Au début du siècle, il y eut, dans une partie de la Chine, à Kiou-Chou, une telle sécheresse que les hommes et les animaux mouraient par centaine. Les gens essayèrent, en vain, tous les moyens connus pour obtenir la pluie. Aussi, plongés dans le plus grand désespoir, les habitants firent venir des montagnes lointaines un vieux « faiseur de pluie ».
L'homme vint dans une charrette couverte : un petit vieux desséché, qui renifla l'air avec répugnance évidente quand il sortit de la charrette. Ce vieillard sans âge demanda que l'on mette à sa disposition, à l'extérieur du village, une petite hutte et qu'on l'y laissa seul. Même ses repas devaient être déposés à l'extérieur, devant la porte
On n'entendit plus parler de lui pendant trois jours. Puis, non seulement voilà qu'il se mit à pleuvoir des cordes mais il y eut aussi une grosse chute de neige ; ce qui ne s'était jamais vu en cette époque de l'année.
Très impressionné, Le gouverneur du village, obtint un entretien avec le vieillard et lui demanda de quelle façon il s'y était pris pour faire de la pluie et même de la neige.
Le faiseur de pluie lui répondit : « Mais ce n'est pas moi qui ai fait la pluie ! Et je ne fais pas de neige ! Bien sûr que non ! »
Le gouverneur insista : « Il y avait une terrible sécheresse avant votre venue et puis après trois jours voilà qu'il pleut et neige en abondance ! »
« Oh, cela je peux l'expliquer » répondit le faiseur de pluie. « Voyez- vous je viens d'un endroit où les gens sont en ordre, alors le temps aussi est en ordre ! Mais à cause de la sécheresse, la nature et tous les hommes ici étaient perturbés, sortis du Tao. Quand je suis arrivé ici, moi aussi je me suis senti perturbé, contaminé ; c'était très grave. Je suis resté seul jusqu'à ce que je sois à nouveau en ordre. Et il m'a fallu trois jours pour retrouver mon ordre, mon harmonie avec le Tao, et c'est alors ajouta-t-il en souriant, c'est alors naturellement qu'il s'est mis à pleuvoir et neigé ! »