LILITH
Chaque femme porte en elle Lilith.
En astrologie c'est la Lune noire (points fictifs) ; c'est le point où la Lune est la plus rapide et le plus loin de la terre. C'est le point où elle pourrait le plus facilement s'échapper de l'influence de la terre, donc de l'incarnation.
A l'opposé nous avons Priape.
Elle a à voir avec la terre, le psychisme, le corps.
Lilith influence toute notre féminité, notre sexualité; sans elle il n'y en a pas mais elle peut aussi l'empêcher.
Lilith est la première femme d'Adam ; son égale.
Déçue de son Adam, elle engendre l'Animus négatif.
Dans le psychisme et la personnalité féminine il y a un antagonisme entre Eve et Lilith.
Adam et Lilith ne se sont pas entendus ; chaque fois qu'elle n'est pas d'accord, elle prend ses ailes et fuit pour ne plus apparaître. C'est aussi le déni par rapport à l'homme: les femmes-Lilith ne peuvent que le mettre à la porte.
Ici il n'y a pas de couple, c'est l'initiation par la femme. Quand l'homme apparaît, il est archaïque, priapique.
Lilith est aussi associée au vent, à la nuit.
Cet archétype aime les enfants et les amants. (Liliane, Evelyne, Laïla .)
Les "Lilith" sont des femmes séduisantes ; des charnelles.
Elles sauront chanter, avec leur corps aussi, comme les sirènes, qui les symbolisent.
« Spectacle ravissant » : c'est le vent; il soulève la jupe; pas de soutien, pas de poitrine.
Ex. Marilyne Monroe « Je suis frigide comme un fossile » ; elle est aérienne, corporelle, pulpeuse dans son incarnation et pourtant elle échappe tout le temps et aucun homme n'a réussi à l'amener à l'orgasme.
C'est la théâtralité du vêtement ; la fixité sur la couleur : Lilith est habillée tout de blanc ou tout de noir.
C'est aussi Pandore, la femme qui se refait tout faire ; la plus belle des femmes mais artificielle. C'est toujours le corps ; l'âme souffre du vide intérieur.
Mais ce sont aussi les monstres marins qui dévorent et avalent; le « vagin denté » ; les « dents de la mer »
Lien au mythe de Koré:
C'est la responsabilité des mères qui, n'ayant pas vécu leur sensualité, la projettent sur leur fille et le rapt.
Lilith a besoin de séduire la mère, puis le père.
Au stade du miroir : « Je me vois dans les yeux de ma mère »
Le rôle de la féminité passe par le regard de la mère et le besoin d'une identification.
La mère va donner ou faire vivre à sa fille ce qu'elle n'a pas vécu.
En métanalyse, on part de la date (l'année) des premières règles : « devenir femme » c'est procréer. Avec Lilith, tout commence avec les règles. Les règles, comme Lilith, peuvent aussi devenir une malédiction.
Les Lilith sont d'une intelligence remarquable et d'une séduction aérienne, différente de celle de Gaia.
Ces femmes plaisent beaucoup mais déçues de l'homme elles s'envolent.
Cela s'exprime dans les rêves par des hommes de type Priape; de terroristes barbus qui viennent égorger la femme ou la violée. Priape, fils de Pan, est opposé à Lilith. C'est l'ombre de la femme qui se pointe.
L'homme barbu est aussi celui qui aime la vie, la fête, l'amour ; Lilith a vécu toutes ses choses mais elle est déçue.
Cet homme barbu, pas aimé des femmes à un lien avec Hadès et le rapt.
Par la loi des opposés, l'homme policé et bien rasé amène le retour de l'archaïque et nos peurs de l'homme, du rapt de Koré « celle qui est en train de grandir » et qui deviendra Perséphone, la Reine de la nuit ; celle qui a dépassé le complexe; « celle qui détruit la voix de la mère."
Rôle du regard de la mère sur la scène primitive : « ça ne me dit rien ; je regarde au plafond »
Rôle du regard de la mère dans la violation de l'intimité de sa fille.
Dans le mythe, Lilith n'a pas accepté de s'incarner ; elle s'incarne par projections.
Elle a transgressé et a prononcé le nom de l'Ineffable.
Ex. : être plus intelligente que son patron.
Ex. : La Reine morte de Monterland : l'Infante va voir le roi ; elle est lucide, elle apporte un éclairage nouveau, elle ne peut s'empêcher de lui dire la vérité. C'est son arrêt de mort.
« Dire la vérité » c'est très féminin. C'est la confrontation à Dieu ; c'est de la toute-puissance ; on se met dans la position de Lilith qui est obligée de fuir.
Sens psychologique : reconnaître que Dieu a une ombre (voir Réponse à Job)
Lilith a eu tort de dire qu'il n'y avait pas que du bon (même problématique avec Baba Yaga)
« Elle dit » non pas parce qu'elle y prend plaisir mais par intégrité : elle est extralucide mais pas stratège.
L'extérieur peut percevoir cela comme pervers.
Mais il n'y a pas de communication : l'homme se prend pour le dieu infaillible ; Lilith ne remet pas sa déité en question mais lui dit « par amour » et l'homme le vit comme si la femme faisait des plans pour prendre sa place. ( différencier Lilith d'Athéna qui est une politicienne, philosophe)
Lilith ne conteste pas qu'il est Dieu mais veut rétablir la faille.
Si l'homme sent qu'il est déstabilisé dans sa magnificence, il va projeter sur l'autre ce qu'il ne veut pas voir (son anima négative) et la femme devient sorcière.
Les Lilith savent pour vous ; elles touchent avec lucidité mais ça fait mal.
Le problème avec Lilith, c'est que la femme a toujours raison, c'est l'Animus négatif.
Or, plus elle dit à l'homme « j'ai raison », plus la réalité est là et moins ça marche avec l'homme.
Attention au glissement de « s'arranger » pour avoir raison. Mais avec Lilith, il n'y a pas de stratégie perverse, elle est « authentique », donc si la femme est « juste » ça se fait.
Lilith pointe juste mais si elle montre trop vite le serpent, l'ombre, c'est l'exil, disparaître ou mourir (une attitude typiquement féminine sera d'abord le refus) ; si c'est au Kaïros (au bon moment) c'est la délivrance.
Lilith est franche; c'est Vénus qui fait croire à l'homme que c'est lui qui décide.
Elle est ambivalente : elle est frustrée car elle sait ce qu'il faut faire mais voudrait que ce soit l'homme qui sache, qui fasse.
Elle voudrait un dieu comme Priape ou Hadès qui l'étonne et l'emmène dans son royaume.
Lilith et le complexe maternel :
Sous l'emprise de la mère, on n'ose pas demander, pas dire ; on ne peut pas savoir. Ex. de Perceval qui n'a pas osé poser la question.
Tant que l'on est sous la tutelle de la mère, on ne choisit pas. La confrontation avec le Dragon est nécessaire ; c'est avec lui que l'on pourra couper.
Lilith devient guerrière ; elle permet de couper, de s'affranchir.
A chaque fois qu'il y a le Dragon, il y a le libre arbitre MAIS avec Lilith se pose la question « faut-il faire la lumière sur tout ; oser le mot interdit ? »
Lilith est triste : elle s'incarne =sacrifice, souffrance. Elle aime mais a l'impression d'être toujours flouée par le masculin.
Le fantasme chez Lilith est plus important que la réalité ; attention au piège de la rêverie.
Conte fondateur : Mélusine
Avec le mythe de Mélusine apparaît la femme d'affaire ; la femme qui sait faire de l'argent.
Fréquemment, la femme-Mélusine rencontre des hommes opposés : Raimondin est victime de la personna, de la rumeur.
Le couple Mélusine-Raimondin est insupportable pour les autres ; il passe à travers la rumeur.
Jusqu'à l'arrivée de l'anima négative du frère : « quand les femmes disparaissent, c'est pour être avec un autre. »
Mélusine « manque » à Raimondin et ce manque nourrit l'envie irrésistible, déstabilisante de savoir. On veut savoir pour ne pas s'identifier à la frustration et au manque.
En le contenant, il y a une indifférence apparente reliée au Faux-Self, il faut faire attention à ce qui se construit derrière.
Les indices dans le conte sont la chouette, la tour, le chat noir ; des représentations archaïques de son anima.
Dans une autre histoire, ils se pardonnent mais au premier incident, tout remonte.
Tous les fils de Mélusine ont un défaut mais tous sont très intelligents et épousent de belles princesses : c'est l'exorcisation de la malédiction au grand jour.
Quand Mélusine part, la malédiction s'épuise au fur et à mesure des générations.
Si la malédiction est niée, il n'y pas de délivrance.
L'argent crée un double lien.
Lilith a besoin d'un espace pour elle.
La salle de bain est le lieu de métamorphose de la femme ; elle préserve son intimité.
C'est aussi ne pas sans cesse montrer, expliquer. Le secret participe aussi à la réussite de la relation amoureuse.
Dans le couple il faut préserver l'intimité mais si on reste dans le vague et l'imprécision, c'est négatif.
Mélusine est tiraillée entre ce qu'elle dit et ce qu'elle fait. Elle est fondamentalement une fée ; elle joue sur les deux.
Dans la personna, elle peut donner l'apparence d'une femme froide ; dans la vie amoureuse, c'est une serpente.
Avec Mélusine, c'est redonner la place à la romance, retrouver l'amour pour l'amour.
Comment réhabilité le désir de la femme (qui avec Eve est puni) et lui donner droit de cité.
Elle est la rebelle par rapport à Adam ; la « troisième » dans les sculptures des cathédrales : Adam, Eve et la femme avec des ailes (le féminin démonisé qui regarde le couple.)
Accepter Mélusine et sa queue de dragon ; si elle est refoulée, elle devient perversion et est projetée sur l'homme.
Lilith en exil amène la rébellion du corps.
La mère punit par le corps.
Lilith est une femme répudiée ; une femme que l'on quitte ; une femme abandonnée et meurtrie.
Elle peut devenir la Reine des Neiges.
Or, c'est la première femme ; elle nous réconcilie avec la femme, avec l'homme aussi.
Elle contient tout en elle ; elle saura voir au-delà et retrouver la vie dans les âmes errantes. Lilith est accoucheuse des âmes.
Avec Lilith, il faut savoir perdre. En analyse, si quelqu'un ne peut pas perdre, lâcher ce à quoi il tient le plus, il n'y a pas de passage.
C'est le couteau du sacrifice qui va délier le lien à Lilith.
Lilith s'attaque, après l'argent, aux enfants.
Les enfants de nos rêves sont nos enfants psychiques ; plus on les prend au niveau de la réalité, plus ça se projette sur eux.
Nos avortements psychiques sont nos ouvres inachevées.
Quand on est dans sa créativité on ne se pose plus de question. Le jugement dernier : « Qu'as- tu fait de ta créativité ? »