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L'OURS

Quant à l'ours, la mythologie grecque en faisait un animal de la Déesse-mère, et les auteurs médiévaux l'associaient à la Vierge Marie.

Arctos, la constellation de la Grande Ourse, prend en grec (comme en français) l'article féminin.

Il existait en Grèce un culte de la déesse Artémis de Brauron qui avait une forme d'ourse. Des jeunes filles de bonne famille étaient consacrées, entre douze et seize ans, à son service. On les confiait à la déesse à l'âge où les jeunes filles sont aussi difficiles à garder à la maison que les jeunes gens. Pendant cette période, elles se comportaient en garçons manqués, ne prenant aucun soin de leur personne; aussi les appelait-on les « oursonnes ». Ces sociétés avaient pour tâche de renforcer leur personnalité en protégeant sa formation. En les faisant entrer plus tard dans la vie, déjà pourvues d'une certaine maturité obtenue en toute sécurité sous la protection qu'offrait l'affreuse peau d'ours, on permettait à leur personnalité de s'affirmer et de se développer sans se heurter avant l'heure au problème de la sexualité. Cela leur évitait de tomber dans une vie amoureuse et des maternités prématurées et de se retrouver vieilles et usées avant l'âge. Dans ce dernier cas l'évolution P.107 mentale est freinée ou arrêtée parce que la substance vitale est épuisée.

Ce sont plus particulièrement les jeunes filles dotées d'une nature délicate qui ont tendance à se cacher ainsi sous une toison d'ours.

J'ai noté que les filles affublées de peaux d'ours étaient beaucoup plus vives et s'intéressaient davantage aux études ; leurs notes descendaient en flèche dès qu'elles se mettaient à devenir coquettes et commençaient à sortir avec des garçons, s'intéressant désormais davantage à ce côté de leur vie. Celles qui tardaient plus longtemps à s'éveiller à la sexualité avaient une meilleure chance de développer leur personnalité et leur esprit que celles qui s'émancipaient trop tôt.

Que des femmes ou des adolescentes se rassemblent et fassent barrage contre le principe masculin n'est donc pas toujours forcément négatif, dans la mesure où cela a pour conséquence de consolider leur féminité et permet aux deux sexes de se rencontrer plus tard à un niveau plus élevé.

Il ne faut pas oublier qu'entre les sexes n'existe pas seulement une attirance instinctive, mais aussi une opposition authentique et qu'ils n'ont jamais cessé de se menacer l'un l'autre - les femmes essayant d'attirer les hommes dans leurs manières féminines, et vice versa. C'est la trame d'une tension nécessaire et tout à fait normale, l'altérité étant la cause même de l'attraction mutuelle des sexes.

Il est évident qu'une telle situation (où le masculin est absent) présente des dangers et des inconvénients, aussi le conte nous montre-t-il la façon dont les choses peuvent évoluer : un jour d'hiver l'ours, le quatrième élément, se présente, et avec lui s'amorce un développement normal.

Examinons de plus près le symbolisme de l'ours, cette fois sous son aspect mâle, tel qu'il apparaît, dans ce conte, à la mère et aux deux fillettes.

Dans le passé, il n'était pas rare que les gens puissent voir une carcasse d'ours suspendue à l'étal du boucher. Or, cette dépouille présente l'aspect grossier d'une silhouette humaine. Cela, comme aussi le fait que l'ours se dresse et marche volontiers sur ses pattes de derrière, a pu suffire pour entraîner la projection, très répandue, suivant laquelle les ours sont des êtres humains.

On rencontre partout dans le folklore des contes dans lesquels cet animal est un prince enchanté ou un homme ensorcelé et condamné à errer à travers le monde dans cette peau de bête.

Parmi les adeptes de Wotan existaient les Berserks (Ber = Bär = ours ; Serk = peau ou chemise). « Devenir berserk » était considéré comme un don héréditaire et on racontait par exemple que lors d'une bataille le seigneur, assis dans son château, bâillait soudain effroyablement et tombait dans un sommeil profond comme la mort.

Au même moment, un ours apparaissait sur le champ de bataille où il massacrait tous les ennemis. Dès que l'ours avait disparu, le seigneur se réveillait exténué car, devenue « berserk », son âme, incarnée dans l'ours, avait livré bataille. On prêtait à ces ours-fantômes de grands exploits guerriers et ce qui prouvait bien qu'il s'agissait du seigneur, c'était que si l'animal avait été blessé à la patte droite durant le combat, l'homme, à son réveil, portait une blessure à cette main !

Dans les anciens pays germaniques, ce phénomène était tenu pour un authentique talent transmis de père en fils dans certaines familles. C'est seulement plus tard que l'opinion à ce sujet se modifia, de sorte que la faculté de devenir « berserk » prit un sens ambigu et désigna la capacité d'entrer dans de grandes fureurs confinant à une expérience religieuse extatique.

C'est la raison pour laquelle, de nos jours, beaucoup de gens craignent de céder à leurs accès de colère. Quand on est en colère, on est possédé par la plénitude de la vie ; on a le sentiment d'être invincible et de faire un avec son propre but ; le doute ou l'incertitude sont balayés.

On peut s'exalter jusqu'à éprouver le sentiment d'être entièrement et magnifiquement rempli d'énergie et de chaleur vitales... Se réveiller ensuite et devoir payer la facture est évidemment moins satisfaisant ; on ne se sent plus très divin, mais au contraire un peu stupide.

Ce n'est que lorsqu'ils sont en colère que nous savons réellement ce que les autres pensent de nous, comme c'est seulement alors que nous donnons libre cours à nos opinions intimes, bien que leur expression puisse dépasser alors la vérité.

Ce sentiment de plénitude et de puissance qui remplit l'être saisi d'un affect violent correspond, en langage mythologique (qui est aussi celui de l'inconscient et de nos rêves), à la possession par un dieu. Or, être possédé par un dieu, c'est s'identifier à lui, se sentir surhumain, et rien n'est plus dangereux pour un être humain que de perdre le sens de ses limites et de sa personne individuelle.

Les Grecs disaient que « Les dieux rendent fous ceux qu'ils cherchent à perdre ». La colère divine est redoutable ; que l'on pense au dieu biblique détruisant presque toute vie sous le déluge, ou au comportement d'Arès pendant la guerre de Troie.

La folie destructrice des déesses ne leur cède en rien : en Inde, il arrivait à Kali de massacrer quelques milliers de personnes ou encore, en Egypte, à Hathor de se précipiter dans le désert, tuant et dévorant tout ce qu'elle rencontrait de vivant jusqu'à P.111 ce qu'on l'apaise avec de la bière : une fois ivre, elle redevenait pacifique.

Le droit de se défendre et notre réponse au problème éthique que pose l'instinct d'agressivité sont en réalité le fruit de notre philosophie de la vie et de nos convictions intimes. Ce choix dépend, en dernière instance, de l'idée que nous nous faisons (consciemment ou non) de Dieu.

Si Dieu, à nos yeux, n'est que bonté, le choix est clair ; si, au contraire, nous acceptons aussi bien sa face sombre que P.113 sa face lumineuse, l'agressivité, la « noirceur » revêtiront aussi un sens et on en déduira qu'il peut être permis d'user suivant l'instinct de nos griffes et de nos dents, en cas d'attaque injuste dirigée contre nous-mêmes ou contre autrui.

.. exemple de conflit d'ordre psychologique, prenons le cas d'un jeune homme bien élevé et « comme il faut » qui s'évertue à se conduire de façon raisonnable. Le moment arrivera où il déclarera qu'il est adulte, qu'il désire sortir avec une jeune fille de son choix et prendre un studio. Mais voilà que sa mère n'accepte pas les faits .. tentera par tous les moyens de le retenir, préférant le détruire plutôt que de le laisser se libérer d'elle. N'est-il pas, dès lors, en droit de tenir bon, même si elle lui reproche sa cruauté ?

Pour tout observateur extérieur et objectif, il est clair qu'il s'agit pour lui d'une question de vie ou de mort et que, s'il n'y a pas moyen d'agir autrement, il a le droit de se montrer rude dans la lutte qu'il aura à soutenir, même s'il n'est pas nécessaire qu'il en devienne berserk et agisse comme un ours enragé. Cependant, au cour de sa personnalité la plus profonde, quelque chose se dressera, car l'affrontement ne pourra pas - et ne devra pas - être évité.

Si des individus n'ont pas la conviction intime de leur droit à la vie et que l'on ne parvienne pas à l'éveiller en eux, il est très difficile de les aider par une analyse. Il existe donc quelque chose comme le droit à l'autodéfense et à la contre-offensive lorsqu'il s'agit d'éviter d'être terrassé par l'animus ou l'anima négatifs, ou tout autre mal qui rôde autour de soi ; celui qui en est tout à fait incapable est réellement malade.

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Un monde où l'on n'admet rien de rude ne correspond pas à la réalité de la vie, et c'est ici que nous touchons à un problème typiquement féminin. Plus une femme est féminine, moins son animus est agressif et plus la vie a tendance à rouler par-dessus elle.

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S'il n'est pas juste pour une femme de copier l'homme, il est tout aussi mauvais qu'elle soit trop unilatéralement féminine, car elle risque de se retrouver en marge de la vie et d'être incapable de l'affronter.

C'est pourquoi ce monde maternel, dans lequel tout est si aimable et si douillet et où les roses sont sans épines, a grand besoin d'un ours ! Il vient dans la rudesse de l'hiver. Il a un bon naturel et se montre doux avec les fillettes et pourtant, lorsqu'il capture le nain, il n'hésite pas à le tuer d'un seul coup de patte.

Sans être inutilement P.115 agressif, il sait quand, ayant atteint la fin de son épreuve, le moment est arrivé de passer à l'action et d'en terminer une fois pour toutes avec une situation absurde.

Le tournant de l'histoire se situe au moment où l'ours, saisi d'une juste colère, supprime le nain envers qui les fillettes se sont montrées trop sentimentales.

Il s'agit ni plus ni moins, dans ce conte, du problème de l'intégration du côté masculin, des qualités viriles, au monde féminin.

Toute la difficulté consiste à le faire de la façon juste, sans aller trop loin, ce qui reviendrait à tomber dans l'extrême opposé et à prendre non les qualités, mais les défauts masculins.

Ainsi, une femme qui s'éveille après avoir été trop passive, trop douce et « féminine », encourt le risque, lorsque son autre côté s'éveille, de se montrer subitement trop agressive par compensation.

Cela vient de ce que personne ne parvient à frapper le centre d'une cible du premier coup, sans s'y être exercé : on manque d'abord largement le but.

Cela explique les exagérations caractéristiques qui surviennent chaque fois qu'un défaut d'agressivité ou une adaptation insuffisante viennent à être remplacés par des éclats affectifs et autres attitudes désagréables.

C'est comme lorsque l'on ouvre un barrage : ce qui a été longtemps retenu et refoulé commence à se précipiter avec violence avant de s'apaiser et de trouver son cours normal.

L'attitude juste consiste à éviter de tomber d'un excès dans l'autre et, de femme trop douce et sans personnalité, de devenir une sorte d'homme caricatural, qui s'impose, tranche de tout, est super-intellectuelle et trop ambitieuse, etc.

Rester femme tout en intégrant son animus, les qualités viriles qui sont en chaque être humain est un art aussi difficile que, pour l'homme, d'intégrer son anima.

L'ours représente ici une réaction équilibrée : il n'est habituellement ni de mauvaise humeur, ni coléreux, alors que le nain, lui, s'excite sans cesse jusqu'à être dans un état d'irritation constante.

L'ours tue simplement son ennemi mortel lorsqu'il en a l'occasion, ce qui est à l'opposé de la faiblesse vindicative et exaspérante manifestée par le nain.

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Chez une femme, ces figures représentent deux différentes formes d'animus : l'un d'eux, réagissant continuellement a contre-temps, est irrité et irritant et provoque partout et a tout propos de perpétuelles querelles.

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Dans une structure matriarcale comme celle du début de ce conte, l'ours male figure évidemment un aspect de l'animus qui s'oppose au nain.

Si, dans un contexte masculin et patriarcal, il représente l'état berserk et la colère froide, dans le contexte féminin qui est celui de ce conte, il représente l'instinct viril agressif correctement P.119 vécu: il sait pour quelle raison il agit et le fait sans les hésitations ni la faiblesse dues à l'incertitude.

Si l'on sent que, dans une situation donnée, l'attitude agressive est juste, il n'est nul besoin de hurler : la colère se transforme et le calme s'instaure, et l'on agit sans hâte superflue : la colère a été intégrée.

Transposé sur le plan psychologique, cela signifie qu'une attitude plus adulte et plus adaptée a mûri chez ces jeunes filles, et qu'elles sauront désormais conduire leur vie avec suffisamment d'assurance et de confiance en elles pour trouver leur épanouissement ; une saine réaction instinctive ayant écrasé en elles leurs humeurs infantiles et négatives, elles seront capables de rencontrer le prince.

La Femme dans les contes de fées von Frans

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


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