ARCHETYPES ET DIEUX MYTHOLOGIQUES
Dans notre langage psychologique, les dieux de la mythologie sont des archétypes, et les archétypes ont toujours à la fois un aspect psychique qui tend à se traduire en images, et un aspect instinctif.
Ils ont pour base une structure instinctuelle : le fondement biologique de l'archétype de la mère est la maternité, celui de la conjonction est la sexualité, etc.
C'est pourquoi l'on peut rattacher chaque dieu à un champ biologique instinctif, le premier étant l'aspect psychique du second.
Inversement, l'on peut affirmer qu'à tout dynamisme instinctuel correspond une image, ou un ensemble d'images et un comportement spécifiques.
Or, dans le monde animal, l'autodéfense, l'agression et la peur dominent toute une partie de la vie et, pour notre part, nous n'en sommes pas exempts.
Les dieux sont donc des représentations de complexes généraux, et Arès-Mars est l'image, dans la culture classique, de l'instinct d'agressivité et d'autodéfense tels qu'ils existent dans la nature.
Chaque dieu archétypique représente une charge dynamique et explosive relativement autonome et, par suite, incontrôlée, et à ce stade, incontrôlable, aussi les dieux sont-ils toujours un peu en-dessous ou en deçà du but par rapport au niveau humain.
Les Grecs eux-mêmes se montraient choqués du fait que leurs dieux se comportaient de façon aussi barbare, archaïque et animale et les Stoïciens tentèrent, à l'aide d'arguments philosophiques, d'expliquer ce fait.
La déesse-mère et les autres dieux provoquent de formidables dégagements d'énergie là où le dynamisme de la vie se manifeste de la façon la plus intense et la plus impressionnante. Faisant irruption dans le conscient qui a toujours tendance à se figer, à devenir trop étroit et à se pétrifier, ils lui apportent le flot de la vie, mais à la façon de torrents indomptés. P.112