Archétype:
Idées paradigmatiques aux ramifications omniprésentes se manifestant simultanément dans les domaines psychologique, social, scientifique et métaphysique.
L'archétype est un phénomène psychoïde dont certains aspects se situent complètement en dehors de la psyché.
Il influence donc la psyché et le champ psychologique, comme il influence d'autres domaines et d'autres sciences, en tant que donnée primordiale.
La psychologie ne bénéficie pas plus qu'une autre science d'un accès privilégié à l'archétype et à sa connaissance.
La psyché individuelle, cependant, possède une forme de connaissance de sa nature propre, qui n'est donné à aucun autre domaine, pas même à la psychologie : il s'agit de sa subjectivité réflexive, de ses souffrances, de sa pathologie et de ses fantaisies - par quoi l'archétype s'exprime individuellement et directement, et grâce à quoi notre psychopathologie est une révélation,une gnose.
La configuration archétypique (tel ou tel dieu) à laquelle se rattache passions, idées évènements, objets, leur donne une intelligibilité interne. L'archétype imprègne les événements qu'il regroupe, et le pouvoir numineux des figures divines confèrent au fait le plus trivial, une charge de qualité émotive. Les éléments tiennent ensemble, non pas simplement en raison des lois associatives, essentiellement extérieures et mécaniques, mais par leur appartenance au même sens mythique.
Les archétypes correspondent à des formes imaginales divines utilisées la même façon que les catégories conceptuelles aristotéliciennes ou kantiennes. Les figures mythiques fournissent plutôt que des voies logiques ou scientifiques, les structures a priori qui occupent les antres et cavernes de l'incommensurable imagination.
Tout événement psychique est en mesure de recevoir une cohérence significative grâce à ses structures mythiques. Personnifiés, ils possèdent une puissance d'attraction visuelle ; ils sont des créatures vivantes et évocatrices qui synthétisent les contenus de l'imagination au lieu de les analyser par le langage. Page 139
Le moi d'une psychologie "analytique" s'adapte insuffisamment à la réalité archétypique. En effet, elle offre une "analyse" de la "mémoria", mais Jung disait que nous devons aussi rêver le mythe. Le vieux moi présente une adaptation unilatérale ; il est inadéquat pour la psychologie archétypique parce qu'il restreint et ignore la part imaginale du complexe du moi. C'est pourquoi l'anima exerce un tel pouvoir avec ses promesses d'émotions et de fantaisies ; c'est pourquoi le Soi devient un tel "Tout Autre", et se vit magique ment à travers les images de l'inconscient, à travers des choses irrationnelles et involontaires.
L'imagination n'a pas fourni de moi familier du domaine imaginal. Notre concept du moi a placé ce qui nous guérirait au-delà de son seuil.
Cela explique pourquoi nous sommes devenus si obscédés par les images symboliques, confondant réalité archétypique et imagerie visuelle. Quand nous perdons l'imaginal, les archétype se représentent d'abord à l'âme au moyen de configurations picturales. Mais ils ne se manifestent pas seulement à travers les images symboliques (premier niveau d'apparence archétypique) par la fantaisie dans le comportement, dans les formes plus subtiles du style, de la voix, du maintient, et dans la mise en jeu vivante du mythe.
Un moi imaginal ne signifie pas un moi rempli d'images provoquées par la drogue ou saturé de la connaissance des symboles. Cela veut plutôt dire se comporter avec imagination.
C'est l'émotion amoureuse qui active le mieux les images ... Page147