronistiques), ou même, se manifester en apparaissant personnellement pour détourner le Mal, favoriser le Bien, élever l'âme abattue, soutenir le courage vacillant, éclairer ce qui est obscur, diriger vers nous l'avantageux et compenser ce qui est fâcheux ». . Je ne connais pratiquement pas de description dans l'antiquité qui traduise mieux l'expérience du Soi que ce court résumé d'Apulée.

Comme les autres daimons, ce daimon s'est aussi élevé, dans l'antiquité tardive, lui qui incarne la personnalité globale de l'individu, venant du domaine transpersonnel, pénétrant dans la sphère personnelle de l'individu. A vec la christianisation du monde culturel antique, ce n'est que son aspect transpersonnel qui a été conservé, son aspect de messager des dieux étant assimilé à celui des anges et les autres aspects, c'est-à-dire la connaissance parapsychologique, la vitalité et les passions du génie furent reportés sur la figure du diable et de ses légions. Mais une vague intuition de ce qu'était cette figure du «daimon » fut préservée à travers le concept d'ange gardien ou de saint protecteur auquel tout individu pouvait avoir recours. La raison de cette évolution, apparemment rétrograde, réside dans le fait que le personnage du Christ avait attiré vers lui toutes les caractéristiques positives de la figure symbolique du génie. Il fut élevé au rang de symbole du Soi, toutefois sous une forme où l'élément collectif était plus important que l'individuel. On attribua de moins en moins de poids à l'expérience chrétienne intérieure de Paul et aux visions des premiers martyrs chrétiens par rapport au rituel institutionnalisé et à la profession de la foi. A l'intérieur de l'Eglise, seuls les mystiques restèrent fidèles à cette ligne de pensée traditionnelle, qui accordait la plus haute valeur à l'expérience intérieure du Christ.

Comme compagnon intérieur

Dans l'hermétisme de l'Antiquité tardive et dans l'alchimie, une manière de penser, à l'opposé du christianisme, tendant vers une expérience non programmée du « compagnon P.205 intérieur », du daimon-guide s'est maintenue. Ce daimon était le plus souvent honoré en tant qu'Hermès Psychopompe, Poimandrès, le berger des hommes, et d'Agathodaïmon , un bon daimon. . il existait une véritable religion d'Hermès dans l'antiquité tardive. Dans ces milieux, on portait une attention religieuse au « compagnon intérieur » qui serait appelé aujourd'hui dans notre langage psychologique moderne, le « maître intérieur », ou dans le langage jungien, le Soi.

. Hermès apparaît déjà comme celui qui enseigne la sagesse secrète, dont on ne peut toutefois faire l'expérience qu'en état d'extase. Cette sagesse se manifeste au prophète comme une « voix » couverte d'un voile sombre, montrant à celui qui se recueille, le cours des corps célestes dans l'univers, et lui révélant l'essence même du Cosmos. ... il est décrit comme « Nous tes authentias », c'est-à-dire « esprit de vérité ». ...

Dans le texte de Poimandrès, cet esprit qui apparaît sous l'aspect d'un être humain aux dimensions cosmiques, s'adresse au suppliant : « Que veux-tu entendre, et voir, apprendre et connaître ? » - « Qui donc es-tu » répondis-je » - « Je suis, dit-il, Poimandrès, esprit de vérité (ou d'Absolu). Je sais ce que tu désires et partout je suis avec toi ». Puis il changea d'aspect et aussitôt tout me fut découvert en un instant et je vis un spectacle indéfinissable - tout devenait une douce et agréable lumière qui charmait ma vue. et je m'enflammai d'amour pour elle. . . ». ...

cette figure a envoyé aux hommes, ici-bas, un cratère empli de Nous « (connaissance de Dieu) et demande que l'on y baptise le cour des humains afin qu'il appartienne à Dieu, en sachant dans quel but il (le cour) était né ; mais Dieu peut aussi apparaître aux hommes sous d'autres formes : lui qui imagine (phantasion) le monde entier « se montre en toute chose et, tout particulièrement, à ceux auxquels il veut se montrer ». Ainsi il les délivre de l'« agnosia », l'inconscience. Par contre, le « Nous » en l'être humain l'unit à Dieu : il est le « bon esprit » (agathodaimon). (Il s'agit ici, d'un mélange de l'idée du « daimon-Nous » et du Nous » platonicien -comme partie spirituelle de la psyché humaine-) « Il t'accompagnera partout sur ton chemin et se révélera en tout lieu, là où, et au moment où tu ne l'attendras pas, éveillé ou endormi, sur la mer, sur la route, la nuit, le jour, quand tu parleras ou quand tu te tairas, car il n'y a rien qu'il ne soit pas » . similitude de cette sentence avec celle du Logion apocryphe de Jésus : « Là où l'un d'entre vous est seul, je dis : je suis avec lui. Soulève la pierre et tu m'y trouveras, fends le bois et je m'y trouverai. » . Hermès fait un exposé à son disciple sur son propre éveil à une conscience plus élevée, dans les termes suivants : « Alors que je regardais en moi une vision sans forme qui émanait de la miséricorde de Dieu, je suis sorti de mon corps, en ai pénétré un autre, immortel, et je ne suis plus ainsi celui que j'étais, je suis né de nouveau dans le « Nous ». Cette expérience ne peut être enseignée. C'est ainsi que vint à moi la connaissance (gnosis) de Dieu, et par cette nouvelle naissance je suis devenu divin. »

Dans un texte connu de Zosime, il est dit de ce même Hermès-Thot, que lui, le fils de Dieu, pour sauver les âmes pieuses « est devenu tout : Dieu, ange, homme capable de souffrance. En effet, pouvant tout, il devient ce qu'il veut, il obéit à son Père pénétrant tous corps, en illuminant l'esprit de chaque homme, et le guidant vers la lumière » ...

Dans tous ces textes, il s'agit toujours du même dieu cosmique (Hermès-Thot) qui peut aussi devenir le daimon personnel de celui qu'il habite, son compagnon intérieur qui apparaît tantôt au-dessus, tantôt même au-dessous de l'individu (c'est-à-dire dépendant de lui). Il a les fonctions d'esprit protecteur et d'instructeur individuel, que les Grecs et les Romains attribuaient au daimonion de Socrate, et plus tard, au génie de l'être humain ; il est en même temps un dieu universel et cosmique qui préserve et emplit la nature entière. Dans le symbole du Soi, des paradoxes extrêmes sont unifiés : il est à la fois le plus intime, le plus individuel. Un miroir de toute la réalité, et une image de Dieu, l'Anthropos qui embrasse l'ensemble de l'humanité. Bien que ce dieu puisse habiter l'être humain, il y a cependant une légère différence, par rapport aux exemples déjà donnés : il vient et s'en va, mais jamais il ne s'humanise vraiment dans l'individu ; il ne devient pas en lui tout à fait un état d'âme subjectif, mais au contraire arrache l'être humain de son existence du Moi par l'extase et le transporte dans un autre état, merveilleux, divin. ... P.209

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


Eros  est, actuellement, en lecture seul. Dans les futurs évolutions, les utilisateurs authentifié sur adhes.net pourront y partager (s'ils le désir) eux-mêmes leur notes. En attendant, il vous est toujours possible de me faire parvenir votre matériel sous format Excel ou autre, je me ferai un plaisir de les y encoder.