DEESSE MERE, EDEN ET ENERGIE DE L'ARCHETYPE:
Le début de l'histoire décrit l' Eden de la relation mère-fille, le paradis innocent de l'enfance.
La situation est incomplète, l 'élément mâle fait entièrement défaut; cette atmosphère purement féminine est décrite comme idéale et tant que les enfants sont très jeunes, cela n'est pas très grave.
Avec l'ours apparaît le quatrième, masculin.
Au niveau culturel ce thème montre que les univers masculin et féminin n'entretiennent pas entre eux une relation juste, tant sur le plan humain que sur plan de l'esprit.
Une des façons dont le monde féminin cherche à se défendre et à instaurer son droit propre consiste à se créer des paradis féminins. . dans certaine famille, mère et fille font cause commune .. faisant peu de cas du père ou des frères.
Les hommes ont, de leur côté, des associations destinées à renforcer leur amour-propre ainsi que leur rôle dans la coIIecfivité, Ies femmes ont besoin de disposer de quelque chose d'analogue qui leur permette d'affirmer leur féminité vis-à-vis d'elles-mêmes, leur fournisse un cadre pour prendre conscience de ce qui les différencie des hommes et satisfaire leurs besoins particuliers.
Que des femmes ou des adoIescentes se rassemblent et fassent barrage contre le principe masculin n'est pas forcément négatif, dans la mesure où cela à pour conséquence de consoIider Ieur féminité et permet aux deux sexes de se rencontrer plus tard à un niveau plus élevé.
Entre les sexes n'existe pas seulement une attirance instinctive mais aussi une opposition authentique ; ils n'ont jamais cessé de se menacer l'un l'autre .Dans certaines ethnies primitives les jeunes gens sont initiés aux sociétés secrètes d'hommes, et les jeunes filles aux sociétés de femmes. Leur tâche est de renforcer leur personnalité en protégeant sa formation:leur personnalité s'affirme et se développe sans se heurter avant l'heure au problème de la sexualité.
L'ours est un animal de la Déesse-mère.
Sous son aspect mâle on retrouve les grands exploits guerriers mais aussi la capacité d'entrer dans de grandes fureurs. Ce sentiment de plénitude et de puissance qui remplit l'être saisi d'un affect violent correspond, en langage mythologique à la possession par un dieu.
Or, être possédé par un dieu, c'est s'identifier à lui, se sentir surhumain,et rien n'est plus dangereux pour un être humain que de perdre le sens de ses limites et de sa personne individuelle.
La colère divine est redoutabIe (cf. Yavhé et Arès)... La folie destructrice des déesses ne leur cède en rien ( cf. Kali, Hathor) P.111
En psychologie,les dieux de la mythologie sont des archétypes, et les archétypes ont à la fois un aspect psychique qui tend à se traduire en images, et un aspect instinctif. Ils ont pour base une structure instinctuelle : le fondement biologique de l'archétype de Ia mère est Ia maternité, ceIui de Ia conjonction est la sexualité.
Ainsi à chaque dieu est rattaché un champ biologique instinctif et à tout dynamisme instinctuel correspond une image et un comportement spécifique.
Dans le monde animal, l'autodéfense, l'agression et la peur dominent toute une partie de la vie et nous n'en sommes pas exempts.
Arès-Mars est l'image de l'instinct d'agressivité et d'auto défense tels qu'ils existe dans la nature.
Chaque dieu représente une charge dynamique et explosive relativement autonome, par suite incontrolée ou incontrolable, aussi les dieux sont-ils toujours un peu en-dessous ou en deçà du but par rapport au niveau humain.
La déesse-mère et les autres dieux provoquent de formidables dégagements d'énergie Ià où Ie dynamisme de la vie se manifeste de la façon la pIus intense et la plus impressionnante.
Faisant irruption dans le conscient qui a toujours tendance à se figer, à devenir trop étroit et à se pétrifier, ils lui apportent le flot de la vie, mais à la façon de torrents indomptés.
Renoncer à un affect est aussi difficile que de renoncer à n'importe quel symptôme névrotique,car il donne un sentiment de puissance.
Une question d'ordre éthique se pose :y a-t-il des situations où il est juste de céder à la colère ?
L'ours représente une réaction équilibrée.Il s'agit dans ce conte, du problème de l'intégration du côté masculin, des qualités viriles,au monde féminin.Toute la difficulté consiste à le faire de Ia façon juste, sans aller trop Ioin, ce qui reviendrait à tomber dans l'extrême opposé et à prendre non les qualités, mais les défauts masculins. Ce qui a longtemps été retenu et refoulé commence à se précipiter avec violence avant de s'apaiser et de trouver son cours normal.
De plus un monde où l'on n'admet rien de rude ne correspond pas à la réalité de la vie, ce qui touche un problème typiquement féminin.
S'il n'est pas juste pour une femme de copier l'homme, il est tout aussi mauvais qu'elle soit trop unilatéralement féminine, car elle risque de se retrouver en marge la vie et d'être incapable de l'affronter.
Ce monde maternel, dans lequel tout est si aimable, si douillet, a grand besoin d'un ours !
La femme qui a un complexe-mère positif tend à avoir confiance en elle-même, mais aussi à s'identifier à sa mère.
L' homme qui a un complexe maternel positif sera paresseux, car la mère est le sein et elle est aussi Ie symbole de la matière, et la matière, c'est l'inertie.
La mère positive est comme un grand lit de plumes qui retient l'homme prisonnier de son confort. Enfant, il ne réussit pas à l'école et ne se construit pas par l 'effort, le travail et l' étude; adulte il se montre incapable de faire face à la lutte pour l'existence et de gagner sa vie.
L'homme souffrant d'un complexe maternel négatif, est névrosé, suicidaire ou sadique.
La mère est la matrice où se construit la totalité. Jusqu'à un certain point, la totalité est encore dans le vase, dans le sein de la nature.
Avec l'ours et la mort du nain une possibilité instinctive de progrès s'est formée dans l'inconscient et la prise de conscience peut avoir lieu, mais la transformation doit encore ètre assimilée, intégrée et incarnée dans la vie. Il y a espoir de progrès quand on sait vers quoi se diriger et où se trouvent les énergies.
L'archétype de la Grande Mère contient d'une part Ia sorcière et Ia mère diaboIique, Ia Mort, et d'autre part la vieille femme sage et la déesse de la fécondité.