« Les contenus de l'inconscient personnel sont des acquisitions de la vie individuelle, tandis que ceux de l'inconscient collectif sont des archétypes qui ont une existence permanente et a priori. »

Les archétypes sont des structures énergétiques, organisatrices de la psyché (« modèles de pensée » innés)) ; ils sont au plan mental ce que les instincts sont au plan biologique : des modèles d'action et de comportement (cf. pattern of behavior)

C'est par l'archétype que la conception inconsciente donne à l'instinct sa forme et sa fin .
L'instinct évoque dans l'esprit l'image archétypique qui lui correspond, et cette image, à son tour, devient le moteur du comportement du sujet.

Images virtuelles, ils sont à la fois comme le sédiment de toutes les expériences vécues par la lignée ancestrale; ils en sont le résidu structurel, mais non les expériences elles-mêmes et à la fois on peut voir aussi en eux les facteurs qui créent la réceptivité à l'expérience, la rendant ainsi possible.

Dans l'inconscient personnel, les images-souvenirs sont pour ainsi dire pleines parce que vécues alors que les archétype contenus dans l'inconscient collectif sont en quelque sorte des images vides car nous ne les avons pas encore vécues individuellement.
C'est seulement quand elle est associée à un vécu concret qu'une image virtuelle prend vie, acquiert un sens et une influence sur nous mais ce faisant elle s'ampute de son ampleur.

Ainsi les parents, la femme, l'homme, les enfants, la naissance et la mort etc sont des images existant en nous sous forme de disponibilités psychiques innées et qui vont acquérir une teneur en tombant en concordance avec quelque chose de vécu.

Cette conception d'archétype nous aide à comprendre les exigences d'absolu que l'on adresse à l'autre (=mère, conjoint, enfant..) car nous cherchons à retrouver en lui l'absolu de notre image virtuelle.

Certains archétypes apparaissent de façon régulière (l'ombre, la bête, l'anima, l'animus, la mère, l'enfant, le vieux sage) et d'autres reflètent des situations individuelles précises.
Cf. rêves:
1)je croyais que le chien que l'on entendait pleuré était celui enfermé dans la cave. Je réalise que non que c'est celui qui est glacé de peur car il a croisé (et pourtant il le connaissait) le "grand serpent " (dragon) . Normalement sous la terre, il traverse de temps en temps les pièces (de notre vie) pour nous rappeler qu'il existe et peut tout faire basculer ? Changer?..

2)des gradins à l'extérieur, une grande affiche de la Belle et la Bête. Je m'installe. Le spectacle est organisé par la blanchisserie lumière. Au milieu des gradins un homme me montre une femme, en souriant, et les prospectus qu ils tiennent dans les bras, qu'ils vont distribuer. Je suis concernée par cette distribution.

3)Ma mère a des branches qui poussent dans le dos. Je les lui taille mais comme elles repoussent, ma mère me dit qu'elle dois aller se faire opérer pour enlever la racine.
Pour les enfants les parents sont souvent des dieux. La mère est trop investie de l'archétype; ce qui rend cette jeune femme de 30 ans "servante à la mère" , dans le rêve comme dans la réalité. Tant que c'est sa mère qui porte l'arbre elle ne peut s'en séparer. Enlever la racine exprime son désir de se séparer de la mère.


Les archétypes sont des symboles dotés de sens multiples et inépuisables..
Le jugement intellectuel va chercher à établir leur univocité mais ainsi passera à côté de l'essentiel,( car la seule chose que l'on puisse établir comme caractéristique de leur nature, c'est leur multiplicité de sens, l'abondance presque infinie de leurs rapports )

Tous les archétypes possèdent un aspect positif et un aspect négatif.. ( "ils contiennent tout ce qui il y a de plus beau et de plus grand de ce que l'humanité a jamais pensé, senti ou éprouvé, mais aussi toutes les pires infamies et les plus infernales inventions dont les hommes ont pu être capables".)

Ils sont paradoxaux dans leur principe ; ainsi l'esprit est à la fois "senex et juvenis" (comme nous le montre la tradition alchimiste) et le vieux sage peut aussi être le magicien démoniaque.

Les archétypes sont des types normaux de l'imagination et se présentent partout;
Seulement dans certaines circonstances ces figures, jouissant déjà d'une certaine autonomie, se libèrent totalement du contrôle de la conscience et engendrent alors des phénomènes comme ceux rencontrer dans la psychose.
L'élément pathologique ne se trouve pas dans leur existence mais bien dans la dissocation de la conscience, désormais incapable de dominer l'inconscient.

Même sans dépasser cet excès, comme leur mode d'action est de s'emparer de la psyché pour l'obliger à transgresser les limites humaines ils provoquent toujours exagération et inflation psychique.

Dans l'analyse des rêves il est important de savoir que quand un archétype est constellé, il a automatiquement des ramifications avec les autres archétypes .
Nous devons rester attentif à l'émotion et au sentiment exprimé par la personne afin de découvrir la nature unique de la situation psychique exprimée par l'archétype constellé. Sinon nous risquons de nous perdre dans des chevauchements de significations; d'empiler simplement du matériel comparatif. On passe à coté..

Nous avons vu que l'adaptation du moi à la réalité se fait au quotidien par les différents mouvements de la libido.
Ces mouvements peuvent être suivis à travers le vécu de la personne mais aussi à travers les rêves.
C'est par les rêves que nous observerons comment la libido peut rester accrochée ou coincée dans des mécanimes inconscients, des complexes ou des archétypes.
Car si les conséquences se voient dans le vécu, les strucures, elles, sont atteintes et se révèlent dans les rêves. Le rêve permet la reprogrammation génétique.
Canaliser la libido, l'énergie vitale, la répartir entre le moi et les plans archétypiques assurera une meilleure adaptation à la réalité.
Cf.rêves


Les images archétypiques dans un rêve permettent d'inclure le cas personnel (paraîssant unique et insoluble) dans un cadre général; ainsi par l'archétype, l'individu est relié à l'humanité toute entière. Cette image peut avoir une action apaisante ...

L'archétype est psychoïde: il est à la jointure entre la psyché et le soma et opère dans les deux domaines. Ce qui fait qu'il peut s'exprimer autant par les mythes, l'imaginal, les images symboliques que par la souffrance, la pathologie, ou, plus légèrement , par des fantaisies du comportement, des formes de style, de voix, de maintient etc..

Les archétypes se présentent souvent sous forme de projection.
Quand nous projettons ces contenus archétypiques nous oscillons entre une adoration extravagante et un mépris de la personne (cf. le couple et la projection de l'animus)
Dans l'introjection, c'est idolâtrie de nous-même ou la mise en pièces.
L'erreur est d'attribuer à une personne ou à soi-même les contenus de l'inconscient collectif.
Cf. rêves

Les archétypes sont naturellement à l'ouvre partout et toujours.
Ainsi, même dans des rêves perçus comme banaux, du quotidien, l'énergie de l'archétype est toujours sous-jascente.

Les archétypes dont nous parlerons aujourd'hui sont l'ombre, l'anima, l'animus et le soi. Ce sont les trois premiers qui perturbent le plus souvent le moi.

Nous reconnaissons facilement ces figures dans la mythologie : « l'ombre » dans l'adversaire et le représentant du monde chthonien obscur ; la « syzygie » dans tous les couples divins ; « le Soi » dans toutes les images de totalité et d'unité.
Quant au niveau personnel et individuel il nous est plus difficile de reconnaître l'action de ces archétypes et d'accepter de prendre la part qui nous revient. C'est pourquoi l'ombre, l'animus et l'anima apparaitront en général comme projection sur des êtres humains et le Soi comme mythologème religieux.

L'ombre, la syzygie et le Soi sont des facteurs psychiques dont on ne peut se faire une idée suffisante que par une expérience.
Dans une vision intellectuelle on ne connaît que les mots et on ignore la substance de l'intérieur :
« concevoir » intellectuellement un fait psychologique n'engendre rien de plus qu'un « concept » et ce concept ne représente rien d'autre qu'un nom. peuvant être manié sans peine.. et ne possèdant aucune substance. .. C'est pourquoi, on ne le répètera jamais assez « Psychologiquement on ne possède rien tant qu'on n'en a pas fait l'expérience. » (D.M.I.)

Ainsi, pour pouvoir être intégré, tout contenu doit être devenu conscient dans son double aspect (cf. spectre de la lumière, dans son aspect positif et négatif, dans son aspect archétypique et instinctif) et ne pas être seulement saisi intellectuellement, mais compris selon sa valeur de sentiment.
Car c'est la qualité affective qui indique dans quelle mesure le sujet est touché : c'est par « l'affect », devenu conscient, que l'individu se trouve impliqué et en ressent tout le poids de sa réalité.
Dans la pratique, par défaut ou inadéquation d'affectivité subjective, une idée collective importante en elle-même, sera représentée le plus souvent dans un rêve par un attribut secondaire, par un aspect déprécié d'elle-même (un dieu figuré par son attribut thériomorphe) ou alors, dans son contexte archétypique.
Rêve :
-En arrivant dans le temple je regarde le sol et je suis frappée par la crasse. Des oeufs trainent sur le sol en offrande, certains sont brisés (et blessent-ils comme du verre?) D'autres pourrissent là. Au fond je vois quelqu'un -une forme- en prière qui devient de plus en plus grand.
Au niveau des articulations quatre grosses boules (Y a t-il une tirette?) J'ai l'impression de voir quelque chose de métallique. "Je ne voudrais pas attrapper cette maladie" c'est vrai qu'en Inde traînent beaucoup de crasses. Je sens que je n'ai pas envie de rester ici. J' ai peur même si je sais que si je suis bien avec moi-même je n'attraperai rien.
Mais justement je ne peux jamais être sûre que je serai bien avec moi-même, sans faillir. En regardant mieux c'est un animal-femme immense avec dans les pattes quatre seringues qui injectent un traitement en continu pour la soigner (la nourrir). Je suis horrifiée, affolée, cette bête-femme (comme une statue) est immobilisée (pour toujours?) par ces soins.

 

L'ombre

L'ombre représente en premier lieu l'inconscient personnel. Elle est généralement la première figure accessible à l'expérience et apparaissant dans les rêves. Réaliser l'ombre « consiste à reconnaître l'existence réelle des aspects obscurs de la personnalité » (Aïon) et est le fondement indispensable à toute connaissance de soi.

L'ombre peut être repérable dans les rêves et les fantasmes par des figures qui ont le même sexe que le sujet.
Suivant le principe de polarisation de l'énergie psychique chaque position engendre son contraire ; aussi l'ombre est d'abord l'opposé du conscient, et les personnages,
acteurs des rêves et des fantasmes, auront des traits de caractère et des façons d'agir qui seront la contre-partie de la personnalité consciente ; au plus le conscient est unilatéral au plus ils sont accentués.

Ces personnages incarnent des pulsions refoulées ; mais leur analyse montre qu'ils représentent aussi des valeurs rejettées par le conscient. Par exemple, face à notre modèle collectif de l'individu combatif, l'ombre va se former du côté de la faiblesse.
« S'il est vrai que l'ombre d'une vieille dame retenue et timide peut être une danseuse de flamenco, une personnalité puissante peut avoir dans son ombre un enfant débile. »

L'ombre représente aussi ce qui manque à la personnalité ; ce qui aurait pu vivre et qui n'a pas été vécu. Ainsi, dépassant le refoulement, elle attire l'attention sur ce qui naît à partir d'un choix. Elle met en scène la « question d'identité : qui es-tu par rapport à celui que tu aurais pu être ? Qu'as-tu fait de ton frère ? » (E. Humbert)
La connaissance de soi est « un processus qui conduit à composer avec l' Autre en nous » (G.W, 14/2, § 365)
Rêves :
-je me promène autour d'un lac avec ma soeur et ma cousine. Une petite fille avec un couteau, de 8 ou 9 ans voulait me tuer. On s'est battue ; je lui ai donné un coup et le couteau est tombé par terre; nous nous sommes enfuies et réfugiées dans une maison.
Le rêve de cette jeune fille de 20 ans lui permettra de prendre conscience de son agressivité refoulée ; celle -ci s'exprimera alors dans un rêve où c'est elle qui tire sur tout le monde.
Mais ce rêve lui permettra surtout d'accepter qu'une certaine agressivité est nécessaire pour exister et affirmer ses propores valeurs. Ce dont avait témoigner ses rêves précédents. Elle associera que c'est la souffrance de cette petite fille qui l'a rendue agressive.
- Je tue une femme; elle est petite avec une robe argentée de fête; je la mets dans un sac poubelle et j'essaie de la camoufler avec les ordures. Je monte dans un appartement ; je vois un chat. J'ai peur que l'on retrouve le sac. Je veux aller aux toilettes; il y en a trois très hautes, sales, pseudotoilettes; il n'est pas possible d'aller là.
- Une petite fille métisse (Amanda) vient d'un pas cérémonieux vers nous. Il y a une sorte de débarras à mauvaises herbes, nous sommes dehors. Elle porte des fleurs rouges devant elle sur le buste. Elle vient pour se reposer. On la met sur des branchages, herbages mais ils sont dans un grand sac poubelle. On la couche au dessus. Mais des gens jettent des déchets par dessus sans la voir et elle est enfouie dans le sac. Je me dis qu'il faut la remettre à la surface sinon elle va étouffer.

- Je balançais du balcon une jeune femme, enveloppée dans un draps blanc;je la poussais et en même temps elle poussait le garde-fou et tombait.

Au delà de la personnalité réprimée ou de la conséquence de ses choix , nous trouverons aussi dans l'ombre des dynamismes n'ayant pas encore eu la possibilité de devenir conscients. cf. rêves graines, bébé. « parce que la conscience du moi n'avait pas les moyens de les accueillir. » (R.C., p. 487)

Considérés du point de vue énergétique, tous ces contenus sont susceptibles de se transformer et de devenir conscients.

Une grande partie de notre psychisme se trouve projetée dans l'environnement et nous n'imaginons pas nous l'attribuer à nous-même. C'est ce que Jung appelle « identité archaïque »
Au fur et à mesure de la prise de conscience ces composantes psychiques qui étaient entièrement projetées à l'extérieur vont se manifester dans le psychisme individuel sous des figures d'ombre.
Les zones les plus primitives apparaitront par exemple sous forme d'animaux à sang froid ( rêves avec les crocodiles, le dragon, l'hydre) ou aussi sous forme de cataclysmes naturels. « Jung parle de la queue de saurien que l'homme civilisé se cache à lui-même et qu'il devra un jour redécouvrir. »
En se présentant au conscient comme des figures d'ombre, ces composantes deviennent partenaires et une histoire devient possible entre elles et le moi. Ainsi « De rêve en prise de conscience, et de modification du comportement en rêve nouveau, on voit l'ombre réagir et changer. Elle demeure cependant comme l'éternel Antagoniste, car elle naît, sous d'autres formes, du développement même du sujet. Toujours elle est « l'ensemble de ce que le sujet ne reconnaît pas et qui le poursuit inlassablement » (G.P. p. 267). »

Dans la pratique clinique on voit combien la prise de conscience de l'ombre provoque des conflits mettant en cause les habitudes, les croyances, mais aussi les liens affectifs. Son expérience désarticule le moi en lui faisant perdre ses repères et vivre une régression.
L'expérience de l'ombre est pour Jung la porte du réel car le conflit dû à sa prise de conscience fait sauter les identifications imaginaires.
L'ombre, jusqu'à un certain point, moyennant discernement et bonne volonté, s'intègre dans la personnalité consciente.
C'est par son aptitude à se laisser plus aisément discerner et réaliser qu'elle se différencie de l'animus et de l'anima, lesquels sont nettement plus éloignés de la conscience et ne sont donc, dans les circonstances habituelles, que rarement, sinon jamais perçus.

Quand certaines projections ne se laissent pas délier facilement et que les symboles qui surgissent renvoient non pas au même sexe, mais au sexe opposé, à la femme chez l'homme, et vice versa c'est qu'elles n'appartiennent pas du tout au domaine de l'ombre, du même sexe, mais bien à celle du sexe opposé. On rencontre alors l'animus de la femme et l'anima de l'homme.

« L'ombre peut être pénétrée sans difficulté par une certaine autocritique en tant qu'elle est de nature personnelle. Mais là où elle est en question comme archétype, on rencontre les mêmes difficultés qu'avec l'animus et l'anima ; en d'autres termes, il appartient au domaine du possible de reconnaître le mal relatif de notre nature, tandis qu'avoir un regard direct sur le mal absolu représente une expérience aussi rare que bouleversante. » (Aïon p.23)
Rêves :
-A la recherche d'un captif que je suppose être le mal. Je l'ai vu mais il est imprenable.

-Volutes de fumée qui montent et m'emportent avec elles dans l'espace. Elles disent: "Je suis le Principe du mal." Je pense au léviathan. Je suis effondrée d'être à ce point dans le mal.
C'est le rêve suivant qui permettra de prendre au niveau personnel
-Pays lunaire. Sur une plate-forme désertique je rencontre un couple. Ils sont Adam et Eve et lui construit une statue de gitantesque pour Zeus ("faire" "faire"). Elle me parle et m'accueille. Je regarde la statue et la trouve dure, comme une machine. Son ventre est un jet gravé dans la pierre (eau ? Lumière ?). Elle s' ébranle car il y a une "attaque" et le jet alors s'anime. La femme me dit qu'il faut quitter les lieux car le désert est dangereux ( aride, il brule, mais aussi il y a des hordes qui circulent et détruisent tout) . La vie, la nature est en-dessous, en bas. Elle me conduit aux pieds de la falaise pour sauter. "Mais nous allons -je vais- m'écraser !" Elle me prend la main et me dit : "ne regarde pas, fais-moi confiance et saute. "
Je lui donne ma main et saute, mais je regarde de temps en temps. Je crois d'abord que nous allons nous écraser sur une terrasse, mais non le vide continue, finalement j'aperçois de l'eau. Nous allons tomber dans de l'eau c'est pour cela que nous ne mourrons pas ... Mais là j'ai peur de l'impact, de descendre trop profond et de manquer d'air. Je me prépare à une eau glaciale. Mais quand nous tombons dedans elle est agréable, fluide. Je remonte le plus vite possible car je manque d'air. (Nous sommes à nouveau sur la terre.)


Anima Animus

« Sur le plan archétypique, « c'est un couple divin » dont un des partenaires, grâce à sa nature de « logos », est caractérisé par le pneuma et le noûs,c'est Hermès aux multiples chatoiements, et l'autre, grâce à sa nature d'« éros », porte les traits d'Aphrodite, d'Hélène (Séléné), de Perséphone et d'Hécate.
Le pouvoir de ces « dieux » ou puissances inconscientes, croît proportionnellement à leur degré d'inconscience.. »

Au niveau individuel ces deux archétypes ont une importance particulière : constituant notre adaptation et notre lien au monde interne, inconscient, ils sont l'expression de notre comportement envers le processus psychique. Ainsi, ils compensent notre adaptation au monde externe ( que Jung appelle « persona », expression de notre adaptation au milieu). C'est pourquoi le conscient de la femme est féminin, son inconscient est masculin.. et inversément pour l'homme :
« Alors que, dans l'attitude externe de l'homme logique et réalisme prédominent ou sont, pour le moins, son idéal, chez la femme, c'est le sentiment qui tient le plus de place. Dans l'âme, c'est le contraire ; intérieurement, l'homme s'abandonne aux sentiments et la femme délibère. »

Si le rêveur est un homme, il découvrira donc une personnification féminine de son inconscient, tandis que nous trouverons des personnages masculins chez la femme.
« L'anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient masculin. Chez la femme, à l'inverse, l'élément de compensation revêt un caractère masculin » (l'animus)

Cette polarisation et complémentarité de l'anima et l'animus par rapport au conscient organisent, pour Jung, tout ce qui met en cause l'identité sexuelle du sujet (en effet notre différenciation sexuelle n'est pas que physique, concrête ; elle est aussi psychique et demande une confrontation intérieure) ; ces deux archétypes organisent aussi notre disposition à la relation avec l'autre sexe.

Ces qualités féminines chez l'homme, masculines chez la femme sont toujours présentes et ne trouvent pas nécessairement leur place car souvent elles gènent l'adaptation au milieu ou à l'idéal établi.
Comme tous facteurs inconscients, ils sont actifs dans la vie quotidienne et conditionnent notre vie affective.

Par contre, quand ils sont intégrés, ils donnent à la « conscience de l'homme sa capacité de relation et d'alliance et au conscient de la femme, une capacité de réflexion, de délibération et de connaissance de soi-même. » (G.W. 9/2,§ 33)
Aussi, tant qu'ils restent indifférenciés, le lien à l'autre pour l'homme, l'affirmation de soi pour la femme, restent l'attribut du sexe inconscient..

Développement :
Rappelons que l'archétype est la disposition innée à l'expérience .. « Il n'est pas d'expérience humaine, et aucune expérience n'est d'ailleurs possible, sans une disponibilité subjective .. Ainsi toute la nature de l'homme présuppose la femme et sa nature, aussi bien physiquement que psychiquement » (D. M. I. p.168 - 169) et inversément , toute la nature de la femme présuppose l'homme.

Par cette notion d'archétype, Jung renverse les perspectives habituelles puisqu'ainsi il affirme que cette composante féminine du psychisme de l'homme ne vient pas d'une intériorisation de l'image de la mère ; ni d'une intériorisation de l'image du père (pour l'animus, chez la femme). Mais il considère plutôt que les parents sont la première actualisation de cette disposition innée et les premiers porteurs de leur projection (la mère pour le fils, et le père pour la fille).
Ce sont, pour lui, les propriétés numineuses (surnaturelles, divines) provenant de l'archétype collectif de l'anima et de l'animus qui rendent l'imago de la mère et celle du père si influentes.
« L'anima n'est pas une figure substitutive de la mère, mais, au contraire, il y a beaucoup de vraisemblance pour que les qualités numineuses qui rendent l'imago maternelle si dangereusement puissante dérivent de l'archétype de l'anima, qui s'est incarné à nouveau en chaque enfant mâle » (G,W. 9/2,§ 26)
« Chaque mère et chaque bien-aimée est ainsi forcée de devenir le véhicule et l'incarnation de cette image sans âge et omniprésente, qui correspond à la plus profonde réalité dans l'homme » (G.W.9/2, § 24).

Ces imago, contrairement à celles des parents, devront être maintenue associées au conscient de l'homme ou de la femme puisqu'elles contribuent au dévelopement de leur identité sexuée, de leur relation à l'autre sexe et de leur relation à leur monde intérieur ou inconscient.

Le caractère de ces figures sera déterminé chez chacun d'abord par la représentation collective innée que l'homme porte en lui de la femme, et la femme de l'homme et ensuite par les expériences que chacun va faire au cours de sa vie avec les partenaires de même sexe et de l'autre sexe. (ex construction du masculin chez un jeune garçon par rapport à l'animus de sa mère).

Ces différents facteurs vont se condenser en une sorte d'entité qui suivra ses propres lois et interviendra dans la vie comme un élément étranger, tantôt utile, tantôt dérangeant, voire destructeur et parfois s'intégrant difficilement dans le processus psychique.
Pour Jung, nous attribuons naïvement à notre Moi des réactions qui viennent en fait de l'anima ou de l'animus. Dans ce cas nous nous identifions à ce complexe autonome. «.. tout se passe comme si nous vivions dans une espèce de demeure qui, pour le moins, présente des portes et des fenêtres qui ouvrent sur un monde dont les objets et les présences agissent sur nous, sans que nous puissions dire pour cela que nous les possédons. » (D.M.I.p.186 )

Cette entité (Anima- Animus) se manifeste sous forme diverses dans les rêves et les fantasmes : « Ces deux figures, l'anima et l'animus, personnages de pénombre et de clair-obscur, qui sont comme les sentinelles des sombres arrière-plans .. ont des aspects presque inépuisables » D.M.I.p.197

Les effets de l'anima et l'animus :
L'anima et l'animus ne sont pas symétriques, ils ont leurs effets propres : possession par les humeurs pour l'anima inconsciente, par les opinions pour l'animus inconscient (D. M. I., p. 217)
« L'anima inconsciente . se manifeste par une humeur instable et un manque de contrôle de soi qui finissent par corrompre les fonctions jusque-là sûres et raisonnables, par exemple l'intelligence » (P. T., p. 164).
Pourvouyeuse d'illusions, de séduction, elle maintient l'homme en dehors de la vie.

Quant à l'animus
« il consiste non pas en réflexions, mais en opinions. J'entends par ce terme des suppositions a priori affichant une prétention presque absolue à être prises pour la vérité. .. L'animus adorant argumenter.. ce qui est en cause c'est la puissance de la vérité ou de la justice. Le « père » (= la somme des opinions transmises) joue un rôle important dans l'argumentation féminine..» Aïon
C'est l'animus qui transforme un point secondaire en thèse essentielle et qui complique une discussion par des arguments et des raisonnements qui se voudraient logiques et critiques.

Interprétations, avis, insinuations et fausses reconstructions sont aussi des expressions de l'animus ; sentimentalité et ressentiment des expressions de l'anima.

L'animus cherche la logique et la vérité pour la sécurité et la puissance qu'il y trouve. L'anima fait le succès d'une idée en fonction de son esthétique. Ils entrainent ainsi la personnalité qu'ils dominent dans un auto-érotisme secondaire.

D'un point de vue positif aussi bien que négatif, la relation anima-animus est toujours émotionnelle et empreinte d'animosité :
« Quand l'animus et l'anima se rencontrent, l'animus sort son épée de pouvoir et l'anima projette son poison d'illusion et de séduction. Le résultat n'est pas toujours négatif, puisque les deux sont également prêts à tomber amoureux » (G.W. 9/2, § 30). Mais leur action coupe aussi la relation, la communication, entre les deux êtres.

C'est dans la mesure où ces complexes demeurent inconscients, qu'ils ont une action principalement négative et qu'ils exercent sur le moi une véritable emprise ; le côté archétypique fascine le conscient et remplit le moi « d'un sentiment inébranlable de légitimité et de bon droit » ; par son côté inconscient « sa cause est projetée »

L'anima et l'animus se projettent dans des images oniriques, littéraires ou mythologiques, mais également dans le comportement et la vie affective.
Le refoulement par l'homme de ses tendances et de ses traits féminins, et par la femme de ses tendances et de ses traits masculins, détermine l'accumulation de leurs besoins et de leurs exigences dans l'inconscient. Cette imago en devient alors le réceptable et l'homme, comme la femme, dans leur choix de l'être aimé, vont conquérir celle ou celui qui correspond le mieux à la nature de leur propre féminité ou masculinité inconsciente .

Pour Jung, l' anima apparaît sous les traits d'une femme, d'une personne et l'animus s'exprime et apparaît sous les traits d'une pluralité.
La « pluralité de l'animus, qui s'oppose ainsi à la personnalité une de l'anima .. semble devoir être compris(e) en corrélation avec l'attitude consciente. L'attitude consciente de la femme est, en général, bien plus personnellement exclusive que celle de l'homme. »
L'homme cherche la Femme dans toutes les femmes, vivant alors avec chacune, un secteur féminin correspondant à sa projection du moment, et retrouvant dans chaque femme un peu de Celle qu'il voudrait trouver. Mais aucune n'est tout à fait « Celle qu'on attend toujours ». La femme, quant à elle, cherche à retrouver tous les hommes en un seul homme: l'homme intelligent, l'homme sportif, l'homme sensible, l'homme artiste, l'homme compréhensif, l'homme héros, l'homme travailleur et aussi l'homme rêveur, l'homme altruiste, entreprenant et bon, l'homme sociable. L'homme spirituel, tendre, aimant, protecteur, etc, Elle doit bien s'avouer un jour que l'être qui vit à ses côtés offre de nombreuses lacunes.

« L'animus est quelque chose comme une assemblée de pères ou d'autres porteurs de l'autorité, qui tiennent des conciliabules et qui émettent ex cathedra des jugements « raisonnables » inattaquables. . amoncellement de mots et d'opinions qui se sont accumulés dans l'esprit de la petite fille, puis de l'adolescente depuis l'enfance, et qui, recueillis, choisis et collectionnés peut-être inconsciemment, finissent par former .. une espèce de code de vérités banales, de raisons et de choses « comme il faut ». Ces codification du raisonnable correspond donc à une réserve de préjugés ; et dès qu'un jugement conscient, compétent et valable manque.. il y est fait appel »

Intégration :
Pour pouvoir intégrer ces contenus, le travail thérapeutique consistera, d'abord à les rendre conscients , à les différencier des imagos parentales et du moi. Il faudra les différencier aussi en leur part personnelle et collective -ou archétypale.
La technique de la confrontation entre le Moi conscient et l'animus est la même que celle de l'anima, sauf que pour l'anima ce sont des fantasmes et des caprices, et pour l'animus des opinions que chacun devra considérer d'un oeil critique, non pour les refouler, mais pour pénétrer leurs origines.

Au fur et à mesure que le moi prend conscience de l'anima et de l'animus, qu'il s'en différencie et se libère de leur emprise, ceux-ci se transforment et leur action devient positive, contribuant à la maturité du psychisme et jouant alors le rôle d'une médiation avec l'inconscient.
Intégrés, l'anima devient « un éros » et « confère au conscient masculin le lien et la relation » ; l'animus devient quant à lui « un logos » et « donne au conscient de la femme la réflexion, le raisonnement et la connaissance. »

« Si les effets de l'animus et de l'anima peuvent être rendus conscients et leurs contenus intégrés eux-mêmes ne peuvent pas l'être, car ce sont des archétypes.. » Ceux-ci ne peuvent être l'objet d'une connaissance immédiate et ils restent donc autonomes. C'est pourquoi, sur le plan thérapeutique, ils ne doivent jamais être perdus de vue.

En conclusions
L'anima et l'animus sont des fonctions psychologiques dont la non-reconnaissance maintient l'autonomie et le manque de développement. Ces fonctions prennent alors le caractère d'une personnalité et au lieu de rester une fonction psychique médiatrice entre le moi et l'inconscient, elles se trouvent déroutées vers l'extérieur et projetées dans les relations concrêtes.
La femme possédée par son animus est en danger de perdre « sa féminité, son personnage féminin adapté », l'homme possédé par son anima est en danger de perdre son personnage masculin adapté.

C'est donc leur extraversion qui est la cause des manifestations désagréables de l'animus et de l'anima. C'est dans des situations intérieures qu'ils doivent avoir, chacun, leur terrain d'élection, laissant émerger les contenus de l'inconscient et permettant une adaptation dans la vie tenant compte des exigences internes de l'individu.
« A partir du moment où nous les utilisons consciemment et intentionnellement comme fonctions, l'anima et l'animus ne sont plus des complexes personnifiés mais deviennent une passerelle mènant à l'inconscient. » D.M.I.

Rêves :
-Un femme (moi) parle à Hitler : ils semblent en bon terme, mais elle doit lui rendre des comptes. Finalement, Hitler lui fait grâce et la libère en souriant. Derrière eux, des hommes sont accrochés à un mur et doivent tirer sur leur sexe de façon à ce qu'il devienne démesuré. Parfois même un bourreau les y aide en les mutilant de manière sanglante. La femme, en voyant ça, songe à dire à Hitler qu'elle est en général d'accord avec lui, mais cette fois, c'est trop dur. Elle n'en fait rien et je me réveille.

-Par deux fois, j'ai rêvé qu'il y avait une entaille à mon violon.
-Toujours dans la même grande pièce, il y a beaucoup de bibelots en désordre. Je me vois encadré, très grand, en couleurs avec une cravate bleue; apparaît et disparaît mon professeur de yoga au milieu des bibelots.
-Dans un capharnaüm incroyable une dame avec des lunettes ..m'inspirant un dégout incroyable.
-Je suis à l'académie sur le point de donné un concert de violon avec la pianiste; je me retourne, elle n'est pas là. Elle est allée rejoindre les autres professeurs de l'académie qui entourent ma mère.Les autres professeurs ovationnent ma mère.
Ma mère terrasse le directeur de l'académie;elle est assise sur lui. Je suis désemparé; je me rends compte qu' elle est handicappée des jambes, qu'elle a deux prothèses.
-La salle est bondée. Je suis sur scène. Soudain, un homme saute de ...(l'entresol?) sur scène. Une femme gît à mes pieds. Cet homme s'exprime, me semble-t-il, en Anglais et semble dire:"mieux vaut être mort qu'aveugle!"

Les images du féminin chez ce patient de 31 ans, homosexuel, en couple depuis trois ans et accepté par les familles, sont rares dans les rêves.
Nous trouvons une grand-mère et une soeur malades d'une maladie incurable, une ancienne prof style années 30, une ancienne étudiante plus agée, jolie mais pas attirante, une mère avec son enfant dont il est le protecteur, une fille que lui et son ami doivent ramener à Bruxelles.
Puis vient ce rêve archétypique :
-Trois femmes en or, nues mais dorées, sauf leurs yeux, vivantes. Elles me regardaient intensément et sculptaient sur le sable leurs propres figures.
Il est pris par l'archétype divin, la déesse : le féminin est en or, inaccessible. Les sculptures dans le sable sont plus accessibles moins archétypiques mais pas encore humaines. Il est important de remarquer que ce n'est pas lui qui les sculpte. Ainsi c'est l'archétype lui-même qui vient au devant de son manque pour venir animer ce manque. Le 3 = dynamique de l'inconscient
C'est bien le mouvement archétypique qui est premier et non le moi ; ce n'est pas non plus le soi qui agit ici car il n'est pas encore déintégrer de l'archétype.
Un an plus tard apparaissent ces images :
Il y a trois femmes : une adolescente qui va être enceinte (à côté de moi), un professeur qui est enceinte (au tableau), un professeur qui ne veut plus être enceinte et me parle de sa césarienne (assise dans la classe).

-Je vois des jambes écartées comme une femme pour faire l'amour enveloppées dans un linceul de momie et coupées du tronc au niveau du bassin.
Il associe cette coupure de l'instinct à sa souffranc par rapport à la 'loi maternelle' : reproches, chantages étau.. Pour lui le lien entre l'instinct et l'intélect est la sexualité. Il décide alors de se lancer dans l'étude d'un peintre cubiste (« brutal,instinctif en lui non exprimé »)
Ce rêve exprime aussi la bessure de la pulsion de vie et de l'anima.
-. Nous arrivons dans un lieu voué à Dieu, une sorte d'édifice tout en hauteur, couvert de fresques dans l'esprit de l'iconographie religieuse. Des saints sur la voûte, une ouverture de lumière au sommet d'un dôme. On se dit que c'est le principal édifice de ce genre dans le pays. Nous sommes venus assez nombreux pour écouter une sorte de prêtresse, une femme aux pouvoirs étranges qui semble diriger cette « secte ». Elle veut nous convaincre de ses pouvoirs et nous propose de le prouver. Chacun doit se mettre debout, une main au-dessus de la tête comme s'il tenait une tiare invisible. Elle nous dit que nous allons voir et sentir cette tiare, qu'elle va apparaître, se matérialiser. Elle lance quelques paroles convaincantes et je sens sous mes doigts serrés les rebords d'un objet qui vient de se matérialiser sur ma tête. Un miroir placé devant moi ,plus loin sur un mur, confirme par le renvoi de mon image, qu'une « tiare » brune est bien présente sur ma tête. C'est saisissant et pourtant tout le monde -les autres semblent avoir vécu le même phénomène- reste assez septique. Je rencontre la « prêtresse » et elle voudrait visiblement faire de moi son adepte. Cela ne m'intéresse pas vraiment. Je ne sais pourquoi, cette « prouesse » ne m'a pas convaincu. Je reconnais être troublé mais je m'éclipse de ce lieu sans m'attendre à y revenir.
La tiare est pour lui le pouvoir absolu. Il dira « Ce rôle que je reçois de ma mère et qui me met en situation de devoir ».
Le magique est interpelé et lié à la toute puissance de la femme, représentée par la prêtresse. C'est ce pouvoir magique de la femmme qui le fascine et l'enferme. Il dira aussi « Je dois lutter pour faire apparaître mon féminin car ma mère impose le sien.
- J'assiste à un office dans une église. Je suis très distant de ce qui s'y déroule, (une cérémonie de mariage ou une simple messe ?) car je n'accorde aucune importance à ces falbalas religieux d'autant moins que l'assistance semble plongée dans une ferveur généreuse et naïve. Soudain apparaît devant l'assemblée une femme en « costume de scène », comme pour une représentation. Elle commence, par une magie indéchiffrable à se transformer visuellement. Elle passe d'une apparence à une autre, totalement différente. Je retiens notamment une mutation qui s'opère sous nos yeux sous la forme d'un oiseau au long bec. Je reste alors béat d'admiration devant un tel prodige que je n'arrive pas à m'expliquer.
« L'anima est conçue comme une partie féminine et chtonienne de l'âme. » Celle-ci est souvent symbolisée par
l'oiseau. La transformation en oiseau au long bec qu'il associe aux rapaces fait allusion au côté destructeur de la toute puissance. Quand il y a de la toute puissance il n'y a pas d'éros. Il est aussi question du côté dévorateur du féminin.

-Je suis aux toilettes genre école avec ma mère. J'enlève mon pantalon pour faire pipi. Je sens quelque chose de terrible : il y a un Dutroux qui vit avec nous qui par moment devient fou. Il m'attrappe et je crie «maman ». Elle le tue . C'est de ma faute.
-Je suis dans une chambre avec une autre femme et un homme genre clochard, il est jeune mais il a de l'eczéma sur tout le corps et c'est un clochard. C'est l'autre femme qui m'explique que je ne dois pas être dégoutée de lui, que c'est un être humain normal et qu'il ne peut pas me transmettre sa desquamation. Puis je me vois en train de m'essuyer le corps avec une serviette que lui a employée ; un moment je me dis quand même que je vais attraper sa maladie et puis je me rassure et puis on verra mais je ne crois pas.
-Je suis dans l'espace, il fait noir comme le noir bleu de l'espace au milieu des étoiles. Je suis couchée sur le ventre, je ne peux pas bouger, je suis attachée. Il y a des gens qui sont des Vulcains. Ils me disent qu'ils vont me tuer mais pas tuer ma vie car ils vont la pomper de moi car ils en ont besoin pour leur planète. Ca m'angoisse de savoir que je vais restée en vie c. à d. mon corps mais qu'ils vont juste tuer mon Moi, je me demande comment ça sera. Il y a, je crois, Michel et mon père debout à côté de moi mais ils sont là de manière fataliste, ils ne vont rien faire pour empêcher ça, c'est inéluctable.
Avec son dos offert nous sommes dans la pulsion prégénitale, anale aussi l'homme est vécu au plan anal et non pas au plan génital. Son génital est attaché.
Vulcain c'est Héphaïstos, le boiteux, le boiteux c'est aussi Laïos, père d'Odipe. Avec son âme, sa vie, elle nourrit la planète paternelle
Emma Jung parle dans « Contribution à l'animus » d'Hephaistos : « le dieu du feu de la terre mais dont l'activité de forgeron indique que le feu est maitrisé, tandis que le Loki est une force de la nature élémentaire et indéterminée. Cet esprit du feu de la terre est le fils de la mère d'en bas, et pour cette raison la femme le connaît bien. Il a une influence positive dans ses activités pratiques, particulièrement lorsqu'elle manipule la matière ou lorsqu'elle en fait des oeuvres d'art ; ces activités deviennent au contraire négatives dans des états de tension et des explosions de sentiments ; elles sont même franchement néfastes lorsque retrouvant ses liens avec la femme archaïque, Loki agit comme instigateur ou complice. : « l'habileté diabolique et maléfique de la femme » . On pourrait l'appeler dans ce cas le Logos inférieur par opposition au Logos plus élevé »

-Une femme, violente en paroles vis-à-vis de moi, qui, après m'avoir « interloqué », tombe dans le vide d'un précipice. Je la vois sur le dos, gisante.
Déscription de l'état de son anima.
-Quelqu'un me demande de prendre une jeune fille en charge pour la déposer chez les Enfants d'Emmaüs à Bruxelles. Nous échangeons quelques mots dans la voiture. Au moment de nous quitter elle dépose délicatement un baiser sur les lèvres et me dit je t'aime. Je lui répond moi aussi. Son visage m'est inconnu.
Les Enfants d'Emmaüs s'occupent des désérhités, il dit ne pas avoir de contact avec eux et prend le rêve au plan concrêt : une rencontre amoureuse magique. Mais c'est son anima qui est déshéritée et dont il devrait s'occuper lui-même. Les E. d'E. pourraient être la thérapie mais c'est alors l'énergie de l'analyste.


Le Soi

Après l'intégration de l'ombre (première étape du processus analytique), puis une connaissance de l'anima et de l'animus, non pas intelectuelle mais bien dans sa valeur affective, amenant progressivement une conjunctio oppositorum, l'inconscient change d'aspect et apparaît sous une forme symbolique nouvelle, représentant le Soi, noyau le plus intérieur de la psyché, symbole de totalité, d'unité, de centrage.

Ce noyau est généralement représenté dans les rêves par un personnage supérieur (prêtresse, magicienne, terre-mère, la déesse de la nature ou de l'amour.. chez une femme et sous la forme d'un initiateur ou d'un gardien, d'un vieux sage, d'un esprit de nature, etc chez l'homme.
Parce qu'il se situe partiellement hors du temps, il peut prendre aussi les traits d'un jeune homme, d'une jeune fille ou d'un enfant.. (symbolisant le renouveau, l'élan vital créateur, et une nouvelle orientation grâce à laquelle tout déborde de vie et d'initiative.)
La forme humaine - quelque soit son âge - n'est qu'un des aspect emprunté par le Soi.

Pour Jung, le soi est l'imago dei, symbole d'unité et de totalité. C'est pourquoi, toutes les formulations concernant cette imago s'y appliquent.
« Le Soi est d'autre part une image de Dieu dont elle ne se laisse pas différencier. L'esprit préchrétien le savait déjà, sinon un Clément d''Alexandrie n'aurait pas pu dire que celui qui se connaît lui-même connaît Dieu. »
Et Jung précise quelques pages plus loin : « que l'on entende le mot « Dieu », dans le sens où Diotime l'emploie lorsqu'elle déclare : « L'amour, cher Socrate, est un grand daïmon ». Les termes grecs de daïmon et de daïmonion désignent une force qui s'approche de l'homme et le détermine de l'extérieur, comme la providence ou le destin. » Aïon

Jung reconnaît dans un premier temps le soi dans sa projection : les figures mythologiques et théologiques du Dieu Unique, centre du monde, sont pour lui la projection dans le cosmos de ce qui est dans le psychisme ..
La démarche religieuse est donc pour Jung extérieure et n'est qu'une projection de la dynamique unificatrice intérieure.

Cette notion de « totalité » est empirique dans la mesure où elle est annoncée dans la psyché par des symboles spontanés ou autonomes. Nous aurons des symboles de quaternité (conjonction de simple ou double paires d'opposés) et de mandalas, dont la signification comme symboles d'unité et de totalité est largement confirmée tant sur le plan historique que dans l'histoire des symboles. Aïon p. 45
Ainsi dans la conjonction des opposés, (ce qui implique d'abord séparation=sortir de la fusion, différenciation, et enfin réunion) le soi est à l'ouvre.

Cette image de « totalité » se place en face du sujet de façon indépendante, comme l'anima et l'animus et revendique une position et une valeur plus hautes que la syzygie. (Celle-ci apparaît comme « les deux moitiés de la totalité, à savoir le couple royal frère-soeur, et donc aussi comme cette tension d'opposés d'où naît l'enfant divin comme symbole de l'unité. » ( cf. la tradition alchimique))

Jung emploie fréquemment la notion de totalité dans le sens d' « entièreté » : « Loin de viser à être tout, tout posséder ou faire toutes les expériences, elle(entièreté) est corrélative aux expériences de dissociation et de morcellement. Ce n'est pas un «accomplissement total, ni une perfection ».
L'expérience du soi en résolvant la dissociation du conscient et de l'inconscient (par la conjonction des opposés) donne au sujet d'être entier.

L'expérience du soi, est une impulsion inconsciente donnant un sens à la vie et qui jaillit dans la personnalité consciente. (rappelant l'expérience unificatrice décrite par les mystiques)
C'est pourquoi le soi est aussi « l'archétype du sens » et que toute la réalité psychique intérieure de l'individu est orientée vers ce symbole.
« le comportement humain ne pourra jamais être expliqué d'une façon satisfaisante par des instincts isolés ou des mécanismes orientés, tels que la faim, la puissance, la sexualité, la conservation et la perpétuation des espèces. En d'autres termes, le but principal de l'homme n'est pas de manger, de boire, etc. mais d'être humain. » M.L. von Franz Hs.S.

Au -dessus des pulsions, ( i. R ; du spectre lumineux) « notre réalité psychique intérieure manifeste un mystère vivant qui peut être exprimé seulement par un symbole » (U.V. du spectre lumineux).
L'inconscient choisit souvent d'exprimer ce symbole par l'image de « l'Homme Cosmique » cf. les différentes traditions : Adam cosmique dans la Gnose, l'homme dans le pentagramme, l'homme total, etc.

 


Description du processus :
Jung insiste sur le fait que devenir conscient met le moi en danger car « la prise de conscience et le retrait des projections conduisent le moi à un état d'inflation ou de déflation qui ne se résoud que par l'établissement de l'axe Moi- Soi.
« L'intégration des contenus projetés dans les imagos parentales a pour effet d'activer l'inconscient, car ces imagos sont chargées de toute l'énergie qu'elles possédaient originellement dans l'enfance . La solitude dans la conscience de soi a la conséquence paradoxale de faire apparaître dans les rêves et les fantasmes des contenus impersonnels qui sont les matériaux dont sont faits certaines psychoses . Une chute soudaine dans un état d'orphelin, un manque de parents, peut - dans les cas où il y a une tendance à la psychose - avoir des conséquences dangereuses à cause de l'activation également soudaine de l' inconscient » (G.W. 16, § 218)

« Quand arrive ce moment, une compensation pleine de santé entre en jeu. Une réaction surgit de l'inconscient collectif, et lutte contre la dangereuse tendance à la désintégration. Elle est caractérisée par des symboles qui signalent, sans que l'on puisse s'y tromper, un processus de centration. Ce processus ne crée rien moins qu'un nouveau centre de la personnalité, dont les symboles montrent à l'évidence qu'il est surordonné au moi.. C'est un happening vital qui provoque une transformation de la personnalité. J'ai appelé le processus qui conduit à cette expérience le « processus d'individuation » (G,W, 16. § 219)

Des symboles d'ordre (des mandalas individuels) apparaissent dans le psychisme aux époques de désorientation ou de réorientation. Ils suggèrent une dynamique inconsciente dont les caractères sont : centre, totalité, principe d'unité, conjonction des opposés, structure quaternaire.. Ainsi le chaos devient cosmos,

Dans sa prise de conscience du soi, Jung perçut le sens de son existence et celui de la thérapie analytique.
« Je savais que j'avais atteint avec le mandala comme explication du soi, la découverte ultime à laquelle il me serait donner de parvenir. Un autre en saura peut-être davantage, mais pas moi (M.V.,p.229).

« Le centrage constitue dans mon expérience, le sommet jamais dépassé du développement, lequel se caractérise parce qu'il coïncide dans la pratique, avec l'effet thérapeutique maximum » (R. C., p. 525).

Moi-Soi
Plus les contenus de l'inconscient assimilés au moi sont nombreux et remplis de sens, plus le moi s'approche du Soi, bien que cette approximation ne puisse jamais être achevée.
Une ligne de démarcation doit être tracée entre le moi et les figures inconscientes, démarcation dans laquelle, d'une part, le moi est doté de limites raisonnables selon les normes humaines générales, et d'autre part les figures de l'inconscient ( le Soi, l'anima et l'animus ) sont dotées d'une autonomie et d'une réalité relatives de nature psychique. Abolir ces figures ne fait que renforcer l'inflation du moi. « On ne se débarrasse pas des faits en les déclarant irréels. » Aïon

Dans un premier temps, à l'instar des orientaux, Jung présente le Soi comme le véritable centre de la personnalité et le moi comme devant sacrifier ses valeurs et ses buts, afin de se soumettre à l'orientation qui vient du soi. Ces sacrifice, provoqués par la reconnaissance de l'ombre, ont les traits de ce qu'on appellera plus tard une castration symbolique. Elle en diffère cependant, puisqu'elle ne se termine pas par la seule acceptation des limites et de la mort, mais qu'elle débouche sur une relation vivante avec l'inconscient.
Ces abandons, ces pertes et ces deuils que la personnalité vit au fur et à mesure qu'elle devient consciente donnent au sacrifice du moi la même ampleur que la mort du moi enseignée dans les traditions orientales.

Dans un deuxième temps, Jung marquera nettement la différence entre ces traditions et l'expérience analytique.
« Il ne peut être question d'une totale extinction du moi, car le foyer du conscient serait détruit et il en résulterait une complète inconscience » (G.W. 9/2, § 79).
Il ne s'agit pas d'une mort du moi, mais du sacrifice de sa toute puissance. Non seulement, le moi ne disparaît pas, mais se dégageant des états imaginaires, il naît à sa réalité propre. Il est le sujet de nos choix et de nos engagements ; le seul responsable de la décision.

Le moi et le soi sont interdépendants.
Jung pointe le danger rationnaliste de la non-reconnaissance du soi, et le danger « mystique » de l'absorption du moi dans le soi. (C.G. Elie Humbert) Induisant, tout deux, une inflation du moi.
Dans le premier cas (assimilation du soi par le moi) une sphère vitale doit être ménagée au rêve et la prétention du moi endiguée par une défaite morale. (Il ne s'agit pas d'un relâchement de la moralité mais d'une activité morale dans une autre direction.) Dans le second par contre(assimilation du moi par le soi) le caractère archétypique du Soi en exercant une détermination sans limites sur la conscience, met le moi dans un espace et un temps absolus. C'est la réalité qui doit alors être défendue contre un état de rêve « éternel »

Rêves :
C'est après deux ans qu'apparaîtra chez cette femme la première image du Soi :
-Un bébé qui se perd et que je récupère ; je suis au bord d'une grande piscine, en prolongation de la mer, à moitié nue. Mon ami G. me console ; je m'en veux d'être dans la provocation car tout était harmonieux.
Les thèmes apparut pendant deux ans montre une dévalorisation du féminin, un manque de confiance en soi et en parallèle la toute puissance d'un animus négatif.

-J'avais un bébé et tout se passait bien jusqu'à ce que je doive reprendre mon activité professionnelle. Que faire avec le bébé ? Je décidai de l'emmener avec moi, mais se posèrent quelques problèmes : il fallait que je trouve des langes et un biberon pour emporter. Alors qu'apparamment il n'en avait pas eu besoin jusqu'à présent. J'ai trouvé un biberon sur une étagère dans uns salle de bain.
Le sentiment pas assez concerné idem par rapport au corps le bébé doit trop se débrouiller tout seul
-J'étais sur un gros navire marchand style cargo, celui-ci devait transporter du pétrole ou quelque chose dans le genre. Sur le bateau quelqu'un avait placé une machine infernale qui ressemblait à une assiette translucide reliée par des fils à la machinerie du bâtiment. Par instant cette assiette semblait iradier une lueur étrange, blanchâtre. Personne ne savait comment il fallait désamorcer cet engin car on savait qu'il était dangereux mais ne ressemblant en rien à ce qui existe. Je me penchais pour scruter la mer et pour demander de l'aide aux autres navires mais nous allions très vite et dépassions les autres trop vite que pour appeler au secours. Nous ne pouvions ralentir.
Le moi doit appeler au secours mais passe trops vite, il a besoin de se déprimer un peu et quitter sa toute puissance. L'assiette translucide est une image du Soi (Cf. Aïon) Mais comment se relier au Soi quand il est dangereux ? Pour que l'immunité (liée au Soi corps) redevienne positive il faut que le Soi se symbolise d'abord tel qu'il est, puis dans des images positives. Son inconscient fait peur cf. rêve Congo

-Nous devons aller construire une maison et on n'y arrive jamais.
-Maison délabrée ; j'y vis avec M. et son fils ; je ne fais plus rien, je ne vis plus que dans la salle de bain. M. essaye de m'en sortir. Non, je ne veux pas ; jour après jour je fais couler de l'eau, prends un bain. Je laisse déborder la baignoire. Il faut recommencer sans arrêt : couler un bain et aller dedans. Quelque chose s'use dans cette salle de bain, est frotté et en même temps un tas de poussière, en forme de cône, augmente.
Ce cône est une promesse du Soi.

- J'ai rendez-vous avec une dame pour la location d'un stand . Au moment où elle me parle j'ai des glaires dans la bouche qui doivent sortir et qui sortent en masse comme un glaçon gris, à la forme d'un galet durcit, allongé, oblongue, comme un petit menhir. Je le tiens en mains.

-Nous remontons un cours d'eau. La végétation est dense. Un escalier de rocher m'amène devant un petit chateau. La trappe est fermée. Je ne sais pas y entrer car je ne suis pas seule.
-Un oeuf avec un foetus mort liquéfié à évacuer. Ce n'est qu'une fois l'oeuf nettoyé qu'un nouveau bébé pourra naître.
C'est le faux-self qui doit mourir.

-Faisceaux de lumière en forme d'étoile, carré et cercle ; nous jouons ensemble et chacun par ce jeu devient plus fort.
On retouve dans ce rêve les mandalas, symbôles du Soi. Dans le rêve comme dans la réalité la personne est relié au Soi et pourtant elle ne fait pas d'analyse. Ce qui confirme l'observation de Jung que c'est un processus naturel. Ce rêve montre aussi que de la dynamique d'interaction et le lien entre le Moi et le Soi, les deux sont renforcés et continuent leur évolution positive, conjointe.

-une voix qui dit "L'omniscience" est ce qu'il y a de plus difficile à lâcher. Moi ? Mais je ne me considère pas dans l'omniscience !!
Bon aller, peut-être ...
Un tombeau s'ouvre, un homme vêtu de noir me dit : viens, donne- confie-la moi, je l'emmène avec moi.
Et il emmène dans la mort "l'omniscience" pour l'adoucir.