Il est certain que nous avons réussi à dissimuler un grand nombre d'instincts dans des raisons et des intentions rationnelles... Ainsi il semble que nous ne devons presque plus avoir d'instinct.
Mais si nous appliquons aux actes humains le critère de la réaction disproportionnée, de l' "all-or-none-reaction", nous trouvons d'innombrables cas où se produisent des réactions exagérées. Pourquoi ne fait-on, ne donne-t-on, ou ne dit-on pas exactement ce qui est nécessaire, raisonnable ou juste, ou vrai, et dépasse-t-on la mesure ?
Précisément parce que s'est déclenché en l'homme un processus inconscient qui se déroule sans la participation de la raison et, pour cette cause, dépasse la mesure de la motivation raisonnable. Page 100

L'archétype ou image primordiale est comme l'intuition qu'a l'instinct de lui-même ou la copie qu'il donnent de lui-même, par analogie avec la conscience, qui n'est elle-même pas autre chose que l'intuition intime du processus objectif de la vie.
Tout comme la conception consciente donne à l'action forme et fin, la conception inconsciente détermine par l'archétype la forme et la fin de l'instinct. p.102

La psychologie analytique a pour tâche de s'occuper de ces mélanges gênants des images primordiales aux conceptions conscientes. Car les exagérations dans l'action, qui repose sur l'intervention de l'instinct, sont provoquées par des conceptions intuitives, elles-mêmes dues à des images primordiales, qui déclenchent des impressions trop fortes et souvent singulièrement défigurées.
Les archétypes sont des formes typiques de la compréhension, et partout où il s'agit de compréhension constante et revenant régulièrement, il s'agit d'un archétype, que son caractère mythologique soit reconnu, ou non.
L'inconscient collectif est fait de la somme des instincts et de leurs corrélatifs, les archétypes. Tout homme possède des instincts ; il possède de même des images primordiales. Page 103