Processus symbolique :
La pensée en images ou la pensée symbolique repose sur un fondement instinctivo-archaïque.
Cette pensée dévoile des forces et des contenus créateurs et permet d'entrer en relation avec les tendances inconscientes.
Elle est le pont qui permet de conduire la libido vers des investissements plus adultes.
L'emdr favorise l'efficacité émotionnelle du symbole qui ne dépend pas d'une compréhension consciente mais d'un savoir intuitif.
Le sens prospectif du symbole y est assez net. (tentative pour pointer la voie future du développement psychologique de l'individu.) Les tendances poursuivent un but défini mais non encore reconnaissable et par conséquent qui ne peuvent s'exprimer que par analogies.

Le Symbole est la meilleure expression possible d'un fait complexe qui n'est pas encore clairement appréhendé par la conscience. Il fait référence à l'inconnu, au sens-signification et au sens-direction.

Il permet la mobilisation de la libido qui surinvestit ou désinvestit certaines fonctions, amenant ainsi des symptômes somatiques ou psychiques. Ex des douleurs dos et la dévalorisation

Le symbole est très intimement lié au danger menaçant avec lequel on peut le confondre; de façon analogue, je constate qu'en Emdr la localisation corporelle d'une tension coïncide très souvent avec celle de la détente et du bien être.

Les trois modes de déplacement de la libido sont
1) les cérémonies magiques
2) la volonté (quantité d'énergie à la disposition du conscient ou énergie libre)
3) le symbole (machine psychologique transformatrice de l'énergie)
La libido est investie dans les fonctions dont elle est la force spécifique, jamais transformable. Par l'Emdr, le symbole offre plus de pente que la nature qu'il est possible de faire passer la libido dans d'autres formes grâce à un certain excédent de libido.
Le symbole est "parabole" de la libido

C'est par la voie de l'intuition, de la révélation, que le symbole parvient à la conscience et c'est l'expérience immédiate qui peut faire équilibre à la force aveugle des instincts.

le principe d'individuation comme régulateur : face à la multiplicité et l'écartèlement
entre des éléments contradictoires se dresse une unité contractive, dont la puissance est aussi grande que celle de l'instinct. Qui plus est, ces deux aspects forment même un couple d'opposés nécessaire à l'autorégulation, couple que l'on a souvent appelé nature et esprit.
Le symbole naitrait de la tension entre un pôle instinctif et un pôle spirituel, tension qui met le Moi dans un état conflictuel dont le symbole donnerait à la fois le sens et la solution. C'est des processus instinctifs que provient la force qui met le symbole en mouvement.
Les symboles fonctionnent comme de transformateurs, en ce sens qu'ils font passer la libido d'une forme "inférieure" à une forme "supérieure".
Les symboles sont en relation avec le corps; les symboles du Soi se forment dans la profondeur du corps et expriment tout autant sa nature matérielle que la structure de la conscience qui les perçoit. Les symboles sont des corps vivants, corpus et anima...
Le processus symbolique consiste à vivre dans l'image et à vivre l'image. Son déroulement montre une structure énantiodromique et représente un mouvement de négation et d'affirmation, de perte et de gain, de clarté et d'obscurité. Son commencement est presque toujours caractérisé par une impasse ou une situation impossible; son but est une illumination ou une conscience supérieure grâce à laquelle la situation initiale se trouve surmontée à un niveau plus élevé. Le processus peut se représenter d'une façon condensée, en un seul rêve ou en un court moment d'expérience vécue ou bien s'étendre sur des mois et des années. Quoique tout soit d'abord vécu en images c'est-à-dire symboliquement, ils s'agit de risques réels auxquels, dans certains cas un destin peut être suspendu.
Seul ce qui conduit le patient au-delà de lui-même et de son emprisonnement dans le moi, apporte la guérison
L'amplification rappelle à la vie ces représentations universelles... Ainsi peut se réaliser ce changement d'attitude qui tempère la dissociation et jette un pont entre l'homme tel qu'il est et celui qu'il devrait être.

L'emdr permet une assimilation et une intégration plus organique. Le processus y est une expérience vivante car suite à l'incipit du protocole le sujet est dans sa totalité somato-psychique et son « savoir » essentiellement intuitif.

L'Emdr privilégie le sens, sens-direction or l'essentiel de la position de Jung est la question du sens, et sens-direction peut être encore plus que sens-signification.
Comme nous le conseillait Jung, le thérapeute fait crédit au processus qui se déroule.

« Toute situation constelle dans l'être l'instinct qui lui correspond, cet instinct exerçant alors, en tant que besoin vital, une influence déterminante sur le choix du symbole qui doit l'exprimer et sur l'interprétation dont relève ce symbole »

Si Jung préfère expliquer et décrire la formation du symbole comme un processus naturel et qu'il considère que la force qui met le symbole en mouvement provient des processus instinctifs, l'emdr est un outil qui nous aide à mobiliser cette force.

L'importance du corps dans le processus de transformation :

En adhérant à l'idée d'archétype de Jung je recherche sa manifestation ou son « incarnation » dans le vécu et si possible aussi dans le corps.
Car le corps est souvent le grand oublié alors qu'il est notre premier outil tant dans le développement de soi que dans le développement du Soi.
Au cours de notre vie nous accumulons les expériences et si celles-ci sont constituées d'images, notre première approche du monde est celui de la sensation corporelle de sons, parfois d'une odeur ou d'un goût ainsi que certaines. Lorsque nous sommes en contact dans le présent avec l'un des paramètres sensoriels qui composent une de ces expériences passées ou avec les croyances, les mots qui y sont associés, soit l'expérience entière peut d'émerger, soit la mémoire de cette expérience va colorier d'une certaine façon le vécu actuel.
On recherchera les stimuli provoquant un schéma constant de réponse. Ils touchent tous les systèmes de représentations mais principalement le visuel, l'auditif et le kinesthésique.
Il n'y a pas que le mot qui renvoie à une signification reliée à une ou des expériences du passé et au VAKO qui la constituent.

Utilisation en EMDR pour l'installation des ressources
En EMDR on va associer délibérément un stimulus à une expérience déterminée, positive, en ciblant les ressources dont la personne aurait besoin pour effectuer les changements qui lui paraissent souhaitables.
Même si certaines qualités semblent faire défaut au moment où elles seraient précieuses - être compétent, créatif, détendu - nous avons probablement l'un ou l'autre souvenir où nous l'avons été. Chacun de ces souvenirs peut être exploité comme une ressource et une des tâches consistera à les rendre disponibles à volonté au moment opportun.
Pour ce faire, on associe volontairement un stimulus à une expérience donnée. Une fois le lien établi, l'expérience peut être déclenchée aussi souvent qu'on le désire au moyen d'un même stimulus et servir de ressource.

L'archétype
Systèmes hérités - au niveau cellulaire c'est la chaîne d'ADN qui porte la mémoire de l'évolution et il y a encore des pages blanches à écrire (Guillé) ;

Le moi repose sur deux fondements en apparence différents : le somatique et le psychique » (G.W. 9/2, § 3).
Du point de vue somatique, « le moi est l'expression psychologique de la connexion fermement associée de toutes les sensations corporelles élémentaires » (G.W. 3 § 83).
Du point de vue psychique, « le moi semble naître d'abord du heurt entre les facteurs somatiques et leur environnement ; une fois établi comme sujet, il continue de se développer par les conflits avec le monde extérieur et avec le monde intérieur » (G.W. 9/2, § 6).


C'est la notion d'énergie qui permet cette passerelle ;
E=mc2 au niveau du corps c'est la puissance de l'affect qui mobilise cette énergie

De notre corps comme de la psyché nous en avons des aspects conscients mais la plupart fonctionnent de manière autonome et inconsciente ;
Pour moi, on pourrait regarder le corps lui aussi comme un complexe et en même temps les complexes « parlent » à travers le corps. dans nos comportements et dans nos somatisations
Il n'y a pas de changement d'humeur sans réactions, même subtiles au niveau du corps.


On constate une modification des rythmes respiratoires et cardiaques lorsqu'un complexe est activé par un mot inducteur lors du processus associatif ; de même quelqu'un peut rougir signant ainsi que quelque chose en lui a été touché
Role de l'archétype dans la fonction structurante du complexe

Comparaison fréquentes selon les théories entre les réactions humaines et animales


« il faut voir dans le symptôme une sorte d'indicateur qui va révéler la direction dans laquelle il faut rechercher la cause pathogène »
« A peine avait-on réprimé tel ou tel symptôme que celui-ci resurgissait sous d'autres traits, en un autre point de l'économie ; c'est dire qu'on n'avait point atteint au noyau même du mal. »
« rien n'empêchait de mettre en même temps plusieurs malades dans cet état de détente et de relaxation au cours duquel les souvenirs traumatisants allaient être abréagis. »
« pour toute évolution psychologique, le médecin par principe devrait laisser agir la nature et éviter avec le plus grand soin d'influencer le malade dans le sens de ses propres présupposés philosophiques, sociaux ou politiques. . chacun ne peut faire son salut qu'à sa façon. » G.P. chap1

« En général le diagnostic de psychonévrose signifie que l'état du malade est à l'opposé d'une perturbation organique, et rien de plus. »
« tout psychothérapeute a sa méthode personnelle, mais en fait, sa méthode c'est lui. » G.P. chap 2


Cette forme la plus simple de la vie nerveuse, la forme originelle, est une vie en compartiments, en segments.
Si la vie est entièrement segmentée, elle est totalement inconsciente et il n'y a pas de synthèse.
Si la vie se résume à un système nerveux sympathique il n'y a aucune conscience.
Nous pouvons comparer notre vie préconsciente avec la vie végétative des animaux inférieurs car cela s'accomplit dans la vie utérine individuelle: ce qui au départ n'est que vie végétative va se développer en un système nerveux sympathique, puis se développera la moëlle épinière et le cerveau.
Le système nerveux sympathique est lié à quelque chose de psychique "qui voit avec les yeux de la profondeur": il se présente réellement comme un organe de perception, comparable à l'oeil ou à l'oreille et est relié à l'inconscient comme l'oeil au cerveau.
Le plexus solaire joue un rôle proche de celui du cerveau, une sorte de contre cerveau... Analyse des rêves P.330

Parce que j'ai entendu différentes critiques de certains psychanalystes jungiens sur l'EMDR, entre autre, que c'était une thérapie du moi, j'ai eu envie de vous partager, comment, à travers les concepts jungiens de libido, d'inconscient et d'archétype, l'EMDR était intégrable à la pratique clinique de la psychologie des profondeurs.

Dans son article, Michaël Green écrit (Cahiers jungiens-111) : « Sous l'aspect d'un traitement cognitif et behaviouriste, l'EMDR est en fait de la psychanalyse pure, et de la psychologie analytique plus pure encore. »
Si c'est une approche thérapeutique principalement reconnue et utilisée dans les traumas et dans les thérapies dites courtes, elle met à jour ou rejoint, à son insu, dans son processus, des notions étonnamment jungiennes.
Les notions d'énergie, de transformation, de mouvement, de processus d'auto guérison, d'imagination active, de symbolisation, de fonction transcendante, d'inconscient, d'archétype, tout ce que développe Jung, non seulement, s'y expérimente, mais apporte une compréhension de « sens » à ce qui se déroule sous nos yeux . sans négligé l'aspect plus concret des sensations, des affects, des associations libres et de complexes.

Confrontés à la douleur, psychique ou physique, nous ressentons, souvent, le besoin de « faire » quelque chose.
Et avec l'EMDR si vous avez l'impression de « faire » c'est uniquement de bouger vos doigts, au risque d'une tendinite, car vous ne faites rien d'autre qu'accueillir ce qui vient, ce qui vous est donné. et après, si nécessaire, vous avez l'autorisation de lui donner sens (et encore !)
La plupart du temps c'est la personne elle-même qui, comme si ça s'éclairait pour elle, le trouve.

Le conseil au thérapeute EMDR est de rester simplement témoin de ce qui se passent ; de n'utiliser métaphores, suggestions que si le processus se bloque. Car c'est un véritable processus qui se déroule.
« Quand nous prenons garde de ne pas interrompre l'écoulement normal des événements,
notre inconscient produit une série d'images qui forme une histoire complète. Jung dit cela à propos de l'imagination active, qui s'apparente étroitement à ce qui se produit dans une séance d 'EMDR. Je crois que Jung aurait adopté l'EMDR avec enthousiasme, ravi d'avoir un moyen efficace d'accès à l'inconscient et d'activation de la « fonction transcendante » » M. G.

L'intérêt pour moi de l'EMDR c'est ce pont entre le réel, l'imaginaire et le symbolique qui s'opère spontanément.
Il est un outil qui favorise la symbolisation, que ce soit d'une douleur corporelle, d'une émotion ou d'une situation, traumatique, actuelle, passée ou même fantasmée.
Jung écrit « La machine psychologique transformatrice d'énergie est le symbole P69 E.P.»

Et ce ne sont pas seulement des images mais aussi des émotions, des douleurs, des sensations corporelles qui surgissent, passent de l'un à l'autre, s'intensifient, s'atténuent.

« Identifier le lieu d'attache d'un souvenir dans le corps est une partie importante du travail d'EMDR, et c'est ce qui conduit certains praticiens à considérer l'EMDR davantage comme un traitement corporel qu'une cure par la parole. » M. G., je rajouterais « ou par le symbole.. »
Personnellement, je ne pense pas que ce soit l'identification de ce point d'attache corporel qui fasse que le corps entre en jeu, l'ayant expérimenté .
Il semble que ce soit l'activation du mouvement oculaire ou de toutes stimulations bilatérales (puisque nous utilisons aussi le toucher et l'ouïe) qui mobilise ces différents pôles.

Jung développe l'importance du rythme dans la dynamique de la libido ; il écrit dans MAS p. 269 « Le rythme est le mode classique de l'imprégnation de certaines représentations ou d'autres activités, et ce qui doit être imprégné, c'est-à-dire fortement organisé, c'est le passage la libido vers une nouvelle forme d'activité. .
Le penchant au rythme . représente un caractère particulier de tous les processus émotifs en général.
Je pense que nous pouvons considérer la stimulation, alternativement à droite et à gauche, utilisée dans la pratique de l'EMDR, qu'elle soit oculaire, auditive ou tactile comme permettant une mobilisation rythmique de la libido.

Revenons au corps, lieu d'attache du souvenir. Jung écrit dans E.P. p.37
« . pour le psychothérapeute, dont le domaine proprement dit se trouve précisément dans la sphère critique de l'interaction entre corps et âme, il est extrêmement probable que le psychique et le corporel ne sont pas deux processus se déroulant côte à côte, mais qu'ils sont liés par des interactions dont la nature proprement dite échappe encore à peu près totalement à notre expérience... »

Reprenons la métaphore du spectre de la lumière, où Jung associe le pole IR au pulsionnel, à l'instinct et le pole UV au spirituel, à l'image et
Nous observons, suite à cette stimulation rythmique bilatérale des sens (vue, ouïe, toucher) que l'énergie peut circuler d'un pole à l'autre.

Pourquoi l'EMDR

D'abord que s'est-il passé pour que je m'intéresse à l'EMDR ?
Depuis toujours.
Cherchant à refaire le pont dans ma pratique entre le psychisme et le corps ; j'ai d'abord repris ce que je connaissais mais cela s'articulait difficilement.
Puis trois analysants m'ont parlé de cette technique, du livre de D.S.S., me demandant si je la pratiquais. N'en ayant jamais entendu parler, c'est par facilité que je suis allée à la conférence qu'il faisait à Bruxelles pour sa présentation et j'en suis sortie sceptique.
Bien qu'il rappelle à nos mémoires des choses pleines de bon sens (addidas, cohérence cardiaque, CNV.. ) cette médiatisation de GUERIR d'apparence sans effort, m'a gênée et j'avais l'impression d'un retour au « magique » dans la démonstration faite d'EMDR.

Interpellée par cette demande renouvelée de ces 3 analysants qui souhaitaient le faire avec moi, je l'ai d'abord expérimenté « à la sauvage » : avec une collègue, me basant sur la vidéo vue à la conférence, nous nous sommes exercées l'une sur l'autre.

Très vite se sont mélangées des sensations physiques et des images (alors qu'ignorant le protocole, nous étions parties d'une situation sans faire le lien à l'émotionnel ou au corps.)
Notre formation jungienne donnait tout de suite sens à ces images ; de même qu'elles rejoignaient notre travail psychanalytique personnel.
Cherchant quelqu'un de plus neutre nous avons essayé sur ma fille. Le processus était identique : sensations corporelles et images se succédaient.

C'est alors que je me décidai à suivre la formation pour comprendre ce qui se passait. Mais, si avec cette formation j'ai appris un protocole, le sens je le trouve en reliant ce que j'observe à ma pratique jungienne.

Et ce n'est pas « magique » : c'est un véritable processus qui suit son cours et qui peut même être très éprouvant pour la personne avant d'arriver à une amélioration.

Les quatre fonctions psychiques sont sollicitées au cours de ce travail. ("La sensation constate ce qui existe réellement. La pensée permet de connaître la signification de ce qui existe ; le sentiment qu'elle en est sa valeur ; et l'intuition ses possibilités d'origine et de but qui gisent dans ce qui existe.")
Nous observons aussi une forme typique de la compréhension, dont nous parle Jung P.103 E. P.« l'activité de la compréhension intuitive ».

Jung et le coté dit « magique »

Comme nous l'écrit Jung P.71 E.P. « Une cérémonie est magique quand elle n'est pas exécutée en vue d'un rendement effectif, mais se cantonne dans l'attente. Dans ce cas l'énergie est transférée sur un autre objet ; elle produit un nouveau dynamisme qui garde son caractère magique tant qu'il n'effectue pas de travail effectif .Mais ce n'est que . par le passage du stade de simple espérance au véritable travail technique sur l'objet que l'on est parvenu à la domination des forces naturelles .Nous avons donc toute raison d'apprécier la formation de symboles et d'accorder à ces derniers notre estime, parce que ce sont des moyens inappréciables qui nous permettent d'utiliser pour un rendement effectif le cours uniquement instinctuel du processus énergétique. »

Conception jungienne de l'énergétique psychique et l'EMDR

La conception énergétique de la psyché est d'une grande richesse pour comprendre les différentes dynamiques se déroulant lors de toute thérapie. Elle rend compte des mouvements
Le point de vue causal et final, régression et symbolisation

Jung soulève l'antinomie, du moins apparente, du point de vue causal et final ; conscient et inconscient. Donnant comme exemple la régression, il écrit :
« La conception finaliste considère les causes comme des moyens en vue d'une fin. La régression en est un exemple simple. Elle est causalement déterminée, par exemple, par la « fixation à la mère. » Mais dans la perspective finaliste, la libido rétrograde vers l'imago maternelle pour y retrouver les associations-souvenirs grâce auxquelles le développement peut, par exemple, aller d'un système sexuel à un système spirituel. »

En EMDR si nous observons une régression des images vers le trauma ou simplement vers des événements passés, refoulés, nous pouvons aussi être témoin d'une régression, comme dans les rêves ou l'imagination active, dans les couches profondes de l'inconscient collectif avec la symbolisation d'images archétypiques.
Par exemple, chez cette jeune femme, ayant une blessure archaïque du lien à la mère, sont d'abord apparue des images du Yéti. Elle associera : « le Yéti s'occupe de Tchang, l'enfant blessé. » Puis viendront des images du Gorille au dos argenté. Elle associe : « la mère gorille s'occupe de son petit jusqu'à l'âge de 2 ans, puis il acquière petit à petit son autonomie. » Ce sont ces images là qui défileront : d'abord le petit sur le dos de sa mère qui progressivement va jouer de son coté ; tout cela dans une végétation luxuriante.

Nous parlant de la psyché, Jung écrit P.45 dans E.P. : « La conception symbolique des causae, que nous procure la façon énergétiste d'envisager les choses, est nécessaire pour la différenciation de l'âme. Les causae se métamorphosent pour elle en vue d'une fin, en expressions symboliques d'un chemin à parcourir. La valeur exclusive de la causa, sa valeur énergétique, disparaît alors pour réapparaître dans le symbole dont la force d'attraction représente le quantum de libido correspondant. On ne supprime jamais la valeur d'une causa en lui attribuant une fin arbitraire et rationnelle. Le développement mental ne peut se faire uniquement par intention et volonté ; il lui faut aussi le symbole attractif, dont le quantum d'importance dépasse celui de Ia causa. . Chez l'homme civilisé, le rationalisme de la conscience, par ailleurs si utile, apparaît comme l'obstacle le plus sérieux à des conversions d'énergie sans conflit, puisque, pour éviter l'insupportable antinomie, la ratio se place toujours exclusivement d'un côté ou de l'autre. Elle n'est, elle aussi, que moyen en vue de fin, expression symboIique d'un point d'intersection le long d'une voie de développement. »

C'est pourquoi, je pense que nous devons nous situer au-delà du débat entre les différentes écoles de thérapies : que nous abordions le problème de la personne en ciblant la cause (comme dans une thérapie comportementaliste) ou dans le cadre d'une psychanalyse, l'EMDR agit en mobilisant l'expression symbolique. Le danger est la rationalisation du symbole.

Intervient, alors, la notion d'inconscient collectif, son rôle dans la genèse du symbole ainsi que celle des archétypes et qui constitue, pour le thérapeute, un auxiliaire précieux à la compréhension des symboles individuels (aussi bien que collectifs et historiques.)

Comme l'écrit Jung dans, Racines de la conscience, pour certains la notion d'archétype va de soi.ainsi que la notion d'inconscient collectif. .
C'est sans doute, le mode de transmission typique des contenus collectifs provenant de l'inconscient : doctrine secrète, mythe, contes. et aussi la fascination dans laquelle ce monde sait nous emporter qui provoque une résistance de notre monde rationnel.

Application des principes d'énergie à la psyché et l'EMDR
- le principe de polarisation : Nous savons qu'il n'est d'énergie que là où existe une tension entre des contraires et que la nature des oppositions qui forment la base de l'énergie psychique sont l'instinct et l'esprit. (cf. P.78 E.P.) ; le courant de la libido s'établissant de la plus haute vers la plus basse tension.
(= pôle instinctuel et pôle évolutif de la pulsion)

Appliquant ce principe à la dynamique psychique, nous avons l'habitude en séance ou dans les rêves de polariser le positif et le négatif ainsi que de chercher ce qui face à une attitude dominante et unilatérale constituerait le complémentaire : le contraire et l'opposé. (par ex. l'ombre)
Positionner ces contrastes permet de trouver une pente d'écoulement à l'énergie excédentaire.

En EMDR dans la construction du protocole, on polarise en cherchant, d'abord, la cognition négative, qui est associée au trauma ou à la situation, que la personne a choisi de travailler et qui pourrait être considérée comme le point de vue causal.
Elle peut aussi être considérée comme un aspect de l'ombre personnelle et des complexes.
En effet c'est une pensée négative que le sujet a sur lui-même par rapport à l'événement mais aussi de manière plus générale dans sa vie. (par ex. je suis nul, je suis abandonné, je suis en danger.)
Puis l'on cherche la cognition positive ; c'est-à-dire, ce que l'individu aimerait penser en positif de lui-même dans cette circonstance ; ressource qu'il a (en principe) à certains moment de sa vie (je suis ce que je suis, je m'occupe de moi, je sais me protéger.)
Les contrastes sont positionnés et l'énergie psychique est ainsi mobilisée vers un but..

L'intensité de ces deux cognitions est évaluée sur une échelle numérique. Le stress, sur une échelle de 0 à 10 (appelée SUD) sera généralement élevé (entre 8 et 10) et la pensée positive, sur une échelle de 1 à 7 (appelée VOC) sera généralement perçue comme fausse ( entre 1 et 3).

-principe de conservation : « . il nous faut distinguer le principe d'équivalence et le principe de constance. p.38 E. P.»
Pour chaque énergie utilisée apparaît ailleurs une énergie de même grandeur, de même ou d'une autre forme et la somme d'énergie est toujours égale à elle-même.

Le principe d'équivalence se retrouve entre autre dans les refoulements et les formations de remplacement (cf. Freud).
La formation de remplacement est facile à voir quand elle est consciente.
Quand elle est inconsciente, selon le principe d'équivalence nous pouvons constater des indices de son activité : les rêves, les fantasmes, ainsi que l'accentuation de certains symptômes.

C'est cette relation d'équivalence entre l'énergie physique et l'énergie psychique qui est observée en EMDR : tout souvenir ou image est relié, après la recherche des cognitions, à l'émotion ressentie et à une localisation dans le corps.

Au cours du processus, tant de désensibilisation que de reprocessing, on peut observer une dynamique et une circulation de l'énergie entre ces différents pôles : images, émotions, sensations et douleurs physiques.
Parfois nous n'observons qu'un de ces aspects mais toujours ce qui est observé c'est le mouvement.

L'émotion se situant à la jonction entre pensée et corps participe, comme son nom l'indique « motion » à cette mise en mouvement de la dynamique psychique.
Au centre d'un réseau d'associations ainsi que de structures complexuelles, l'émotion permet d'accéder aux complexes, à ces « charges du passé », à la mémoire sensorielle, affective et mentale.

-principe de transformation : Une des particularités du processus de transformation
est que l'énergie transfère dans sa nouvelle forme des caractères de la forme antérieure.
Jung reprend pour cela la conception du facteur intensif mais aussi extensif de l'énergie physique. « Il existe de même un facteur extensif psychologique qui ne peut être transféré en une forme nouvelle sans que soient aussi transférées des parties ou des caractères de la forme antérieure. »
L'expérience pratique nous apprend qu'un intérêt pathologique, un attachement intensif à un symptôme, ne peuvent être remplacés que par une liaison d'égale intensité à un autre intérêt, et c'est pourquoi jamais la libido ne se détache du symptôme sans avoir trouvé ce substitut.

Je pense que la mobilisation émotionnelle en EMDR permet de toucher cette intensité ; mais je constate aussi que le processus lui-même donne valeur et intensité à l'image, au symbole et permet à la libido d'aller vers lui.

-principe d'entropie : Jung écrit : « Ces transformations d'énergie mènent aussi à la compensation des différences qui . conduit d'un état improbable à un état probable, en même temps que diminue la possibilité d'une transformation ultérieure. Nous le voyons à l'établissement d'une attitude durable et relativement immuable. Après des oscillations violentes au début, les oppositions s'équilibrent et peu à peu se forme une nouvelle attitude, dont la stabilité ultérieure est d'autant plus grande qu'étaient plus fortes les différences du début. . Plus est forte la tension entre les contraires, plus est grande l'énergie qui s'en dégage ; et plus est grande l'énergie, plus est puissante sa force constellante et attractive. E.P. p.47»

C'est vraiment ce que nous observons, de manière très ciblée, dans l'EMDR, surtout quand nous partons d'un SUD entre 8 et 10 et un VOC entre 1 et 3.

« A cette plus grande attraction correspond une plus vaste étendue du matériel psychique constellé, et plus grandi cette étendue, plus diminue la possibilité des troubles ultérieurs qui pourraient résulter de différences avec le matériel non constellé auparavant. C'est pourquoi une attitude résultant de vastes équilibrations est particulièrement durable. . P.47 »

En ce qui concerne la psyché il faut admettre un autre principe celui de l'intégration.
En effet l'expérience nous apprend qu'il ne suffit pas de découvrir les choses, de les comprendre rationnellement ni de les mettre en tension, il faut encore les intégrer.

Pour Jung, c'est la fonction sentiment - fonction d'évaluation subjective - qui permet cette intégration.
En EMDR, nous observons, soit une intégration progressive, soit « immédiate » : au grand étonnement des personnes elles-même, leur comportement à changer.
Je pense que c'est grâce à la fonction intuition dont Jung nous parle comme compréhension « instinctive »


Le rôle de la symbolisation :

« La machine psychologique transformatrice d'énergie est le symbole E.P. p.69 »

Et ce n'est que dans le cas où le symbole offre plus de pente que l'état « naturel » qu'il est possible de faire passer la libido dans d'autres formes. P.71

Jung a « donné au symbole qui transforme l'énergie le nom de parabole de la libido, entendant par là des représentations propres à traduire la libido par des équivalences et à la conduire ainsi vers une forme autre que la primitive. »
C'est, pour moi, cette dynamique de la parabole de la libido que j'observe en EMDR.

Il écrit aussi « Jamais les symboles ne furent inventés consciemment ; au contraire, ils furent produits par l'inconscient, par la voie dite de la révélation ou de l'intuition. » Et « . l'esprit tend à réprimer la formation individuelle de symboles »

Ainsi, d'un coté, j'observe une fonction intuition activée par l'EMDR et d'un autre coté, une certaine concentration de la fonction mentale sur le mouvement bilatéral qui va diminuer sa répression.

Parce que c'est la formation progressive de symboles, qui a et libère encore l'homme de ces angoisses et l'a et le conduit à la civilisation, je pense que dans notre société actuelle, toutes possibilités permettant à chacun la création de symboles individuels est à considérée.

Dans toute son ouvre, Jung insiste que « seule une expérience immédiate peut faire équilibre à la force aveugle des instincts. »

Dans l'EMDR, Il y a quelque chose de cette expérience immédiate, en tout cas chez certaines personnes ; un peu comme avec les grands rêves archétypiques.
Et même, sans être nécessairement archétypique ou numineuse, dans cette mobilisation du réel, du symbolique et de l'imaginaire, le sujet expérimente simplement une dimension de lui-même qu'il sent, vit dans son corps, ce qui déjà le mène vers un équilibre.

Archétypes, inconscient collectif et EMDR

Autres réflexions

L'alternance (balancement positif-négatif ; passé-présent ;

La recherche de la réaction du parasympathique dans la stimulation provoquant une intégration quasi immédiate.

Cas Cliniques :

J'ai choisi 2 cas qui illustrent la pratique de l'Emdr, intégrée dans une analyse jungienne et 1 cas purement symptomatique puisque je reste aussi médecin dans ma pratique.

1° Isabelle a aujourd'hui 36 ans ; quand elle me consulte en mai 2000, (elle a déjà fait d'autres thérapies) c'est principalement pour des difficultés relationnelles avec sa mère, une rivalité avec son frère de 7 ans son aîné et des crises dans ses relations amoureuses. Très vite, quelque soit la relation, elle se sent utilisée, abandonnée, pas choisie. Aussi ses relations amoureuses sont houleuses, émaillées de crises violentes où l'Animus est roi. Pendant 4 ans, elle est venue chaque semaine avec une implication qui portera ses fruits. Lors de ce travail, j'ai vraiment pu observer comment les rêves (elle en faisait beaucoup) opéraient en elle, ainsi que l'action particulière des archétypes, comme entre autre, l'énergie réparatrice de la nature (« le dragon de jade »)
Quand nous faisons la première séance d'EMDR Isabelle va vraiment très bien et la relation aux parents et à son frère est excellente depuis 1,5 ans. Elle vit à ce moment une tension avec une collègue où se retrouve le conflit de rivalité, l'infériorisation qu'Isabelle reconnaît et gère assez bien. Ce qui m'a motivé de lui proposer l'EMDR c'est le malaise physique qu'elle ressent quand elle parle à cette collègue.
Isabelle choisira, pour la première séance, un souvenir scolaire où elle s'est sentie mortifiée.
Nous ferons, en tout, 5 séances d'EMDR (la base restant l'analyse de rêves) entre mai et décembre sur des souvenirs différents car entre temps elle a démarré une relation amoureuse. elle dira elle-même qu'elle sent qu'elle a changé, ne fait plus de crises mais reste très sensible quant à la jalousie, l'exclusion. C'est cette problématique actuelle que nous ciblerons.
Ce que j'ai trouvé intéressant chez elle c'est la dynamique et le lien des thèmes apparus tant dans les rêves que lors de l'EMDR ; même si les souvenirs étaient différents, l'émotion restait la colère et la sensation corporelle principalement dans le ventre et le plexus solaire.
Voici quelques images relevées :
Séance 1 : souvenirs et pensées .; vague de chaleur ; rouge, orange ; le cour grandi ; descend dans le ventre ; comme de la lave qui sort ; qui pousse vers la tête ; une jeune femme en haut irradie ; vague de chaleur blanche et verte ; énergie apaisante.
Séance 2 : nous retrouvons la lave qui sort ; vagues de lave .
Séance 3 : douleurs violentes ; cour et gorge serrés ; pâte à modeler verte et noire ; chaleur dans le ventre ; . mon ventre est une grotte ; il y a une marre foncée ; rouge, bouillonnante ; grotte immense, moi et une autre personne ; ouverture vers le ciel bleu et blanc ..
Séance 4 : (suite) boule ronde ; 5 couleurs ; une maison se construit ; (période bénie de l'enfance ; images de Victor ; Paris=trahison) ; grotte dans ma tête ; décès du grand-père tout le monde à P., moi à V.
Séance 5 : douleurs au ventre ; la lave ; comme une fontaine jaune et noire ; changement de couleur ; c'est comme si on construisait une colline ; une maison ; une maison qui s'installe sur un organe rond ; la vue ; (souvenirs de vacances positifs à la mer en famille ; images tendres de la vie de famille ; vacances à Madagascar) ; fontaine d'eau qui s'autogénère ; vacances en Afrique où je me respecte et je fais ce que j'aime ; .. ; un oiseau ; un grand rapace ; communication ; je monte sur son dos ; c'est une mise à distance : je vois le paysage ; calme.
Après chaque séance, les images et l'énergie mobilisée ont agit directement sur la situation.

2° Céline : quand elle consulte en 98, elle a 32 ans, célibataire et travaille avec son père. Elle a 4 fait ans de thérapie Freudienne et un travail avec Bill. Son objectif : vivre mieux les situations et sortir de ses habitudes. Après 2 ans elle fait une pose : elle a changé de travail et est dans une relation stable ; pour la première fois elle envisage de vivre avec quelqu'un. Céline est une jeune femme charmante avec un animus qui ne sait pas se taire et d'apparence très autonome ; durant ces 2 années il y aura des rêves récurrents montrant sa dépendance affective, un coté infantile qui restant gérable au plan concret, ne l'interpellera pas trop ; il y a aussi beaucoup de violence dont un rêve qui m'a fort touchée :

11-07-00
. je vais jouer avec les enfants dans la terre, je veux faire un bain de boue pour mes jambes mais en grattant la boue devient du sable plein de petites bestioles, alors je renonce.
Sur le bateau. J'ai de l'hypertension. Je retourne à la cabine. Le couple avait fait l'amour avec un sabre. Ils étaient ensanglantés. Je deviens un des 2 (l'homme) et propose d'aller se laver la figure et les mains, on allait mourir. Puis je réagis, je suis la femme et retourne chercher l'infirmière d'urgence. Je perds des morceaux de moi-même par le vagin, comme du foie, que je dépose dans l'évier et j'explique ce qui c'est passé

J'ai toujours pensé que ce rêve, difficilement analysable à l'époque, avait contribué à l'arrêt de sa thérapie 6 mois plus tard.
Au début de la reprise, elle dira d'ailleurs qu'elle ne note pas ses rêves car elle a peur qu'ils « montent. » Et en effet, ce sont à nouveau des rêves de terrorismes, de violence, de guerre, sauf un où elle crie à sa voisine : « arrêtez ce carnage »
C'est après 1,5 an d'arrêt, qu'elle reprend son travail : la vie (cette fois en couple et en famille) est, à nouveau, contraintes et difficultés ; elle s'arrête à chaque détail et fait des crises d'abandon, de larmes, de « terrorisme relationnel » répétitives.
Cet animus nous donne du fil à retordre, dans sa vie comme dans les séances.
Après 2 ans, nous avons fait 3 séances d'EMDR sur une de ces scènes ; dès la 2ème séance l'élément tranchant apparaît ; c'est une épée associée à 2 poupées, la sienne et celle de son frère ; (elle fera spontanément le lien avec son rêve) ; il y a une fontaine sans eau puis 2 très fines épées croisées, noires ; puis vient un nounours en peluche avec un révolver braqué sur lui ; le p'tit oui-oui dans sa voiture, tombe dans un précipice ; il se transforme et c'est un homme d'affaire qui remonte à la surface.
A la 3ème séance c'est un pic à glace ; métal ; une rose en métal ; le pic vient casser la glace ; le fer se change en formes allongées beiges, puis en perles à facettes et de couleurs (cf.bijou), . un homme au gymnase se transforme en un cheval turquoise.

Peut être à tort, je me réjouis, voyant dans oui-oui l'animus puer et dans l'homme au gymnase, une forme assez physique de l'animus.

Voilà ce qu'elle rêve entre les 2 séances:
« Je suis sur la lune ; je dois plonger dans l'océan pour revenir sur la terre ; pour cela il faut savoir retenir sa respiration. et c'est quelque chose que je ne sais pas faire : peur »
« Une crèche dans une figue en noix de coco »

Après les trois séances d'EMDR, elle traverse une phase dépressive (régression) puis observe à son grand étonnement un changement : sur quinze jours, elle n'a eu que 2 crises qu'elle a réellement bien gérées et qui n'ont pas envahi tout son environnement.


Le cas clinique somatique

Christian 49 ans
C'est un cas particulier ; il consulte depuis 95 pour sa fille qui est handicapée profonde et que je vais suivre pour pouvoir diminuer, puis arrêter, les nombreux médicaments qu'elle prend ; je vois de temps en temps (en homéopathie) sa compagne aussi. En mai 99, il me consulte sur la découverte d'une hépatite C ; analyse faite sur un épisode d'ictère important en février. Il l'associe directement à un événement : contacté par une ancienne petite amie, elle lui apprend qu'il y a 20 ans, quand elle a rompu, elle était enceinte et a avorté. Je le revois une fois en 2000 pour les effets secondaires de son hépatite.
En mai 2004 il consulte pour un cancer du foie (5 tumeurs) ; sa demande est assez ciblée : le soutenir pour la chimio et travailler sur l'événement qui pour lui est déclencheur.
Voici les 2 rêves qu'il amène à cette séance

21/05/04
Je monte dans ma voiture, je démarre ; j'ai le sentiment qu'elle me parle et veut bien démarrer mais elle fait 50 m puis s'arrête et me dit : j'en peux plus fiche-moi la paix.

Dans une région où tout se mélange (famille italienne, présence de sa mère) Ma voiture est parquée en face d'une boucherie- traiteur. Je suis surveillant-éducateur dans un collège de filles uniquement ; c'est le même directeur. Que des petits problèmes ; je supervisais les bobos de tout le monde. Je veux reprendre mon véhicule car Yvonne m'attendait à la maison (petite maison dans la prairie) ; il est complètement détruit, saccagé et il ne restait que les 4 roues. Un de mes frères vient me rechercher et on ramène le véhicule à la maison. Je suis plus allégé mais soucieux.

Il associe très nettement son cancer et son hépatite C à des images :
Je me fais bouffer par une gueule immense ; HC= mes Grimlings ;
L'événement pour lui déclencheur : Yvonne et le directeur ; au retour à la maison il s'est roulé par terre de douleur et voyait cette gueule ; c'était le 15 décembre 2003 et il dit : je l'ai entretenu toute l'année.

04/06/04
2 rêves où il s'est réveillé en sursaut parce qu'il se voyait faire une crise d'épilepsie et qu'il était marqué d'être dans cet état « comme si trop plein intérieur devait sortir et ne trouvait que ce moyen.

1ère séance d'EMDR/ situation du 13/12/03
Image de la bête
CN : je n'existe pas
CP : je suis bien moi ; je suis ce que je suis
Emotion tristesse

11/06/04
J'allais chez des gens qui s'inquiétaient de moi

09/07/04
Mon entourage (collègues, élèves, Yvonne, inconnus) au courant de mon état de santé mais ils sentent que je vais bien et ils me demandent d'organiser une réception de 1000 personnes. Je dis « OUI » Je suis sensé ne rien faire (administratif) c'est avec un ami à Bruxelles ( traiteur juif)
On se retrouve dans la salle, à Bruxelles ; il manque dans le plafond une barre d'attache (au décor) ; personne ne veut aller la chercher. Je prends ma voiture ; je vais la chercher. Rue de La Loi ; il y a un tram devant mais le conducteur est à l'arrière : il me regarde. Je suis ce tram ; je ne vois que ses yeux ; il porte un masque blanc et a un air malicieux. Il freine et arrête son tram ; je rentre dedans ; tout l'avant est déformé ; le tram s'en va ; je reste sur le coté. Inquiétude de trouver ma barre et qu'on m'attend. Je rentre dans un café ; une dame (flamande) avec une autre (sa fille ?) ; elle me dit : je vous respecte : vous puez.
Je me vois me sentir et me dire qu'il n'y a pas de raison.
Je contacte Yvonne pour lui signaler où j'en suis : problèmes de voiture, retard.
A ce moment, changement de décor : voiture toujours endommagée ; dedans il y a Marie et Yvonne. Je me retrouve dans une petite rue à Namur, devant une moto, derrière une camionnette. Il y a un T ; la moto au carrefour stoppe ; de la droite arrive une voiture qui stoppe ; il y a un accident ; une autre rentre dedans ; des personnes éjectées ; une troisième voiture vient écraser les personnes éjectées. La police intervient pour la circulation. Service d'ordre ; nous fait partir de cet endroit ; ma voiture s'accroche à l'arrière de la moto ; c'est lui qui me guide : aucunes possibilités de maîtriser où je vais. Il me tire des kms finalement sur une grd-route elle se détache (Soignies) je peux reprendre la maîtrise de mon véhicule.

 


Accueillir-confronter

Nous connaissons, chez Jung, pour l'activité du conscient, les 3 verbes : Laisser advenir, considérer ou engrosser et se confronter avec.
En EMDR, nous pouvons les sollicitons spontanément.

Pente à l'énergie chercher une pente à l'énergie a été le travail de Jung

Nous savons que toute somatisation a une évolution progressive (d'où l'intérêt des différentes médecines énergétiques, de la psychothérapie, permettant d'agir avant la lésion cellulaire)

Différentes approches thérapeutiques du cancer (Simonton, Sabba, Hamer, Morel, Guillé) nous montre combien une prise en charge psychothérapeutique peut être favorable à l'évolution de le guérison.
Pour différentes raisons, d'ailleurs.
Avec la découverte du cancer, se profile l'angoisse de mort.

A l'époque où elle écrivait ce livre (1984), Etienne Guillé (biologiste moléculaire) parlait de la cellule cancéreuse comme d'un appel biologique à l'immortalité : la cellule cancéreuse ne mourant jamais.

L'auteur continue « intègre cette cellule étrangère à son fonctionnement » ; personnellement, je ne dirais pas « intégrer » car le cancer et le corps évolue chacun pour leur propre compte.
Ainsi un réel clivage entre la tumeur cancéreuse et le reste du corps s'installe ; comme si le corps sain et le corps malade était 2 « personnes » différentes.
Dans un cas ce clivage amena l'encapsulement et l'isolement de la tumeur. Ce qui permit l'opération et une guérison totale (15 ans).
Par contre j'ai aussi vu l'évolution fulgurante d'un cancer du pancréas alors que nous étions plusieurs médecins à suivre cette personne en suspectant un problème de cour. Rien ne transparaissait dans les analyses et examens encore 3 semaines avant son décès, malgré les douleurs amenant la consultation.
Des tests de mise au point énergétique (comme la cristallisation sensible et le Mora) montraient au contraire un assez bon équilibre de l'ensemble du corps et du psychisme comme s'il avait été « maintenu » par le cancer.
Ce clivage me fait penser au développement de l'auteur sur la psychose et la similitude de mécanisme avec le cancer.

Au-delà du symptôme

Nous ne mesurons jamais assez l'impact de la vie pulsionnelle sur le corps même si nous avons tous un accord tacite que ce que nous efforçons de taire, le corps va se charger de le crier plus fort encore.
Et comment face à un symptôme décoder le langage de la loi biologique, qui est, à légal de celui de la psyché, un langage symbolique.

De nombreuses méthodes existent (Hamer, Sabba, A. de Souzenelle, médecine ayurvédique etc.) et pose la question : « Qu'est-ce que ce symptôme dit de moi ? »
Que ce soit, selon la méthode, au plan causal ou dans la recherche de sens.

Aucun de nous n'est à l'abri de l'éclosion somatique, et cela dans la mesure où chacun n'est pas à l'abri d'une fragilité dans son économie narcissique.
Nous pouvons tous être soumis à des débordements et passons tous par des moments alexithymiques et opératoires.

Pour certain (comme Denise Morel) l'acte-symptôme que représente la maladie, se produit au moment où le sujet vit une blessure narcissique trop forte ou une perte objectale brutale.
Du point de vue jungien, nous dirons que si la

Et si, dans cette implosion énergétique nous nous dérobons (et c'est ce que nous avons plutôt tendance à faire dans un premier réflexe) à la perception de la douleur psychique et ne retenons que le décodage effectué dans le réel, le corps décodera une menace biologique.

A l'heure actuelle on considère que la maladie est le résultat de différentes forces :
- une activité conflictuelle psychologique dépassant un seuil de tolérance physiologique ;
- l'interprétation cérébrale neurologique que le sujet en fait (d'où l'effet positif des états modifiés de conscience) ;
- sa traduction biologique ou la réponse du corps (car il y a toujours réponse du corps : une émotion= une hormone, un influx nerveux ..) Cette réponse du corps, comme les contenus psychiques, a une énergie qui lui est propre et qui évolue pour son propre compte, surtout si elle n'est pas reliée au conscient. (clivage ; corps étranger)

Ce qui est, à mon sens, une expression de l'aspect psychoïde de l'archétype.

Dans la genèse du cancer ( mais pour moi, c'est valable pour toute autre somatisation, dans une intensité variable) on observe une rupture entre Réel, Imaginaire et Symbolique.
La transcription somatique est le passage dans le réel d'une angoisse (de mort, de séparation etc.) et signerait la faillite de l'imaginaire ; faillite qui expose l'individu à une certaine forme de robotisation.

A nouveau, nous retrouvons l'aspect psychoïde de l'archétype reliant esprit/matière, psyché/corps, et qui nous aide à maintenir le pont entre Réel, Imaginaire et Symbolique.
Ainsi la circulation de l'énergie psychique entravée dans un de ces trois registres, chacun expression différente d'une même unité (la Vie), viendra alimenter celui qui, dans notre unilatéralité, lui sera le plus facilement accessible : le Réel, le corps.

Chopra, se référant à la physique quantique, décrit avec d'autres mots cette approche :
« L'esprit et le corps sont un tout indissociable. L'unité qui est « moi » se sépare en deux flux d'expérience. J'éprouve le flux subjectif sous forme de pensées, d'émotions et de désirs. J'éprouve le flux objectif sous la forme de mon corps. Or, à un niveau plus profond, les deux flux se rencontrent en une source créatrice unique. C'est à partir de cette source que nous sommes censés vivre. »
. Il nous rappelle que les atomes qui constituent nos cellules et qui se renouvellent ont circulés des milliards d'années dans le cosmos . que nous incorporons l'expérience qu'ils portent (littéralement, « transformons en corps ») ; . que nos cellules vont métaboliser les données de cette expérience selon nos opinions personnelles . que nous devenons physiquement l'interprétation à mesure que nous l'intégrons à notre personne. que le corps est comme un rêve explicite, une projection tridimensionnelle des signaux cérébraux qui atteignent ce que nous appelons l'état de réalité. Il nous propose de regarder le corps comme un processus et non comme un objet ou un autre.

Dans cette approche, je retrouve le concept jungien d'inconscient personnel et collectif. Ainsi dans toutes somatisations nous pouvons, comme les apôtres, trouver différents niveaux. ( L'enfant aveugle « qui a péché ?.)

Derrière de nombreuses somatisations nous pouvons retrouver un événement traumatique spécifique.
Ce qui nous déroute parfois pour le repérer, c'est que l'événement qui déclenche le processus de dégénérescence n'est pas nécessairement plus grave que ceux que l'individu a déjà surmontés.
Ce qui est important c'est qu'il s'inscrit dans un imaginaire irrecevable.
Cas clinique de Nicole R

Pour certains, le trauma à l'origine du développement cancéreux est souvent associé à une menace de castration, à une menace de mort et serait une des issues pour refuser la menace de castration et un témoignage du non-accès à la castration symbolique.

Pour moi, le cancer n'est qu'un aspect de la symptomatologie d'une angoisse de mort ; j'ai effectivement rencontré un enfant de 11 ans atteint d'une dégénérescence brutale du nerf optique après avoir vu un monsieur se noyer à la plage.

Le processus énergétique est toujours le même : la menace de mort refoulée met l'inconscient au travail pour la faire apparaître tant dans le réel physique que psychique.
Face au trauma, l'inconscient, répartit la tâche, atténuant les effets de l'un et de l'autre et diminuant ainsi la force et la gravité de la transcription somatique.

C'est pourquoi une dépression peut être réellement salutaire puisqu'une partie de l'énergie inconsciente y sera mobilisée.

A l'heure actuelle, en psychotraumatologie on considère qu'il y 3 aspects que l'on retrouve dans un trauma : la menace d'intégrité physique, un sentiment d'impuissance

Je trouve aussi intéressant la référence qu'elle fait à l'imago maternelle archaïque dont le lien profond se trouverait recouvert par le déséquilibre somatique.
De telle sorte que la mère (ayant failli à sa fonction de pare-excitation) deviendrait une mère mortifère refusant à l'enjeu érotique sa dimension symbolique et provoquerait sa réduction au registre du réel, directement somatique.
Il faudrait donc pouvoir analyser suffisamment en profondeur la relation de chacun à l'image de la mère archaïque .

Nous retrouvons certains aspects soulevés par Denise Morel avec d'autres mots chez Montangerand et Baudouin :

« Le symptôme est un texte qui n'est plus dans son contexte d'origine. C'est alors qu'il nous faut nuancer la notion de "traumatisme", en précisant qu'il peut ne pas être violent, mais seulement provoqué par une défaillance du contenant psychique dans la relation interpersonnelle. P.129 »

Lorsqu'une représentation insupportable a été refoulée dans l'inconscient, l'énergie de l'affect, libérée dans le préconscient, est souvent reportée sur une autre représentation accessible à la perception immédiate. Freud « distingue bien deux éléments dans la représentation psychique de la pulsion, la représentation et l'affect, et indique que chacun connaît un destin différent: seul le premier élément passe dans le système inconscient. Mais l'affect qui l'accompagne reste dans le préconscient. »

L'origine du symptôme ne se situe pas seulement dans l'ignorance d'un traumatisme refoulé, mais aussi et surtout dans les circonstances ayant provoquées ce refoulement. Il en résulte que l'évolution de la cure ne consiste pas seulement dans la recherche du souvenir pathogène ou donner une explication causale au symptôme, mais dans une transformation radicale du rapport qu'a le sujet aux circonstances affectives de son passé. Le travail psychagogique ne consiste pas seulement à découvrir quelque chose de différent, mais à voir différemment l'évènement. (rôle de l'EMDR)

« La prise de conscience n'est pas comme on l'a cru d'abord, la condition suffisante de la disparition de symptôme; ce n'est qu'une condition préalable. Comme nous l'avons soutenu, la prise de conscience permet surtout la reconstitution d'une série, le rétablissement de la continuité d'une ligne: le résultat essentiel, c'est que dès lors, l'énergie peut circuler librement. Mais le sens et les modalités de cette circulation dépendent d'autres facteurs. Par exemple, l'énergie qui s'est fourvoyée dans le cul de sac d'un symptôme, ne rebroussera chemin que, si le désir de guérison est suffisant, et, tant que la maladie est secrètement désirée, tant que ce désir n'est pas analysé à son tour, la prise de conscience des autres complexes ne réalisera pas la guérison."
Nous venons d'entendre Baudouin nous expliquer, qu'à trop vouloir porter l'attention sur la prise de conscience de l'origine du symptôme, nous risquons de négliger la recherche de sa fonction, de son "utilité", pourrait-on dire, dans le présent.

Quand nous donnons un nom à nos peurs les plus diffuses, nous leurs prêtons une identité de monstres ; ainsi le loup de l'enfance se métamorphose en crabe aux pinces mortelles. En cancrelat aussi.

Je voudrais reprendre, ici, les mots de Christian, qui, me racontant, à 47 ans, sa douleur lors de l'incident susceptible d'avoir déclenché son cancer du foie, dit : arrivé à la maison je me suis couché par terre de douleur. Je me faisais bouffer par une bête ; je ne voyais qu'une gueule immense.
La symbolisation de l'affect n'a pas permis de le préserver .

Simonton soulève le critère de « force du moi » : le sujet « fort » étant celui qui sait faire face aux sentiments de crainte et d'anxiété liés à la menace du cancer.

Je pense que c'est plutôt celui qui ose soulever le voile sur le silence du mystère de sa propre mort.
Nous pourrions plus facilement avoir accès à ce dialogue, que nous fuyons, si l'entourage, comme le malade, comme le corps médical, acceptait le passage dépressif par lequel passe le cancéreux.
Or, la plupart sont sous antidépresseurs.
Je pense que ce processus d'intériorisation, d'introversion, provoqué par la dépression est une exigence interne, et qu'entravé, il ne fait que renforcer l'angoisse.

Christian, lui, n'a « jamais » fait de dépression ; au contraire il affiche un optimisme qui fait plutôt froid dans le dos. Cette menace de mort, totalement refoulée, va être projetée.

C'est en voyant sa fille de 20 ans (handicapée mentale et physique profonde depuis l'age de 3 mois) que j'ai mesuré la charge émotionnelle de son angoisse à lui.
Depuis des années son état était stabilisé sans plus aucun médicament allopathique et ce, depuis que ses crises, dites d'épilepsie, étaient entendues comme un moyen d'expression. En fait ce sont des spasmes, des cris, des gémissements avec lesquels ces parents établissent un dialogue, un toucher, qui suffit généralement à l'apaiser.
Mais depuis un mois son état s'aggravait : ces crises s'accentuaient, la localisation corporelle de la tétanie changeait et elle était très difficile à apaiser.

En entendant l'angoisse de Marie comme l'expression de son angoisse de mort refoulée, il a pu amorcer un autre dialogue avec sa fille.
Et après la première séance Marie n'avait plus de crises.

99 Hépatite C qu'il appelle « mes Grimlings »
Cancer du foie janvier 2004
L'associe à un événement le 13/12 /02. au retour à la maison s'est couché par terre de douleur et voyait une image : il se faisait bouffer par une bête=une gueule.
Image qu'il a revue en allant à la clinique au dessin humoristique de l'hépatite C.

Rêves actuels :
Je monte dans ma voiture, je démarre ; j'ai le sentiment qu'elle me parle et me dit : je veux bien démarrer pour te faire plaisir. Mais elle fait 50 m puis s'arrête et me dit : je n'en peux plus fiche moi la paix.

Dans une région où tout se mélange (famille italienne ; présence de ma mère) Ma voiture est parquée en face d'une boucherie-traiteur ; j'étais surveillant-éducateur dans un collège de filles uniquement et j'avais le même directeur qu'actuellement. Il n'y avait que de petits problèmes et je supervisais, m'occupais des bobos de tout le monde. Quand je veux reprendre mon véhicule pour rejoindre Yvonne qui m'attendait à la maison (petite maison dans la prairie) je le retrouve complètement détruit, saccagé, il ne restait que les 4 roues. Un de mes frères vient me chercher et on ramène aussi le véhicule à la maison ; j'y retrouve Yvonne, je suis plus allégé mais soucieux.

Je suis au lit à la maison, Yvonne à ma droite ; difficulté à me sécuriser dans le problème de santé que je vivais. Marie-Hélène est arrivée, s'est couchée à coté de moi ; j'étais rassuré par la présence des deux. Marie- Hélène m'a donné le sein par « obligation ».

« le sujet soumis à une perte narcissique grave est un bébé affamé, privé du mamelon rassurant »

Conversation avec MH ; discussion, écoute, besoin de sa présence : je l'écoutais et elle me stimulait.

Face à l'angoisse qu'il ressent au moment de la « perte » narcissique dont il est victime P.205 le sujet est renvoyé à sa première relation d'objet, celle qu'il a connue avec sa mère, et qui le confirmait ou l'infirmait dans la conscience de son existence.
Dans le cas où cette relation est essentiellement marquée par le manque c'est la capacité de symboliser qui s'en trouve altérée. Ainsi, c'est non seulement au manque, à l'absence, mais surtout à la mort qu'un tel sujet se trouve très tôt confronté.
P.98 toute partie du corps peut être utilisée comme lieu d'enfantement symbolique.

C'est la loi de l'équivalence qui régit le monde de l'enfant et de l'enfant en nous.
La signification affective y prévaut et donne une puissance à certaines images.
Tant que cette loi d'équivalence se maintient au niveau imaginaire et symbolique, le risque est contrôlé. P.100

En revanche, dès que cette loi cherche à forcer le réel, la fabulation enfantine devient délire du corps . je peux bien mourir et renoncer à mes défenses immunitaires, puisqu'une représentation fondamentale s'est cassée.
Me voici victime d'une complétude narcissique non dépassée, victime de moi-même et de mes attaches affectives encore trop étroites, je deviens dès lors victime du sort et de la maladie.

L'activité de représentation, après avoir été bloquée et après avoir renoncé au corps psychique au profit du corps biologique, réussit le coup de maître consistant à reprendre au corps sa parole, pour la redistribuer au corps unifié, mieux intégré et objet de symbolisation.
Face au sentiment de ne plus être sujet de sa propre histoire, le corps est regardé comme un « autre » c'est pourquoi les diètes, les cures, le rêve éveillé peuvent changer ce rapport au corps.

XXX
Si le cancer est une menace interne pour la vie du patient, il est aussi la création de l'organisme ; il s'agit donc de combattre un ennemi qui incarne la mauvaise part de soi-même, quelque mauvais objet interne.
Toute l'angoisse du malade focalisée sur la tumeur alimente une charge libidinale, un trop-plein narcissique qui doit être évacué.
Pour se libérer, le patient va chercher à l'extérieur de lui-même un représentant pouvant être à l'origine de ce mal, comme par exemple, des facteurs déclenchants.

Projeter cette charge libidinale sur quelqu'un d'autre est une manière de faire le vide et a pour objectif de décharger le sujet d'une culpabilité et d'une angoisse mortifère ainsi que de toute l'agressivité qu'il retournait contre lui-même.
Que le mauvais objet ne soit plus seulement à l'intérieur de l'individu, mais aussi en dehors de lui peut avoir un effet bénéfique. c'est l'aspect positif du bouc émissaire et sans doute l'effet bénéfique des thérapies transgénérationnelles.

Mais il est aussi un autre Autre que cet autre extérieur .

Pour l'auteur il pourrait être le non-encore-advenu, à savoir cette attitude qui intègre la castration symbolique, l'inattendu, la dépossession totale sous les traits de la mort.
C'est transformer l'angoisse d'abandon en nouvelle expérience psychique où absence, vide, séparation ne sont plus corrélés au manque, mais portent en eux ces germes de solitude permettant à l'individu d'intégrer son historicité, vie et mort, avec et sans, plein et vide.

Définition énergétique de la libido :

Après ces quelques années de recul je vois vraiment la libido comme l'ensemble de l'énergie de la vie.
Je comprends, non seulement, tout ce que nous vivons, expérimentons, mais aussi tout ce que nous symbolisons comme expression, métamorphose et écoulement ou mouvement de cette énergie vitale. comme l'expression de notre dynamique psychique intérieure.
Ce qui rend, pour moi, encore plus significative les lois, entre autres, de polarité et de ressemblance de la Table d'Emeraude que j'applique en psychosomatique.
Ainsi ce qui est à l'extérieur est à l'image de ce qui est à l'intérieur, et si je comprends l'un, je comprends l'autre.
Dans ma pratique médicale j'utilisais les lois de l'énergie : transformation, conservation, déplacement, entropie, négentropie voyant, depuis 20 ans, l'énergie vitale circulant du somatique à la dynamique comportementale et vice versa. J'interprétais le symptôme comme expression, langage de cette dynamique.
L'originalité et la puissance de l'approche jungienne de la libido se trouve, pour moi, dans la notion d'inconscient collectif et des archétypes.
Avec elle, Jung ouvre un champ fertile de sens et de compréhension mais aussi une possibilité, pour nous, d'observer la dynamique de la libido, de la vie, de la suivre, en partie du moins, dans ses mouvements et ses transformations ; mais c'est aussi accepter, qu'en tant que Nature, une part importante de la libido reste inaccessible à notre rationalité, à notre volonté.

« Tout ce qui ne remonte pas à la conscience revient sous forme de destin »
Les thérapies psychosomatiques reprennent cette phrase de Jung et continuent en disant « à contrario, tout ce qui remonte à la conscience ne revient plus sous forme de destin, de fatalité, de maladie. »
Mais Jung nous montre que c'est beaucoup plus complexe.

Ils partent, aussi, du principe que tout symptôme est langage et information.
Or, Jung nous dit que la parole est une extraversion de la libido. J'extrapole : « tout est langage, tout est information sur la dynamique de la libido de nos attitudes psychiques à nos symptômes corporels. »

Notre biologie ne sait pas faire la différence entre le virtuel et le réel ; c'est la conscience qui peut faire cette discrimination et cette différenciation. Mais comment faire cette discrimination sans léser l'un ou l'autre pole et en laissant à César ce qui à est César et à Dieu ce qui est à Dieu ?
C'est, à mon sens, à travers le support de la symbolisation que différenciation et unification peuvent se faire. C'est le chemin que nous propose Jung, mais ce chemin, que prend la libido va vers un but.
Mais je ressens que ses déplacements, ses détours s'ils visent des tentatives d'exploration, d'expérimentation des tendances que la libido porte en elle-même, la quête, le mythe, est l'unification de ses tendances, donc le Soi.
Jung réunit dans le modèle du spectre lumineux la relation entre l'archétype et les modes de comportement instinctifs ; la bande spectrale représentant l'étendue du psychisme.
Il nous montre, par ce modèle, la réalité unique de ces deux pôles, instincts et archétypes, corps et esprit.
Dans MATIERE ET PSYCHE, M. L. von Frans écrit P.21
« Ces deux pôles n'offrent aucune liberté, mais des automatismes. Plus les processus psychiques se transforment en modèles de comportement et en processus physiologiques, moins il y a de liberté, les réactions se faisant de plus en plus automatiques et prévisibles. Le même phénomène intervient dans le pôle ultraviolet de l'esprit. Les personnes possédées par une idée ne sont plus à même de l'examiner de manière critique.
Ce n'est que dans la sphère centrale du spectre psychique, dans le domaine de la conscience de l'ego que règne une certaine liberté. C'est seulement là que nous trouverons ces élans de volonté que Jung définit comme une énergie psychique mise à la disposition du « complexe du moi »

Il semble, à la lumière de ce modèle, que ce soit la structure de la conscience qui établit une séparation entre l'esprit et la matière, entre l'observation extérieure et la perception intérieure, entre la causalité et le sens mais que, à proprement parler, cette séparation ne corresponde pas à notre être réel, transpsychique.
C'est, pour moi, ce concept d'énergie vitale qui permet de rester relier à cette unité et de tenir ces pôles, à la fois opposés et uns.
Toujours dans M et P : « ce que nous appelons communément matière ou énergie, . de même que ce que nous appelons l'esprit, . est issu d'une représentation archétypique. . Tout se passe comme si ces deux forces, à l'instar de tous les opposés dans la nature, semblaient vouloir s'unir en l'homme dans un mysterium conjunctionis. . dans cet étrange processus psychique qui permet à ces forces de s'actualiser dans l'homme comme expérience des sens tout en cherchant à devenir conscientes » P.29
L'UN REFLETE L'AUTRE P.30
« Ne pas avoir une relation juste avec l'archétype (cf. celui de la mère) entraîne une incertitude au niveau de l'instinct » La Femme dans les Contes de Fées P.258

 

Danielle
Rêves avec l'homme noir, prédateur
Somatisations importantes : abord d'une partie de l'ombre personnelle et de l'animus négatif par le complexe de dévalorisation en emdr
Dessins -Pour qu'il y ait métamorphose et transformation de la libido il faut qu'il y ait sacrifice M A S P.700, 706

« Le penchant au rythme. représente un caractère particulier de tous les processus émotifs en général. Toute excitation a tendance aux manifestations rythmiques, c'est-à-dire à des persévérations répétitives. » P.270
Et le sens me semble bien être, comme l'exprime, Jung la recherche inconsciente qu'à l'énergie elle-même du troisième terme :
« Le tertium comparationis doit se trouver dans le rythme (mouvement de va et vient de l'esprit) » P.257


Un instinct entravé provoque une accumulation d'énergie et une régression P.274.
Mais la régression elle-même peut aussi être entravée quand la libido se fixe sur un sujet P.275
Où l'énergie régresse telle ? Dans l'inconscient, personnel et collectif et, suite à la stratification de l'inconscient, réactive des stades infantiles et antérieurs.
Ce que la libido va chercher dans la régression c'est la POLYVALENCE et l'INDIFFERENCIATION

 

La sous estimation des impressions suggestives :

L'action de nos impressions est souvent sous estimée, surtout (comme dans l'exemple de Miss Miller) les impressions érotiques relativement faibles « si l'impression est légère, elle n'existe pas pour l'intéressé ; si elle est forte, c'est un assujettissement tragique dont peuvent découler toutes sortes d'absurdités. » MAS P.99

Un problème rencontré et sous estimé ne parvient pas à une élaboration consciente.
Mais l'impression que la conscience refuse de reconnaître va continuer à travailler dans l'inconscient et produire des fantaisies symboliques. (Ou des symptômes)

Nous trouvons deux particularités :
-L'impression prend souvent une expression symbolique inadaptée et devient une forme presque incompréhensible.
-L'impression va, suite à la stratification historique de l'inconscient, se saisir d'une forme antérieure de rapport ;
Mais, Jung nous rappelle, aussi, que l'instrument insignifiant (dans la main de Faust) « représente l'obscure puissance créatrice de l'inconscient, qui se révèle quand on lui obéit et qui est à même d'accomplir des miracles. » P.228

L'accord avec la libido ne consiste pas uniquement à se laisser mener étant donné que les forces psychiques n'ont pas une direction unique, mais sont souvent orientées en sens contraire les unes contre les autres. Se laisser aller aboutit en très peu de temps à une confusion sans remède. Il est souvent difficile, d'arriver à sentir le courant profond et ainsi la direction exacte ; collisions, conflits et erreurs sont inévitables.


Les chakras

« Dans le mûlâdhâra, Kundalinî sommeille. C'est une activité latente, qui s'extériorise. Par son truchement, l'homme est attaché au monde de l'apparence et croit que son moi est identique au Soi. Kundalinî est une cit ( conscience), et lorsqu'elle s'éveille, elle retourne vers son maître. C'est une « conscience universelle », opposée à jîv-âtmâ (conscience individuelle). »)
Il y a de nombreuses approches des chakras et celle que je vais vous proposée n'est qu'un outils de décodage de dynamique comportementale. Elle se situe au niveau de la conscience du moi mais n'exclut pas l'approche universelle. C'est un niveau de compréhension personnel.
le mûlâdhâra Il fait partie de la terre. se tient ici-bas, il est la vie de cette terre et le dieu y dort. Ensuite, nous pénétrons dans l'inconscIent .
. le mûlâdhâra symbolise notre existence consciente personnelle et terrestre.
nous nous trouvons ici dans la région des racines de notre existence, ce qui correspondrait à notre vie sur cette terre dans sa dimension personnelle et corporelle. A cela s'ajoute encore un attribut capital : les dieux sont ici assoupis ;
le linga est encore à l'état de germe, et la Kundalinî, la belle endormie, apparaît comme la possibiIité d'un monde qui n'est pas encore advenu. Il s'agit, en P.83 conséquence, d'un état dans lequel l'homme semble être la seule puissance active et dans lequel les dieux, ou les puissances impersonnelles du non-moi, se révèlent inopérants - ils ne font pratiquement rien. ce chakra est situé, pour ainsi dire, dans la partie inférieure du bassin .. Il s'agit donc d'un élément localisé à l'intérieur de notre corps alors que, selon nos conclusions, il se trouvait à l'extérieur - c'est-à-dire dans notre monde conscient. Que les commentaires hindous situent le monde conscient dans le corps, voilà qui ne peut manquer de nous surprendre.
II s'agit de séparer les dieux d'avec le monde -afin qu'ils deviennent actifs - et c'est ainsi qu'on met en branle l'autre ordre des choses. .
.. ce symbolisme particulier .. nous offre en vérité une possibilité incomparable de comprendre ce que signifient cette expérience impersonnelle et cette dualité - duplicité ? - particulière de la psychologie humaine où deux aspects s'enchevêtrent d'une façon déconcertante : d'une part, la dimension personnelle où seuls les éléments qui appartiennent à ce plan possèdent une significarion et, de l'autre, une psychologie différente au regard de laquelle ces éléments sont aussi futiles qu'illusoires, dépourvus de tout intérêt et de toute valeur.
C'est par le truchement de ces deux dimensions que nos conflits fondamentaux surgissent et que nous avons la possibilité d'adopter un autre point de vue
.. ce symbolisme particulier .. nous offre en vérité une possibilité incomparable de comprendre ce que signifient cette expérience impersonnelle et cette dualité - duplicité ? - particulière de la psychologie humaine où deux aspects s'enchevêtrent d'une façon déconcertante : d'une part, la dimension personnelle où seuls les éléments qui appartiennent à ce plan possèdent une signification et, de l'autre, une psychologie différente au regard de laquelle ces éléments sont aussi futiles qu'illusoires, dépourvus de tout intérêt et de toute valeur.
C'est par le truchement de ces deux dimensions que nos conflits fondamentaux surgissent et que nous avons la possibilité d'adopter un autre point de vue
à éveiller la Kundalinî, ce qui se déclenche là n'est en aucune manière un processus personnel - quoique, naturellement, un phénomène impersonnel puisse souvent influencer d'une façon positive la condition personnelle.


Cas Clinique : chr ; romb ; moens ; paluch
2. ARCHETYPES en se constituant, le psychisme individuel engendre de l'inconscient. . Il y a donc deux ensembles dont les raisons d'être inconscients sont différentes. L'un appartient à l'espèce, l'autre est la contre-partie du conscient individuel. . les dynamismes archaïques incomparablement plus forts que la personnalité consciente. . existence de facteurs inconscients qui seraient au principe de la guérison aussi bien que de la maladie.
. une représentation, un affect, une impulsion ont d'autant plus de force qu'ils sont moins individualisés. l'énergie dont (ces facteurs « collectifs ») disposent et les formes qu'ils animent sont à l'échelle de ce qui fait l'homme. Dans la mesure où les circonstances : hérédité, désir des parents, environnement social, économique, et culturel, n'ont pas permis de reprendre ces dynamismes collectifs dans un psychisme conscient suffisamment fort, la personnalité risque d'être submergée.
. le conscient est aux prises avec une ambivalence qui se retrouve notamment, dans la polarité des images et des complexes et son évolution passe par la différenciation des archétypes entre eux (par ex. celle de l'animus et de l'anima d'avec les imagos parentales.) L'ambivalence des archétypes et leur contamination mutuelle contribuent à l'achèvement et au désordre du psychisme individuel.
Les archétypes ne sont des organisateurs que sous l'action des facteurs conscients. Ils sont cependant toujours là, comme une source constante d'information. Ils peuvent corriger par compensation les troubles du psychisme individuel et lui proposer des symboles susceptibles de l'orienter.
Cette présence justifie le projet thérapeutique.. (comme) une possibilité de se brancher sur les schèmes organisateurs inconscients de telle manière qu'ils aient une action positive sur la vie. . Devenir conscient ne consiste pas seulement à découvrir et à éprouver les mécanismes qui nous font