Terme à rechercher
Page 10 de 87 << < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 30 60 > >>

Laisser Advenir

En observant le processus d'évolution de ceux qui se dépassaient eux-mêmes en silence et comme inconsciemment, je vis que leur destin avait un trait commun : la nouveauté venait à eux de possibilité obscures, ils l'acceptaient et se dépassaient grâce à elle. Je considérai comme typique que les uns la reçoivent du dedans et les autres du dehors ou plutôt qu'elle émane du dedans pour les uns et du dehors pour les autres. Jamais cependant la nouveauté n'était chose purement extérieure ou purement intérieure. Si elle venait de l'extérieur elle devenait expérience intime ; si elle venait de l'intérieur, elle devenait événement extérieur. Pourtant elle n'était jamais provoquée de façon intentionnelle et consciente, mais elle s'avançait, portée sur le fleuve du temps. ... la nouveauté ne doit être ni ceci ni cela, sinon on en fait une recette que l'on peut multiplier "machinalement" , et ce serait alors une fois de plus le « moyen juste » dans les mains de l' « homme de travers ». J'ai en effet été impressionné au plus profond de moi-même en constatant que la nouveauté ne correspond que rarement ou jamais à l'attente consciente et, chose plus remarquable encore, qu'elle contredit également les instincts enracinés tels que nous les connaissons, tout en constituant pourtant une expression singulièrement pertinente de la personnalité, expression dont on n'eût pu imaginer une forme plus complète.

Et que faisaient ces gens pour réaliser le progrès libérateur ? Autant que j'aie pu voir, ils ne faisaient rien (wou wei [action non agissante]) mais laissaient advenir : ainsi que le maître Lu Tsou l'indique dans notre texte, la lumière tourne suivant sa propre loi si l'on ne cesse pas d'exercer ses occupations habituelles. Le « laisser advenir », l'action non agissante, l'abandon de maître Eckhart est devenu pour moi la clé permettant d'ouvrir les portes qui mènent à la voie : dans le domaine psychique, il faut pouvoir laisser advenir. C'est pour nous un art véritable auquel quantité de gens ne comprennent rien : leur conscient ne cesse d'aider, de corriger et de nier, de multiplier les interférences et, dans tous les cas, il ne peut laisser en paix le pur déroulement du processus psychique. La tâche serait assez simple, si la simplicité n'était pas ce qu'il y a de plus difficile. Elle consiste d'abord purement et simplement à observer objectivement n'importe quel fragment de phantasme dans son évolution. Il n'y aurait rien de plus simple, mais ici commencent déjà les difficultés. On croit ne posséder aucun fragment de phantasme ou bien on en a, mais c'est trop stupide et il existe mille bonnes raisons contre cette attitude. On ne peut se concentrer dessus : c'est trop ennuyeux, qu'est-ce qui en sortirait ? « Ce n'est rien que », etc. Le conscient soulève d'abondantes P.33 objections ; il semble même souvent porté à étouffer l'activité spontanée de l'imagination, bien que l'on ait la claire intuition de la valeur de cette dernière et même la ferme résolution de laisser libre cours au processus psychique sans interférence. Parfois il se produit même une véritable crispation de la conscience.

Si l'on parvient à surmonter la difficulté initiale, la critique intervient pourtant après coup et tente d'interpréter le fragment de phantasme, de le classifier, de l'esthétiser ou de le minimiser. La tentation d'agir ainsi est presque irrésistible. Après une observation complète et fidèle, on peut tranquillement lâcher la bride à l'impatience du conscient ; cela est même nécessaire, sinon il se développe des résistances paralysantes. Mais à chaque observation l'activité du conscient doit avoir été à nouveau mise de côté.

Les résultats de ces efforts sont d'abord peu encourageants dans la plupart des cas. Il s'agit surtout d'écheveaux de phantasmes qui ne permettent pas de discerner clairement leur provenance et leur destination. Les moyens d'obtenir des phantasmes sont également différents suivant les individus. Pour beaucoup le plus simple est de les écrire ; d'autres les visualisent ; d'autres encore les dessinent ou les peignent avec ou sans visualisation. Lorsqu'on a affaire à une crispation accentuée du conscient, il arrive souvent que seules les mains puissent imaginer : elles modèlent ou dessinent des formes qui sont souvent étrangères au conscient.

Ces exercices doivent être poursuivis jusqu'à ce que la crispation de la conscience soit dénouée, en d'autres termes jusqu'à ce que l'on puisse laisser advenir, ce qui est le but immédiat de l'exercice. Une nouvelle attitude est ainsi créée, une attitude qui accepte également l'irrationnel et l'incompréhensible, simplement parce que c'est ce qui advient. Cette attitude serait un poison pour quelqu'un qui de toute façon est submergé par ce qui advient ; mais elle est d'une valeur suprême pour celui qui, par un jugement exclusivement conscient, s'est toujours borné à choisir ce qui convenait à sa conscience dans ce qui advient purement et simplement et qui est ainsi sorti de la vie pour échouer dans une lagune stagnante.

Ici les chemins des deux types mentionnés plus haut divergent. Tous deux ont appris à accepter ce qui leur arrive. Comme l'indique le maître Lu Isou : « Si les occupations arrivent à nous, nous devons les accueillir ; si les choses arrivent à nous, nous devons les connaître à fond. » L'un accueillera principalement ce qui lui arrive de l'extérieur l'autre ce qui vient de l'intérieur. Et comme le veut la loi de la vie, l'un prendra à l'extérieur ce qu'il n'avait jamais accepté de l'extérieur auparavant, et l'autre prendra à l'intérieur ce qu'il avait toujours exclu jusque-là. Ce retournement de l'être signifie un élargissement, une élévation et un enrichissement de la personnalité, si les valeurs précédentes sont conservées dans le retournement en tant qu'elles n'étaient pas de pures illusions. Si elles ne sont pas conservées, on retombe de l'autre côté et l'on passe de l'aptitude à l'inaptitude, de l'adaptation à l'inadaptation, du sens au non-sens et même de la raison au trouble mental. Ce chemin n'est pas sans danger. Tout bien est coûteux et le développement de la personnalité figure au nombre des choses les plus onéreuses. Il s'agit d'acquiescer à soi-même, de se prendre soi-même comme la plus sérieuse des tâches, de demeurer toujours conscient de ce que l'on fait et d'avoir constamment devant les yeux les plus équivoques de nos propres aspects - c'est là véritablement une tâche qui exige tout de nous.

. Le flirt esthétique ou intellectuel avec la vie et le destin trouve ici une fin brutale. La marche vers une conscience plus haute conduit hors de toutes les couvertures d'arrière-garde et de toutes les sécurités. L'être doit se donner totalement, car c'est seulement à partir de son intégrité qu'il peut aller plus loin, et seule son P.35 intégrité peut être la garantie que sa route ne deviendra pas une aventure absurde.

Bienvenu sur notre première application nommé Eros.
Le module Eros est une bonne solution de remplacement à nos gribouillis parfois même de couleur fluo ou rouge dans nos livres qui pourtant nous sont si chère, les rendant ainsi peux partageable.
D'expérience, reformater mes notes sous forme écrite m'est bien plus porteur que de lire et même rechercher le livre ou j'y ai souligné ce que je cherche, celui-ci bien rangé « quelque part ». D'autant qu'il existe pléthore de crayon scanner qui font cela très bien pour nous.


Cette application a été développée en Oxygene pour dot net 4.0 en tant que module de NorpaNetl sous l'excellente base de données FirebirdSQL 2.5.2 par Tetrasys


Eros  est, actuellement, en lecture seul. Dans les futurs évolutions, les utilisateurs authentifié sur adhes.net pourront y partager (s'ils le désir) eux-mêmes leur notes. En attendant, il vous est toujours possible de me faire parvenir votre matériel sous format Excel ou autre, je me ferai un plaisir de les y encoder.