Animus
Chez la femme, l'élément de compensation du conscient revêt un caractère masculin.
L'animus, est source d'opinions; les opinions acerbes et magistrales de la femme reposent sur des préjugés inconscients et des " a priori ".
Les opinions de l' animus ont très souvent le caractère de convictions qui ne sont pas faciles à ébranler, ou de principes d'allure intouchable, de valeur apparemment infaillible.
Elles existent toutes faites, comme préfabriquées et prêtes à la consommation; elles sont présentes dans l'être mental de la femme, qui les formule et les répète parce qu'elles ont dans son esprit un caractère de réalité et une force de conviction immédiate .
L'animus s'exprime et apparait sous les traits d'une pluralité.
Il est quelque chose comme une assemblée de pères ou d' autres porteurs de l'autorité, qui tiennent des conciliabules et qui émettent "ex cathedra" des jugements « raisonnables » inattaquables.
Cette codification du raisonnable correspond à une réserve de préjugés; et dès qu'un jugement conscient, compétent et valable manque, il y est fait appel.
Les opinions apparaitront, tantôt sous forme de bon sens tantôt sous forme de principes, emblèmes de l'éducation reçue.
Les hommes sur qui l'animus est le plus susceptible de se projeter, devront être d'un genre tel que la femme en mal de projection puisse y voir une réédition vivante du Bon Dieu, des hommes qui savent tout, qui comprennent tout; ou bien il s'agira de novateurs méconnus, disposant de grands charmes rhétoriques...
L' animus n'est pas qu'une conscience collective conservatrice : il est aussi un novateur qui, tout à l'opposé de ses opinions codifiées par l'usage, témoigne d'une incroyable faiblesse pour les termes inconnus et difficilement compréhensibles, pour « les grands mots », qui suppléent, de la façon la plus séduisante, à ce que la femme ressent être particulièrement odieux, à savoir la réflexion.