Inconscient : confrontation avec l'inconscient
Ce qui surtout importe, c'est la différenciation entre le conscient et les contenus de l'inconscient.
Il faut en quelque sorte isoler ces derniers, et la façon la plus facile de le faire est de les personnifier, puis d'établir, en partant de la conscience, un contact avec ces personnages.
Ce n'est qu' ainsi qu'on peut leur soustraire de leur puissance, qu'autrement ils exercent sur le conscient.
Comme les contenus de l'inconscient possèdent un certain degré d'autonomie, cette technique n'offre pas de difficultés particulières; mais se familiariser avec le fait général de l'autonomie des contenus inconscients est une toute autre « paire de manches ».
Et c'est pourtant en ce point d' articulation que réside la possibilité même de commercer avec l' inconscient.
Pour parvenir à la libération de la tyrannie des préconditionnements de l'inconscient, il faut deux choses : s' acquitter de ses responsabilités intellectuelles aussi bien que s'acquitter de ses responsabilités morales.
Ce monde d'images inconscientes qui plongent le malade mental dans une confusion inextricable, est aussi la matrice de l'imagination créatrice des mythes, imagination avec laquelle notre ère rationaliste semble avoir perdu le contact.
L'imagination mythique est partout et toujours présente...
Celà semble même une expérience bien risquée que de s'abandonner au sentier incertain qui conduit dans les profondeurs de l'inconscient; ce sentier passe pour être celui de l'erreur, de l'ambiguité, de l'incompréhension.
Aussi est-il vital ,d'avoir un point d'attache dans le monde réel et d'avoir une vie rationelle qui va de soi, comme contrepoids au monde intérieur étranger: la famille et la profession prouvait que j'étais réellement un homme existant et banal.
Nietzsche avait perdu le contact avec le sol sous ses pieds parce qu'il ne possédait rien d'autre que le monde intérieur de ses pensées - monde qui, d'ailleurs, possédait plus Nietzsche que Iui-même ne Ie possédait; déraciné, il planait sur la terre, et c'est pourquoi il fut victime de l'exagération et de l'irréalité.
C'étaient ce monde-ci et cette vie-ci...
Je ne perdais cependant jamais de vue que toute cette expérience à quoi je me livrais concernait ma vie réelle, dont je m'efforçais de parcourir le domaine et d'accomplir le sens.
Finalement, c'est toujours le conscient qui reste décisif,le conscient qui doit comprendre les manifestations de l'inconscient, les appréhender, et prendre position à leur endroit.