« Dans sa première forme inconsciente, l'animus est une instance qui engendre des opinions spontanées, non préméditées ; il exerce une influence dominante sur la vie émotionnelle de la femme, tandis que l'anima est semblablement une instance qui engendre spontanément des sentiments, ceux-ci exerçant une influence sur l'entendement de l'homme et entrainant sa distorsion » (M. V., p.452).

« L'ambiguïté de l'anima, porte-parole de l'inconscient, peut anéantir l'homme en bonne et due forme. Finalement, c'est toujours le conscient qui reste décisif, le conscient qui doit comprendre les manifestations de l'inconscient, les apprécier et prendre position à leur endroit. Mais l'anima a aussi un aspect positif. C'est elle qui transmet au conscient les images de l'inconscient et c'est cela qui me semblait le plus important » (M. V., p 218)

« Pendant des décennies, je me suis toujours adressé à l'anima quand je trouvais que mon affectivité était perturbée et que je me sentais agité. Cela signifiait alors que quelque chose était constellé dans l'inconscient. En pareils moments j'interrogeais l'anima : «qu'est-ce qui se passe à nouveau ? Oue vois-tu ? Je voudrais le savoir». Après quelques résistances elle produisait régulièrement et exprimait l'image qu'elle discernait. Et dès que cette image m'était livrée, l'agitation ou la tension disparaissait ; toute l'énergie de mes émotions se transformait de la sorte en intérêt et en curiosité pour son contenu. Puis, je parlais avec l'anima à propos des images, car il me fallait comprendre aussi bien que possible, à l'instar d'un rêve » (M. V., p. 218)

L' aspect négatif de l'anima est que ce qu'elle dit est souvent d'une grande force de séduction et , d'une rouerie sans bornes.
Un homme ne vivant pas en fonction de la conscience qu'il a de lui-même, mais de l'appréciation des autres, est en danger: il n'est pas sûr de lui et cela le rend perméable aux insinuations de l' anima.

« Elle appartient à l'homme cette périlleuse image de la Femme ; elle défend la loyauté que, dans l'intérêt de la vie, il doit quelquefois oublier ; elle est la très nécessaire compensation pour les risques, les luttes, les sacrifices qui se terminent tous par la désillusion : elle est le repos des amertumes de la vie. Et, en même temps, elle est la grande illusionniste, la séductrice qui attire dans la vie, par sa Maya - et pas seulement dans les aspects utiles et raisonnables de la vie, mais dans ses effrayants paradoxes et dans des ambivalences où bien et mal, succès et ruine, espoir et désespoir, se contrebalancent l'un l'autre. Parce qu'elle est son plus grand danger, elle demande à l'homme son maximum. » (G.W. 9/2. § 24).

« La projection ne peut être dénouée que s'il accepte de voir que, dans sa sphère psychique, il existe une imago de la mère, et non pas seulement de celle-ci, mais aussi de la fille, de la soeur et de la bien-aimée, de la divinité céleste et de la Baubo chthonienne, image intemporelle, universellement présente, et que toute mère et toute bien-aimée sont les porteuses et les réalisatrices de ce miroitement dangereux qui fait partie de ce qu'il y a de plus profond dans l'essence de l'homme. Elle appartient à homme, elle est la fidélité dont il doit savoir s'écarter pour l'amour de la vie ; elle est la compensation indispensable et nécessaire des risques, des efforts et des sacrifices qui, tous, aboutissent à des déceptions ; elle est la consolation face à toute l'amertume de la vie et, outre cela, elle est encore la grande séductrice entraînant, par les illusions qu'elle suscite, vers cette vie même et non seulement vers ses aspects raisonnables et utiles, mais aussi vers ses paradoxes et ses ambiguïtés redoutables où s'équilibrent le bien et le mal, le succès et l'échec, l'espérance et le désespoir. Etant son plus grand péril, elle exige de l'homme ce qu'il y a en lui de plus grand et, s'il est vraiment homme, elle l'obtient.
C'est pour cette image que Jung a proposé le terme d'anima. et pour en exprimer la nature vivante il préfère la vision et le mode d'expression mythologiques.

« L'anima n'est pas une figure substitutive de la mère, mais, au contraire, il y a beaucoup de vraisemblance pour que les qualités numineuses qui rendent l'imago maternelle si dangereusement puissante dérivent de l'archétype de l'anima, qui s'est incarné à nouveau en chaque enfant mâle » (G,W. 9/2,§ 26)

« Chaque mère et chaque bien-aimée est ainsi forcée de devenir le véhicule et l'incarnation de cette image sans âge et omniprésente, qui correspond à la plus profonde réalité dans l'homme » (G.W.9/2, § 24).

« L'anima inconsciente est un être auto-érotique, tout à fait incapable de relation, qui ne cherche rien d'autre que la prise de possession totale de l'individu, ce par quoi l'homme se trouve féminisé d'étrange et pernicieuse manière. Cela se manifeste par une humeur instable et un manque de contrôle de soi qui finissent par corrompre les fonctions jusque-là sûres et raisonnables, par exemple l'intelligence » (P. T., p. 164).

« Alors que le nuage d'animosité qui enveloppe l'homme est principalement composé de sentimentalité et de ressentiment, l'animus s'exprime dans la femme sous la forme de vues qui ont des opinions, interprétations, insinuations et fausses reconstructions, qui ont en propre de couper la relation entre leux êtres humains » (G.W. 9/2, § 32).

« Nul homme ne peut s'entretenir cinq minutes avec un animus sans être victime de sa propre anima » (G.W . 9/2, § 29).

« Quand l'animus et l'anima se rencontrent, l'animus sort son épée de pouvoir et l'anima projette son poison d'illusion et de séduction. Le résultat n'est pas toujours négatif, puisque les deux sont également prêts à tomber amoureux » (G.W. 9/2, § 30).

« Très souvent, la relation suit son propre cours sans égard pour les acteurs humains, qui, après coup, ne savent pas ce qui leur est arrivé » (G.W. 9/2. § 31).


« L'effet de l'anima et de l'animus sur le moi .. est extrêmement difficile à éliminer, parce qu'il est extraordinairement fort et remplit la personnalité d'un sentiment inébranlable de justesse et de bon droit. D'autre part, la cause est projetée et semble tenir aux objets et aux situations objectives . La conscience en est fascinée, rendue captive, comme hypnotisée. Très souvent, le moi en éprouve un vague sentiment de défaite morale et traite alors tout sur la défensive, avec défiance et autojustification, établissant ainsi un cercle vicieux qui ne peut qu'augmenter son semiment d'infériorité » (G.W. 9/2. § 34).

« C'est seulement par la connaissance de 1'ombre qu'on arrive à l'anima. C'est identique pour l'animus ; tant que leur ombre n'est pas reconnue, les femmes sont possédées par l' animus (Entretiens avec Jung. p. 33).

« L' anima cherche à unifier et à unir, l'animus demande à distinguer et à connaître » (P.T., pp. 173 - 174).

« De même que l'anima devient, par l'intégration, l'Eros ainsi l'animus devient un Logos ; et de même que l'anima donne à la conscience de l'homme sa capacité de relation et d'alliance, de même l'animus donne à la conscience de la femme une capacité de réflexion, de délibération et de connaissance de soi-même » (G.W. 9/2, § 33).