Diable
Le Diable symbolise la force obscure de la psyché, le prédateur, qui dans ce conte n'est pas reconnu comme tel.
Celui-ci est l'archétype du bandit qui a besoin de la lumière et vient la pomper.
En théorie, si le Diable recevait de la lumière - c'est-à-dire une vie porteuse de promesses d'amour et de créativité - il ne serait plus le Diable.
Dans cette histoire, le Diable intervient parce que la douce lumière de la jeune fille l'a attiré.
Cette lumière n'est pas n'importe quelle lumière, c'est celle d'une jeune âme prise au piège d'un état somnambulique.
Une telle lumière inconsciente et non protégée attire toujours le prédateur, qu'elle soit le halo de la créativité d'une femme, de sa beauté, de son intelligence ou de sa générosité; elle est une cible.
Quand nous perdons nos instincts, au lieu de laisser l'éventualité de l'illumination emplir notre vie, nous nous retrouvons dans une sorte d'obscurcissement.
Notre capacité extérieure à pénétrer la nature des choses et notre vision intérieure sont carrément en train de ronfler de concert, de sorte que lorsque le Diable s'en vient frapper à la porte, nous allons lui ouvrir la porte en somnambules et le faisons entrer.
Dans cette histoire, la nature double de l'âme féminine, qui à la fois tourmente et soigne, a été remplacée par une figure unique, celle du Diable.
Cette figure démoniaque représente le prédateur naturel de la psyché féminine: un aspect " contra naturam" qui s'oppose au développement de la psyché et tente d'anéantir tout ce qui appartient à l'âme.
Cette force est coupée de son aspect créateur de vie.
Dans la deuxième partie du conte quand le Diable se pointe il change le message de bonheur en message d' horreur.
Il représente l'exaspération psychique qui vient nous tourmenter : " Alors, on reprend ses anciennes manières innnocentes et naïves, maintenant qu'on est aimée ? Maintenant qu'on a donné la vie ? Tu crois vraiment que la mise à l'épreuve est terminée, femme stupide ? »
Sous de nombreux aspects, la culture (et par là il faut entendre le système collectif dominant de croyances d'un groupe de personnes vivant suffisamment près les unes des autres pour s'influencer mutuellement), agit comme le Diable pour tout ce qui touche le travail intérieur des femmes, leur vie privée et leurs processus psychiques.
En tranchant ...en masquant ...en scellant une ouverture..., le " démon " de la culture et le prédateur intrapsychique font que des générations de femmes, tout en éprouvant de la peur, continuent à être dans l'errance sans avoir la moindre idée ni de ses causes, ni de la perte de leur nature sauvage qui pourrait tout leur révéler.
Le prédateur a le goût des proies affamées d'âme, ou ayant perdu leur pouvoir ,mais il est également attiré par la conscience, la réforme, la liberté toute neuve.