Totalité:
L'expérience de la totalité n'est pas l' épanouissement ou la délivrance progressive des possibilités.
Elle commence par la mise en morceaux de la personnalité consciente.
Le sujet y perd l'identification avec ses dominantes et, s'il ne retoume pas à l'une ou à l'autre, s'il ne sombre pas dans la dissociation, il demeure tendu entre des opposés qui ne se concilient pas.
La situation n'a d' autre issue que la souffrance.
Si un troisième terme se manifeste, il apparaît comme un autre axe, dont l'origine et le centre sont en dehors du conscient.
Une personnalité nouvelle s'organise à partir d'un centre que le sujet conscient ne parvient ni à connaître, ni à vouloir.
« La croissance se fait à partir de l'inconscient.»
La notion de totalité se forme au carrefour de représentations dans lesquelles la multiplicité s'organise en système ordonné, et d'une expérience où la personnalité consciente, se sent reprise par une personnalité plus vaste qui coordonne ses rapports avec le monde extérieur et le monde intérieur.
Livrée à qui n'a pas cette expérience, l' idée de totalité tombe au pouvoir du moi et se projette dans les fantasmes de tout-avoir, pouvoir, savoir.
La réalité de la totalité se mesure alors à l'épuisement qu'elle fait subir au moi, à la façon dont ses fantasmes le dévorent.
Jung écarte nettement la confusion égotique de la totalité avec la perfection.
Il ne définit pas la totalité par rapport à la multiplicité des possibles, mais par rapport à la relation conscient -inconscient.
Affirmer la totalité correspond à un renversement des perspectives et des valeurs dans la façon de vivre;
Le conscient ne prétend plus expliquer en mesurant à l'aune de sa propre structure (c'est-à-dire selon son espace-temps) mais se trouve en face d'un ensemble qui le contient. p.64