Avant-propos:
Il s'agit d'être attentif à l'immensité de la vie intérieure, à la complexité de l'affrontement et de l'ajustement du psychisme conscient et inconscient, d'être attentif à la diversité des êtres, à la compréhension qu'ils requièrent tous. Une étincelle de bonté pour lui-même comme pour autrui nait en tout sujet dès qu'il prend un contact véridique avec son inconscient et qu'il assume en lui-même et autour de lui les ajustements nécessaires pour trouver un peu de paix entre lui et lui-même.
A l'aube du 21 siècle surgit une double exigence : la redécouverte et la réhabilitation du corps ne doivent pas entraîner une rechute dans la minimisation, voire l'oubli de la psyché. Cela ne pourrait qu'engendrer à nouveau séparation-dissociation de l'être et de la société. La seconde exigence est le besoin d'une éthique rénovée qui fasse place aux valeurs du sentiment.. permettant les émergeant sont des données de l'irrationnel ... Contribuer à la résolution des conflits individuellement et collectivement par l'élévation à la conscience de leur polarité contraire, voilà l'oeuvre à laquelle, par delà toutes les diversités d'écoles, aspire la psychologie des profondeurs .

Préface:
L'essentiel de l'enseignement jugien est " que chacun réalise en soi la synthèse complexe, irrationnelle et spécifique de ses incompatibilités, et l'humanité sera une humanité où, chacun vivant mieux, il fera pour tous meilleur vivre .
A propos de l'inconscient..:
"Les idées claires et distingues doivent procéder d'idées obscures et confuses, car rien ne nait de rien et rien ne s'anéantit complètement"
L'homme occidental éprouvent de grandes résistances à l'égard de l'inconscient; la conscience étant sans doute la conquête la plus précieuse de l'homme ; il a du, pour l'affermir lui consacrer de rudes efforts, que nous devons encore dans une certaine mesure renouveler quotidiennement. De là notre aversion contre un inconscient toujours aux aguets et toujours prêt à réengloutir le fruit captivant de nos efforts.
Outre des motifsgénéraux, la force de répulsion qui émane de l'inconscient repose, pour chacun, sur des motifs personnels: chacun, à des degrés divers, possède dans son inconsciente ses fonctions inférieures indifférenciées, ses points faibles, ses incompatibilités. Il est humain de préférer s'en détourner ...
il y a l'inconscient selon Freud, "refoulé, actif, bestial, infantile, alogique, et sexuel." (Jones) ; l'inconscient selon Adler qui, pour l'essentiel, ne sait que "au vouloir" ; il y a l'inconscient selon Jung.
L'oeuvre de Jung n'est pas une négation, mais une continuation de l'oeuvre de ses prédécesseurs.
Freud a démasqué l'hypocrite attitude de la fuite au grenier, en attirant l'attention sur la cave et sur ce qui s'y passe. Il a ainsi étudié "ce qu'il a de moins humain dans l'homme". Mais réduisant le problème psychique à l'aspect morbide et névrotique de la psyché il a appelé la réaction d'un Jung ... la fuite au grenier (spiritualité abusive) devant les menaces de la cave (sexualité) ne doit pas aboutir à une fuite à la cave devant les dangers du grenier. Il est salutaire, certes, de ramener l'homme souffrant à ses bas fonds, dans la mesure ou peut y résider la source de ses troubles. Mais les bas-fonds, les complexes sexuels et autres ne sont pas tout l'homme , l'intérêt qu'on leur porte ne doit pas amener à exclure les autres composantes ... Jung s'est heurté à l'énigme de la spiritualité, dont il lui a fallut, en praticien, accepté la phénoménologie et l'étude.
Comme le dit pascal "il est dangereux de trop faire voir à l'homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Il est encore plus dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l'un et l'autre. Mais il est très avantageux de lui représenter l'un et l'autre" ( ignorer = projection)

Les archétypes= structures mentales innées qui sous-tendent la conscience.
Ils sont au plan mental ce que les instincts sont au plan biologique : des modèles d'action et de comportement. cf.pattern of behavior. page 41 (n.p.s.: ils sont organisateurs de la psyché; laisser faire le mouvement et ne pas interpréter intempestivement)
L'archétype est la "Gestalt" c.à d. l'aspect, la forme et l'image de l'instinct.
L'instinct met sa machinerie en marche en évoquant dans l'esprit l'image archétypique qui lui correspond, image qui, à son tour, devient le moteur de l'action et du comportement du sujet.
Le plan archétypique de l' être, porteur et socle de la conscience, n'est pas immuable. C'est un plan vivant, évoluant avec l'âge du sujet au même titre que le conscient et le moi.
Canaliser la libido, l'énergie vitale, et sa répartition entre le moi et les plans archétypiques assurera l' adaptation du moi à la réalité extérieure, adaptation permanente. page 43
L'accession au plan des archétypes vivants, c'est la terminaison, c'est la moisson, l'efflorescence des constantes humaines au sein d'une personnalité qui a mis de l'ordre en elle-même...Celà aboutit à une maturation de toute la parsonnalité qui est signée par l'émergence vivante des données archétypiques fondamentales. ( n.p.s.: court-circuiter le plan freudien =défense, inflation; Quand une analyse débute par les plans archétypiques c'est qu'il s'agit d'un psychisme blessé -plusieurs générations- . La personne a difficile à trouver les associations; voir ce qui se structure en elle. Tout est inscrit dans le psychisme; plus on cache plus ça s'inscrit douloureusement) page 45

L'angoisse de l'âme contemporaine:
L'esprit du temps constitue une religion, une confession ou un credo ... C'est un "penchant", une inclination sentimentale, qui pour des motifs inconscients, agit avec une souveraine force de suggestion sur tous les esprits faibles, et les entraine. Le XXIème siècle a accouché de l'universalité des causes matérielles.. Aujourd'hui ce n'est pas la force de l'âme qui s'édifie un corps, mais au contraire la matière qui par son chimisme engendre une âme. (n.p.s.: en physique quantique, la matière est porteuse d'esprit. L'archétype est psychoïde ; à la fois dans la matière et dans l'esprit ; l'image informe le corps. L'archétype est aussi biologique.)
D'où vient la puissance inquiétante de l'esprit du temps et constitue un phénomène psychique d'importance primordiale, un préjugé et, un préjudice ... La tendance horizontale actuelle est une réaction due à la verticalité exclusive de l'ère gothique. Exactement semblables aux primitifs, nous agissons d'abord de façon totalement inconsciente, ne découvrant le pourquoi de notre action que longtemps après son accomplissement. Entre-temps nous nous contentons de rationalisations approximatives.
Or la matière nous est tout aussi inconnue que l'esprit ... Page 53
L'objet de la psychologie c'est l'âme, celui de la philosophie le monde. Personne aujourd'hui ne pourrait oser fonder une psychologie sur l'hypothèse d'une âme autonome, indépendante du corps.
Selon la vieille conception, l'âme représentait l'avis du corps par excellence, le souffle de vie, une espèce de force vitale ...
Seele, soul, saiwala signifie mouvant bigarré, chatoyant. Psyché signifie aussi papillon.. sila=force. Ces relations mettent en lumière la signification originelle du mot âme : l'âme est une force mouvante, une force vitale. (n.p.s.: peut sortir de la compulsion répétitive.)
L'âme évoque la représentation du vent agité...
Le nom d'un individu serait son âme ... cette conception revient à identifier la partie au tout, le moi conscient à la âme qu'il exprime ; l'âme est aussi fréquemment confondue avec les profondeurs obscures, avec l'ombre de l'individu ; d'où l'offense à quelqu'un en mettant le pied sur son ombre. C'est pourquoi midi est l'heure dangereuse: l'amenuisement de l'ombre équivaut à une menace de la vie. L'ombre exprime ce quelque chose qui vous suit par derrière, ce sentiment insaisissable et vivace d'une présence ... Page 57

 

Du rêve au mythe:
Les associations pénètrent une couche superficielle de l'inconscient, celle de l'inconscient personnel ; celui-ci forme une couche psychique faite d'éléments qui pourraient être tout aussi bien conscient, mais qui pour certains motifs, demeurent inconscient.
Notre énergie psychique est impuissante à maintenir à un degré suffisant de conscience un nombre élevé d'éléments. Il nous faut utiliser le potentiel des énergies psychiques dont nous disposons à éclairer l'indispensable, l'accessoire demeurant dans l'ombre et tombant en désuétude.
C'est dans ce domaine à la lisière de la conscience que pénètre l'expérience d'associations.
C'est un domaine où des être introspectifs s'orientent sans difficulté.
L'expérience des associations ne fait pas, au point de vue thérapeutique, pénétrer assez profondément, car il faut toujours se poser la question essentielle de savoir ce qui figure derrière ses complications humaines.
Il nous faut aller voir dans ces couches de l'âme où résident les motifs qui conditionnèrent l'attitude et qui expliquent seuls pourquoi les choses en sont arrivées là. Page 274

Depuis l'antiquité on accorde de l'importance au rêve, supposé fournir des renseignements sur la nature de la maladie.
Les rêves sont des manifestations qui correspondent aux complexes. Ils éclatent dans l'état de conscience crépusculaire dû au sommeil comme les complexes dans la pleine conscience.
Le parallélisme rêves-complexes s'illustre aussi par la forte affectivité..
Il y a une discontinuité entre la vie diurne et le rêve; discontinuité qui s'oppose normalement à la prolongation pure et dans le rêve des événements et des complexes vécus dans la vie consciente. Page 276

La méthode des associations libres (Freud) consiste à prendre une à une les différentes image d'un rêve et à réunir au sujet de chacune 'elles toutes les idées qui se présentent à l'esprit du rêveur en corrélation avec cette image. Si à partir d'un point quelconque, on établit une chaîne d'associations, on aboutit immanquablement à un complexe, sans avoir besoin d'un rêve pour cela.
La préoccupation centrale de Freud était d'aboutir aux complexes ...

Mais les rêves ont une signification en eux-mêmes. Page 277
Les associations libres peuvent laisser le contenu du rêve parfaitement de côté et s'enliser dans des complexes qui ne sont pas nécessairement essentiels. Un errement possible est de se retrancher derrière des complexes mineurs, afin d'en dissimuler de plus pénibles.
Les rêves, eux, traitent des faits essentiels, spécifiques, efficaces, par delà ce que la nature de chacun peut avoir de généralement veule et de coupable.
C'est pourquoi le but que doivent se proposer les associations libres est d'interpréter un rêve et non pas d'aboutir au magma des complexes qui sommeillent en tout rêveur. (le psychothérapeute doit chercher à savoir ce que l'inconscient de son sujet fait des complexes qui sont en lui et ce qui s'y prépare.)
Par suite les associations doivent être canalisées, limitées à la périphérie immédiate du rêve, aux éléments qui sont en rapport avec celui-ci. au tour de la représentation.
Le rêve porte en lui sa signification ; le rêve est ce qu'il est, entièrement et seulement se qu'il est ; il n'est pas une façade, il n'est pas quelque chose de fait ou apprêté, un quelconque trompe-l'oeil, mais uneconstruction parachevée.
Lorsqu'on s'en tient à cette hypothèse que le rêve se contient tout entier en lui-même, on trouvera dans chaque cas la limitation nécessaire aux associations libres ; limitation qui nous fera rester toujours dans le contexte, dans la trame et dans le voisinage immédiat du rêve. Page 279
Nous traitons ainsi le rêve comme nous ferions d'une inscription fragmentaire...Le rêveur lui-même doit nous fournir les matériaux et alimenter le contexte, car il est le seul à pouvoir décrire ce que certaines chôses signifie en lui..Il nous est impossible de savoir, du dehors, quelle fonction assume une image donnée dans son psychisme.
Les symboles du rêve sont de nature essentiellement individuelle. Il nous faut trouver dans le psychisme du rêveur de quel contexte, de quel ensembles les images oniriques sont détachées, dans quelle atmosphère elles était enrobée. Page 280

Une image de la psyché personnelle peut rapidement être chassée par une image beaucoup plus impressionnante qui plonge dans la mythologie. Nous assistons à un déplacement sur le plan mythique. Ainsi la souffrance personnelle est élevée à la dignité d'une souffrance de la collectivité, à un niveau mythique où l'être n'est plus un être unique, mais où il incarne en même temps la totalité humaine, l'humanité souffrante. Le problème, s'en trouve résolu ... Car cette mythologie de l'inconscient collectif est caractérisée par une sorte d'écoulement, qui fait naturellement jaillir un thème nouveau d'un motif finissant.
Nulle part nous n'y rencontrons de stagnations effectives ; toutes les situations difficiles y parviennent à leur culmination, se dénouent et engendrent des situations nouvelles.
Ainsi s'y déroule la mélodie infinie de la vie, tel une onde salvatrice dans laquelle on se voit momentanément plongé. Qu'on s'abandonne un temps à ce flot souverain et l'on ne manquera pas d'en sortir avec une aititude rectifiée, ce qui aide à guérir le mal moral dont on souffre.

(La valeur curactive de la médecine magique à l'échelon primitif, c'est parce que l'homme peut encore être facilement plongé dans l'inconscient collectif par un simple récit dont les images s'emparent alors de tout son être avec une puissance telle que son système humoral rétabli l'équilibre compromis.
Aujourd'hui nous ne concevons la possibilité d'efficacité de cette sorte que tout au plus dans le domaine moral.) Page 285

Tout homme a aussi en partage une certaine inclination au mal ... Et c'est pourquoi nous devons nous garder d'être trop fiers de nos vertus, qui sont toujours accompagnées de l'ombre que nous projetons ... Nous sommes tous des hommes, porteur du mal, caractéristique absolue de l'homme.
Le mal peut étendre, hors de proportion, son emprise sur la vie intérieure chez certains individus prédisposés; si ces individus lui résistent, ils sont la proie d'un conflit ; si ils s'y abandonnent ,ils tournent au crime.
Les tendances au mal, qui sont chez certains toutes naturelles ne déterminent pas de névrose.
Chacun a à accomplir la volonté créatrice particulière qui l'habite (mal ou bien); nous ne faisons que tenir les rôles qui nous ont été attribués. Page 287

S'attaquer à l'interprétation d'un rêve revient à plonger dans l'obscurité. Chaque rêve doit être considéré comme quelque chose d'entièrement nouveau et inconnu.
Il est aussi important de s'avouer qu'il existe des problèmes outrepassant notre compréhension.

Les chimères grouillent dans nos imaginations ... La mythologie n'est pas une provenance extérieure... si ces montres, ces entités imaginatives ne figuraient pas en nous, comme ils n'existent pas dans le monde extérieur, on ne les aurait jamais découverts. Ces images n'auraient pas été forgées, ces monstres n'auraient pas servi d'expressions symboliques si cela ne répondait en nous à quelques besoins. Page 290
Le monstre ou dragon peut présenté le danger d'être englouti par l'inconscient. Le sujet devient fou, inconscient, désorienté et perd tout contact avec lui-même et avec le monde ambiant.
Mais le monstre, à côté des dangers qu'il incarne, est gros aussi de possibilités de guérison. Voir le mythe de la baleine ou du dragon au thème mythique de la renaissance. Page293

Nous nous réveillons à l'occasion d'un rêve, abstraction faite des dérangements extérieurs, au moment où son sens a atteint son point culminant et où le rêve ayant épuisé son thème met un trait final à son propre déroulement.
Pour Jung les réveils en sursaut à la suite d'un rêve ont un but psychologique: celui d'obliger la conscience à prendre connaissance de son contenu. Ces réveils brusques se produisent à la suite de rêve qui en raison de leur importance pour la vie consciente ne devraient pas passer inaperçus.
La fin du rêve, appeléé la "lyse", la solution, le dénouement, doit nous induire à la réflexion. Page 292

Le système nerveux humain a trois subdivisions: le cerveau, siège de la conscience; la moelle épinière, sensitive et motrice; et le sympathique. Nous sommes à la fois écrevisse par le sympathique et saurien par la moelle mais nous ne vivons que la couche supérieure de notre psyché, pétris seulement de conscience comme si le restante de notre corps et de notre organisme psychique était inexistant, alors qu'en réalité il est seulement tabou.
Ainsi l'écrevisse confronte le rêveur avec la partie inférieure de sa psyché...
Lorsque nous adoptons un comportement qui ne conquiert pas l'adhésion du vertébré primitif et de l'animal au système nerveux sympathique qui sont en nous, la névrose se déclare.
Nous oublions toujours que notre conscience n'est que l'avant-garde de notre être psychique.
On a une névrose pour avoir méconnu les lois fondamentales du corps vivant et pour son être éloigné; le corps alors se révolte et apparaît sous une forme monstreuse destinée à impressionner profondément le sujet. page 299

La propriété dangereuse et divine de la conscience, propriété créatrice, peut à volonté abstraire un monde et en postuler un autre. (représentée par la baguette magique)
Pour la vie, le danger manifeste qui émane de la conscience, c'est qu'elle peut instituer, supprimer ou déplacer, selon son bon plaisir, telle ou telle chose à laquelle on est livré. Il est bon que nous ayons en nous un appareil régulateur, notre "psychisme spinal", susceptible d'élever des protestations ...
Exemple: si un religieux ou philosophe prèche pour un système qui suscite en lui des douleurs corporelles comme des douleurs d'estomac, c'est le démenti le plus sévère ...Quelque chose est en contradiction avec les vérités éternelles de la nature.
Si une vérité est bonne et salutaire, que je me l'incorpore, l'ingère; si elle me convient et si elle collabore harmonieusement au sein de mon organisme avec les autres éléments de mon psychisme, si je continue à bien fonctionné, à bien me porter et si rien en moi ne se révolte contre l'intruse, je me dis que c'est une bonne vérité, qu'elle ne nuitpas.
Les choses qui sont réellement vraies, réellement à la taille de l'homme, sont pour lui d'une telle plénitude, que tout son être s'y trouve parfaitement exprimé. Elles créent un sentiment général de détente et d' épanouissement. C'est la révélation qui résout et restaure ...
Une vérité qui ne fait que séduire mon l'intllect ne vaut pas grand chose. Page 300

Le monde réel est fait de causalité, des lois universelles de la nature, de la soumission à ces lois, de l'acceptation des vérités générales et contraignantes, mais il ignore les recettes toute faite.

En creusant nos propres profondeurs nous atteignons cette couche caractérisée par le saurien, où coule un flot de vie éternelle, qui traverse la nature, dans lequel et par lequel s'effectue toute croissance convenable et où tout s'accomplit de si parfaite façon qui ne reste plus ni convoitise, ni extravagances.
Cette plongée en soi est de la plus grande importance. Page 303
Par excès d'intelligence, nous ne trouvons pas l'accès aux profondeurs ; nous sommes hypnotisés par la prétendue toute puissance de la volonté ... Nous immolons le monstre.
Or ce monstre incarne le système nerveux inférieur, l'instinct qui est ainsi tué en nous.
Dénué d'instinct, l'homme est semblable à un papillon ivre qui voltige sans but.
Quand l'homme à succès se gonfle exagérément il est contredit par son inconscient. La contradiction s'exprime d'abord dans les rêves ; si le sujet ne l'accepte pas, c'est à la réalité qu'incombera la mission d'imposer cette acceptation, avec tous les heurts fatals que cela comporte. Page 305

Si nous abordons un rêve dans une attitude d'attention, d'amour (religieuse) il pétille de significations ... Un rêve ne livre son secret que si nous le remplissons, tel d'une sève, de notre réflexion. Il peut alors faire surgir le problème fondamental, crucial d'un individu dont il dévoile les profondeurs, actualisant en un suprême débat sa conception des choses.


On voit des névroses éclatées de 40 à 42 ans chez l'homme, de 35 à 40 ans chez la femme, à cette période de la vie où l'on dirait qu'une nouvelle vie débute, la plupart des données essentielles de l'époque antérieure tendant à s'inverser.
notes petit séminaire:Dans cette deuxième partie de la vie les tâches sont accomplies mais il y a insatisfaction car le projet du soi n'est pas réalisé. Le moi s'efface pour laisser place au soi. Page 307

Quand dans un rêve le monstre se dirige contre le rêveur, c'est qu'il se dirige contre l'attitude consciente adoptée, contre le courant de vie actuel. C'est une puissance ante aux treize rêveur de reconnaître l'existence d'une puissance qui va à l'encontre de sa conscience.
Nous ignorons ce que sont ces puissances mais nous les réprimons. Dès qu'on leur prête vie et leur accordons une attention suffisante ainsi que nous leur donnons le temps de se développer le cocon rébarbatif peut engendrer un magnifique papillon. Page 3O8


04/03/98
Poignard: entre dans la catégorie générique de l'arme, englobée elle même dans le concept plus général d'instrument. Le poignard, de même que l'épée, la lance ou la flèche, est une pièce forgée pour un but précis, en réponse à une intention, à une volonté qu'elle marque.
Tout instrument relève d'une intention, d'une volonté déterminante qui concrétise ses moyens sous cette forme.
La volonté du poignard est celle de transpercer ; il veut atteindre son but ; il évoque la pénétration dans une direction précise, ce qui le rapproche de la clé.
Les primitifs attribuent à l'instrument ou l'arme qu'ils manient, tel à un être magique, une âme qui connaît le but pas atteindre: si la pointe du poignard trouve le coeur de l'adversaire, c'est qu'elle le cherche; le poignard conduisant la main du combattant...
L'instrument, non encore différencié de l'intention qu'il traduit, sert de réceptacle à sa projection. page 315

L'enfant (dans le rêve de Tolède) peut se risquer dans l'antre du serpent, qui a pour lui des sentiments amicaux et qui est même son protecteur. Seul l'enfant sans malice, l'homme sans méfiance, peut ne pas s'effrayer de la présence d'un serpent, tous les autres humains en ressentent une profonde terreur.
C'est là un des secrets de l'enfance qui s'évanouit avec elle : l'être, en grandissant, oublie le secret de la totalité enfantine, de l'enfant qui sait laisser vivre en lui tout un monde sans le paralyser de réflexions, de jugements, de condamnations.
L'enfant vit dans une sorte de jardin du Paradis où tous les êtres croissent pacifiquement côte à côte.
Ce secret s'évanouissant avec l'âge nous pouvons dire que seul un insensé est en état de pressentir par la suite cette totalité envolée et d'affronter sans peur son démon intérieur.
C'est par la grâce de l'enfant que le serpent dit au rêveur que toute l'Espagne lui appartient.
Le pays entier signifie l'idée de totalité, incluse déjà dans la suzeraineté de Tolède.
C'est parce que le serpent défends l'accès à la totalité de l'être qu'il faut descendre jusqu'à lui ; le serpent en exprime lui-même le désir et adresse la demande pressante de lui restituer l'enfant. En d'autres termes, et en passant au général, l'âme inférieure, l'instinct profond en nous, aspire à retrouver l'enfant.
Au lieu de cela, on lui prodigue force conseils tenus pour raisonnables.
Le serpent réclame expressément l'enfant joueur et sans malice; car ce n'est qu'avec lui qu'il peut s'entendre, et non avec l'adulte, le moraliste ratiocinant, qui ne sait guère que pontifier du haut de sa conscience. Page 317
L'ami au teint sombre symbolise l'ombre du rêveur. Ou nous connaissons notre ombre ou nous ne la connaissons pas; dans ce dernier cas que, nous avons fréquemment un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, dont nous le chargeons gratuitement, qui la détient comme si c'était la sienne, et
auquel en incombe l'entière responsabilité; c'est notre "bête noire", que nous viliandons et à laquelle nous reprochons tous les défauts, toutes les noirceurs et tous les vices qui sont en propres les nôtres !
Nous devrions prendre à notre compte une bonne part des reproches dont nous accablons autrui ! C'est l'histoire de la paille et de la poutre.
La volonté est un bien culturel dont la naissance coïncide avec l'origine de la culture. Tant que la volonté est inexistante, il n'est pas question de culture.
La volonté n'a pris naissance et force qu'au cours des millénaires, et c'est pourquoi elle est toujours symbolisée dans les rêves sous forme d'instrument transmis de toute antiquité, de trésor ou d'arme hérités des ancêtres. Page 310