L'animus est la composante archétypique masculine de la psyché de la femme, aussi toutes les images ou figures d'hommes dans les rêves ne sont pas des images d'animus à proprement parler : l'animus comme archétype aura toujours un aspect numineux ; les autres images nous renseignent sur les différents aspects du masculin psychologique.
Le masculin psychique privilégie l'efficacité, la rentabilité, la perfection et l'action.

L'animus en temps qu'archétype est d'abord une image « vide », virtuel dont certains aspects vont s'animer, s'activer en fonction du vécu.
La petite fille actualise ainsi son animus dans sa relation au père, à l'homme mais aussi par l'animus de sa mère.
Dans l'inconscient tout se connecte.
L'animus qui s'éveille à l'adolescence peut être assez irritant..
Au plan concret nous pouvons observer son ouvre car il intervient dans notre relation à l'homme, dans notre activité professionnelle et créatrice, dans notre recherche spirituelle.
Mais il est aussi une fonction psychique reliant la femme à son inconscient. 26/09/04

DIALECTIQUE DU MOI ET DE L'INCONSCIENT

les « esprits du père et de la mère » qui de tous les « esprits » agissants, présentent pratiquement la plus grande importance .(cf. culte des ancêtres). Les parents sont évidemment, pour l'enfant, les êtres les plus proches et les plus influents. Mais, à l'âge adulte, cette influence devra avoir été surmontée ; l'adolescent, dans son processus d'émancipation, . s'efforcera de minimiser les influences reçues, c'est-à-dire qu'il refoulera et dissociera les séquelles psychologiques de son éducation. Les « imagines parentales » se trouveront donc encore plus, si faire se peut, niées et refoulées hors du conscient ; et elles se verront même aisément grevées, à cause des effets contraignants qui émanaient d'elles et qui souvent persistent, d'un indice péjoratif. Ces circonstances concourent à fixer les « imagines parentales » dans une extériorité psychologique où elles restent étrangères.

Pour l'homme adulte, la femme va remplacer les parents en tant qu'influence de l'ambiance immédiate. Pour la femme, ce sera l'homme, le compagnon avec qui elle partage son existence qui constituera un facteur majeur d'influences ; facteur qui se cristallise, comme celui des parents, en une imago de nature relativement autonome ; pourtant cette imago, à l'opposé de celle des parents, ne doit pas être dissociée, mais devra être maintenue associée au conscient de la femme.
L'homme, avec sa psychologie si différente de celle de la femme, est pour elle une source d'informations sur des chapitres a propos desquels elle manque de discernement.
Le refoulement de ses tendances et de ses traits masculins détermine naturellement l'accumulation de ces besoins et de leurs exigences dans l'inconscient. P.145
Il y a dans cette image masculine, un facteur supra-individuel, dont les racines plongent au-delà les liens superficiels visibles et éphémères.
Il n'est pas d'expérience humaine .. et aucune expérience n'est d'ailleurs possible -, sans l'adjonction d'une disponibilité subjective. . cette disponibilité subjective .. consiste.. en une structure psychique innée qui est le facteur permettant à la femme, en toute généralité, de faire et de vivre une telle expérience. Ainsi, toute la nature (aussi bien physiquement que psychiquement) de la femme présuppose l'homme.
Les systèmes vivants « homme-femme » que nous sommes sont a priori adapté l'un à l'autre, de la même façon que nous sommes préparés à vivre dans un certain monde où se rencontrent l'eau, la lumière, l'air, le sel, les hydrates de carbone, etc.
La forme et la nature du monde dans lequel nous naissons et grandissons sont innées et préfigurées en nous sous forme d'images virtuelles. Ainsi les parents, la femme, l'homme, les enfants, la naissance et la mort sont innés en nous sous forme de disponibilités psychiques préexistantes, sous forme d'images virtuelles. Ces catégories sont de nature collective, et dépassent la prédestination individuelle..
Tant que ces images, de virtuelles qu'elles étaient, ne sont pas meublées de contenus déterminés par le vécu, il faut les penser comme des cadres vides ; à cause de cela elles demeurent invisibles et inconscientes.
Elles n'acquièrent teneur et par conséquent influence sur le sujet, et finalement conscience, qu'en tombant en concordance avec une donnée vécue ; alors se produit, en un lieu quasi géométrique, point de recoupement de la disponibilité intérieure et du concret extérieur, comme un point d'impact : sous ce choc révélateur, la disponibilité inconsciente se trouve éveillée à la vie.
Au fur et à mesure de la vie ces images idéales sont confrontées et troquées contres celles réelles qui ont un nom, un visage et sont des choix. Et derrière nos demandes d'absolu à l'autre, c'est cette image idéale que nous cherchons à retrouver.
Ces images virtuelles sont comme le sédiment de toutes les expériences vécues par la lignée ancestrale ; elles en sont le résidu structurel, non les expériences elles- mêmes. ..P .149
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Dans l'inconscient de la femme, il réside de façon héritée une image collective de l'homme à l'aide de laquelle elle appréhende l'essence masculine. Cette image héritée est la troisième source importante de l'aspect masculin inconscient de la femme.
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. il existe une relation compensatoire entre la persona et l'anima.

REFLETS DE L'AME

. de grands daimons comme le dieu Eros ou la déesse Psyché. Leur signification psychologique correspond à celle des contenus de l'inconscient désignés par Jung sous le nom d'« Anima » et d'« Animus » et qu'il nomme les véritables facteurs créateurs de projection de la psyché. p.176

Le compagnon masculin dans la Psyché de la femme

Tout comme l'anima est un dérivé de l'imago de la mère chez l'homme, l'animus est une forme rajeunie de l'image du père. En tant que « père », il représente un esprit hérité de la tradition, qui s'exprime sous forme de « convictions sacrées » auxquelles la femme elle-même n'a souvent jamais vraiment réfléchi. Par contre, l'animus, en tant que « puer aeternus » divin, apparaît comme celui qui, en tant qu'esprit créateur, peut inciter une femme à entreprendre une démarche spirituelle personnelle. Cet esprit est un esprit de l'amour, c'est-à-dire qu'il est le secret personnel intérieur et vivant qui trouve son accomplissement P.187 dans l'Eros, entre l'homme et la femme ; Psyché, dans le conte d'Apulée, peut donc être comme la voit Erich Neumann, le modèle de la femme qui se libère d'une forme d'existence étouffante, matriarcale, exclusivement féminine, pour accéder à une féminité plus élevée et plus individuelle, après bien des souffrances par l'expérience du monde masculin. Mais que Psyché, dans l'histoire atteigne l'Olympe, signifie que pour la femme, ce chemin vers l'individuation n'est pas encore parvenu au niveau de la réalité humaine. Il semble être dans la nature de l'animus d'attirer parfois la femme en dehors de la réalité. Alors que l'anima apparaît dans la plupart des cas comme une séduction dans la vie, l'animus se révèle souvent comme un esprit de mort ; il est même des contes dans lesquels une femme épouse un bel inconnu se révélant être par la suite la mort personnifiée. Une révélation dont meurt la femme elle-même. (Barbe bleue) Ceci est en rapport avec le fait que chez l'homme, l'anima en tant que facteur de projection, forme principalement des projections passives, c'est-à-dire empathiques, liant l'homme aux objets ; l'animus, au contraire, crée des projections plus actives chez la femme, c'est-à-dire des projections de jugements qui couperont la femme du monde des objets. Dans les deux cas, l'animus et l'anima provoquent un éloignement de la réalité, car les projections empathiques de l'anima sont de nature illusoire, et les jugements de l'animus tombent la plupart du temps « à côté ». P.188

La figure de l'animus est aussi d'être un esprit médiateur comme dans la « Passio Perpétuae »
De même que chez Apulée, la figure de l'anima-mère apparaît différenciée sous une forme proche des hommes (Charité) et sous celle de deux personnages divins (Psyché et Isis), dans ses visions, Perpétue est aussi guidée d'une part par des figures de l'animus symbolisées par des personnes de son entourage, puis par le berger et le maître d'armes divins qui sont tout à fait supra-personnels. Dans la première vision, son compagnon de martyre, Saturus, lui prend la main et la conduit vers l'échelle céleste qui mène au berger cosmique. Dans la réalité, Saturus avait cherché le martyre et s'était volontairement constitué prisonnier. Chez Perpétue, il représente son animus personnel, la conviction courageuse et absolue en laquelle elle avait fait confiance. Dans sa dernière vision, elle conduit un diacre, Pomponius, à l'amphithéâtre où elle rencontre le maître d'armes. Pomponius était l'assistant qui rendait visite aux prisonniers et offrait en fait un réconfort spirituel. Tandis que Saturus incarne plutôt les qualités de courage et de conviction, Pomponius est davantage un maître spirituel, il personnifie les connaissances

Apulée dépeint une scène de féminisation extatique de ce type, qu'il appelle un délire morbide, « exactement comme si les hommes par la présence des dieux, étaient affaiblis et rendus malades et non pas meilleurs qu'ils étaient auparavant »
la « masculinisation » de Perpétue : un fanatisme religieux absolu.
La masculinisation de Perpétue symbolise, dans son effet pratique, un état extatique de ravissement (rapt) spirituel ; elle passe entièrement dans le domaine spirituel, tout comme Apulée-Lucius dans sa rencontre avec Isis était totalement submergé par son côté sentiment, auparavant détaché de lui. Mais après quelque temps, Lucius est appelé à une autre expérience, plus profonde encore, la rencontre avec le Soi conduisant à la rencontre avec l'anima (Isis) et au-delà ; Perpétue est par contre anéantie ; il aurait sans doute fallu qu'une divinité féminine lui vienne en aide si son destin avait été de vivre.
Si nous comparons les deux grands daimons anima et animus tels qu'ils apparaissent dans nos deux exemples, on voit qu'Isis, qui est l'anima pour Apulée représenterait par contre le Soi pour une femme, tout comme le berger cosmique apparaît comme son animus dans les visions de Perpétue, mais en tant que personnification du Soi dans les textes relatant l'expérience intérieure vécue par des hommes. L'aspect archétypique absolu de ces deux figures se situe donc fondamentalement au-delà de toute distinction de sexe. Elles sont des images intérieures concernant l'homme et la femme, bien que différemment. Elles sont de ce fait des symboles d'une signification collective de large rayonnement, qui pour parler dans le langage d'Apulée ne sont presque déjà plus des daimons, mais des dieux.
Comme dans le cas des mauvais démons, nous voyons ici que la structure archétypique de ces figures ne pénètre que peu à l'intérieur du domaine psychique personnel, et qu'en grande partie elles sont supra-personnelles. Et justement ces parties non intégrables sont, comme l'a montré Jung, les facteurs qui produisent les projections, autrement dit, ceux qui tirent les ficelles de notre destinée et qu'il nous est si terriblement difficile de dépister. Dans « La Psychologie du Transfert », Jung a essayé de représenter ce qui se passe dans le cas d'une grande attirance amoureuse entre un homme et une femme. Il s'agit d'une forme de relation en six combinaisons pour quatre figures, notamment de l'homme et son anima et de la femme et son animus.

Anima par ex. Isis _____________________________ Animus par ex. le berger
| X |
L'homme par ex. Apulée ________________________ la femme par ex. Perpétue

L'anima et l'animus, tels que nous avons appris à les connaître dans les deux exemples ci-dessus, sous la forme d'Isis et du berger (Hermès psychopompe) apparaissent dans la tradition alchimique comme le roi et la reine. .
Ces figures de roi et de reine, ou de dieu et de déesse, sont les partenaires du « mariage sacré », l'union des contraires dans le monde, que recherchent les alchimistes. Sous une forme apparemment « anodine » se tient cet archétype du « hierosgamos » à l'arrière plan de la plupart des épilogues des récits populaires et des contes P.193
L'amour est de ce fait un facteur très important de la destinée de chacun, parce que, plus que toute autre chose, il peut délivrer les humains de leur unique attachement au Moi, et leur fait soupçonner l'existence d'un accomplissement transcendant ; il nous fait participer au jeu divin de l'union de Shiva et de Shakti, dieu et déesse, par-delà la banalité de la vie terrestre. C'est le mystère dont personne n'a encore levé le voile et qui semble pourtant installé en chacun comme but de la vie. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que cela représente un mystère d'individuation réciproque, un devenir conscient et une réalisation de totalité dans la rencontre avec l'autre. Ce symbole apparaît également à la fin de la vie
Si nous comparons les projections qui viennent du complexe de l'ombre avec celles du complexe anima-animus, on peut dire que comprendre les projections de sa propre ombre signifie pour l'individu, en premier lieu, une humiliation morale et une intense souffrance. Par contre, la connaissance des formes de projection de l'animus et de l'anima exige moins d'humilité que de réflexion dans le sens de sagesse et d'humanité, car ces figures veulent nous écarter de la réalité en nous ravissant ou en nous submergeant. Quiconque ne peut s'y abandonner n'a jamais vécu, et quiconque y succombe, n'a rien compris. P.195