ADOLESCENCE ET DEVELOPPEMENT ANIMUS -ANIMA
L'animus et le courant incessant d'opinions et de raisonnements qu'il entraîne sont merveilleusement bien représentés par cette image de la tête autonome.
Dans ce conte, c'est le père qui entend le « mari ».
Une possession par l'animus est naturellement particulièrement irritante pour l'homme ; il ne peut supporter la présence de ce processus intérieur chez une femme.
On peut observer cela dans la vie courante, par exemple quand une fillette commence à penser par elle-même.
Le père sent l'animus de sa fille grandir et, ayant abhorré le même processus chez sa mère, sa femme ou chez d'autres, il cherche à l'écraser.
C'est une tragédie vieille comme le monde, que les activités intellectuelles naissantes chez les filles sont blessées ou vouées à l'échec par la réaction paternelle.
De nombreuses femmes se trouvent sérieusement estropiées spirituellement et intellectuellement parce que leur père, à un moment crucial a décrété qu'elles ne pouvaient réussir. .
Un père ne devrait jamais décourager sa fille de cette façon, car cela a un effet désastreux sur son développement intellectuel et affectif; ce n'est pas de cette façon que l'on peut délivrer quelqu'un de la possession par l'animus.
L'animus et l'anima, lorsqu'ils font leur apparition, in statu nascendi, ne sont ni évolués, ni séduisants.
Les garçons qui atteignent l'âge de la puberté, au moment où l'éros commence à se manifester et fait problème, se mettent à ne plus travailler, s'opposent à tout ce que l'on dit, se montrent désagréables et restent à traîner çà et là, sales, dépenaillés et le visage couvert d'acné.
Ils ont une imagination morbide, sont submergés par de la sentimentalité, des réactions physiques, des fantasmes sexuels et autres, et se montrent totalement vagues et stupides.
Voilà à quoi ressemblent les débuts de l'hétérosexualité et le premier éveil de l'anima !
En les connaissant mieux, on découvre que ces garçons écrivent aux filles des poèmes terriblement sentimentaux : c'est une période où leurs mères et leurs sours, par des réflexions moqueuses, peuvent blesser ou détruire quelque chose en eux, tout comme le père avec ses filles.
Il faut ignorer avec discrétion ces phénomènes et fermer les yeux sur ce processus de formation ; l'évolution de l'anima chez le garçon et de l'animus chez la fille passe nécessairement par certaines étapes.
Lorsqu'il fait son apparition, il est intransigeant et extravagant ; apparemment, les pères de chez nous ne sont pas seuls à s'en irriter, et les pères esquimaux en font tout autant.
Notre héroïne veut entrer dans la mer ; elle veut pénétrer dans les eaux de l'inconscient collectif, mais elle en est rejetée. Ceci est une conséquence de sa propre blessure, car, .. « cela » en elle refuse d'en connaître davantage.
L'animus créateur est si sensible à ce stade naissant qu'il n'est plus possible par la suite de retrouver l'enthousiasme de l'adolescence. La jeune fille doit choisir entre deux voies ; elle renonce à celle qui la ramènerait vers la terre et monte, par dépit, vers le ciel, malgré l'avertissement donné par l'esprit. Sachant le danger, elle est vraiment responsable de son choix. « Peu m'importe où je vais, puisque tu ne veux plus vivre avec moi ! »
Conte de La Femme Araignée dans M. L. von Frans "La Femme dans les contes de fées"