SYMPTOME et PRISE DE CONSCIENCE
"La prise de conscience n'est pas comme on l'a cru d'abord , la condition suffisante de la disparition de symptôme; ce n'est qu'une condition préalable. Comme nous l'avons soutenu, la prise de conscience permet surout la reconstitution d'une série, le rétablissement de la continuité d'une ligne: le résultat essentiel, c'est que dès lors, l'énergie peut circuler librement. Mais le sens et les modalités de cette circulation dépendent d'autres facteurs. Par exemple, l'énergie qui s'est fourvoyée dans le cul de sac d'un symptôme, ne rebroussera chemin que, si le désir de guérison est suffisant, et, tant que la maladie est secrètement désirée, tant que ce désir n'est pas analysé à son tour, la prise de conscience des autres complexes ne réalisera pas la guérison."
Nous venons d'entendre Baudouin nous expliquer, qu'à trop vouloir porter l'attention sur la prise de conscience de l'origine du symptôme, nous risquons de négliger la recherche de sa fonction, de son "utilité", pourrait-on dire, dans le présent.
« Ce symptôme ne rebroussera chemin que si le désir de guérison est suffisant, et tant que la maladie est désirée...tant que ce désir n'est pas analysé, la prise de conscience ne réalisera pas la guérison. »
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Lorsqu'une représentation insupportable a été refoulée dans l'inconscient, l'énergie de l'affect, libérée dans le préconscient, est souvent reportée sur une autre représentation accessible à la perception immédiate. Tel est le schéma organisateur caractéristique de la phobie. Freud "distingue bien deux éléments dans la représentation psychique de la pulsion, la représentation et l'affect, et indique que chacun connaît un destin différent: seul le premier élément passe dans le système inconscient. Mais l'affect qui l'accompagne reste dans le préconscient. »
L'origine de la névrose ne se situe pas seulement dans l'ignorance d'un traumatisme refoulé, mais aussi et surtout dans les circonstances ayant provoquées ce refoulement. Il en résulte que l'évolution de la cure ne consiste pas seulement dans la recherche du souvenir pathogène, ou donner une explication causale au symptôme, mais dans une transformation radicale du rapport qu'a le sujet aux circonstances affectives de son passé. Le travail psychagogique ne consiste pas seulement à découvrir quelque chose de différent, mais à voir différemment l'évènement.
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Le symptôme est un texte qui n'est plus dans son contexte d'origine. C'est alors qu'il nous faut nuancer la notion de "traumatisme", en précisant qu'il peut ne pas être violent, mais seulement provoqué par une défaillance du contenant psychique dans la relation interpersonnelle. P.129