POTHOS, PATHE, MANIA:
Regroupés aujourd'hui sous le terme de "passion amoureuse"
Cette forme d'amour est dans le prolongement de Porneia mais s'ajoute à la dimension pulsionnelle, la dimension émotive, qui peut parfois se suffire à elle-même sans participation de la sexualité.
L'intensité de l'état exalté submerge tous les autres aspects de la personne.
Les anciens y voyaient la source de tous les maux (perte de la raison, désordre, possession..), pour nous il constitue la source de nos romans et de nos chansons.
"Tu es tout pour moi, je veux être tout pour toi" : on pressent le genre de problèmes que vont entraîner ces affirmations.
L'autre n'est jamais tout pour moi et c'est ce qu'une mère ou un père intelligents essaient de faire comprendre à leur enfant quand celui-ci a tendance à faire de ses parents "tout son univers" ; de même il doit comprendre qu'il n'est pas tout pour ses parents.
Tout, c'est toujours trop, surtout trop de responsabilité: si je suis tout pour toi, je suis responsable de ton bonheur; je ne peux pas regarder ailleurs sinon je sors du tout que tu es...
La fixation à ce type d'amour s'enracine dans la période dite du stade anal, où l'enfant apprend le contrôle de son corps, tout en le différenciant du corps de la mère. C'est la moment où il s'approprie, de diverses façons, l'univers environnant, qu'il cherche à posséder; littéralement " à s'asseoir dessus"
Chez l'adulte on retrouve ce langage de la possession, que ce soit à l'égard des objets, de l'argent ou des personnes.
On ne sait que posséder et être possédé.
L'autre est ma possession, il est à moi, comme je me veux à lui; ce qui engendre tous les problèmes de jalousie car on ne peut pas partager ce dont notre vie dépend.
Derrière tout celà se devine l'immense insécurité d'un enfantr qui n'a pas reçu, dès son plus jeune âge, la confirmation affective dont il avait besoin pour exister et cette confirmation il ne cessera de la demander à tous les amours qu'il ne peut vivre que passionnémnent, car c'est passionnément qu'il demande la reconnaissance, le droit d'exister, d'être réellemnt sur terre pour quelqu'un.
Des coups, plutôt que l'indifférence ou l'absence: les passionnés préfèrent souffrir plutôt que rien, de la jalousie ou de la rage ( car l'autre échappe toujours) Ils ne supportent pas le manque provoqué par l'absence de l'autre sur lequel ils ont projeté le Tout, l'Etre même dont s'origine leur être.
Ce qui se cache dans cette forme d'amour, ce n'est pas le besoin pur comme dans la pulsion, mais une demande; une demande de reconnaissance.
Mieux voir cette demande et les manques dans lesquels elle s'enracine peut nous aider à moins se laisser emporté ou possedé par le premier venu qui dans l'ébauche de son sourire, dans la douceur de sa parole, semble voulir nous confirmer affectivement dans notre existence et pour toujours... Tout celà se joue dans l'inconscient car il n'y a pas de coup de foudre "conscient"; la foudre frappe le corps et le coeur là où ils sont les plus fragiles, c'est-à-dire, là où il y a la plus grande attente.
Mais la foudre annonce la cendre... Il faut savoir à quoi peut nous "réduire" un amour passion; il ne faut pas ignorer non plus jusqu'où il peut nous "exhausser", mais ce n'est qu'en le dépassant, en se donnant à soi-même et à l'autre le droit à la liberté.
L'autre n'est jamais tout, il n'est pas là pour combler mes manques, pour répondre à mes besoins ou à pes demandes, il est peut être là pour partager avec moi son désoir, écouter le mien, ey ce désir n'est pas celui de l'impossible retour d'une totalité ou d'une symbiose avec la mère définitivement perdue mais désir d'une possible étreinte de deux êtres, sans doute blessés par la vie et ses commencements mais désormais plus grands que leurs blessures.