Psyché vierge:
Sans rapport avec Ia destruction érotique, la psyché reste vierge.
(cf. virginité à propos des symptômes hystériques, de l'hyperféminisation d'une psyché qui se débat encore pour sortir de la chrysalide de l'anima. Mais la psyché vierge n'est pas seuIement identique à I'anima.
Elle est surtout marquée par un déplacement de la libido instinctuelle, si bien que le créatif est rendu impuissant et son rôle usurpé par d'autres pulsions, principalement par la réflexion.
On commet la faute de confondre réflexion et créativité, et on définit à tort le but de la psychothérapie par le "devenir conscient ".
Nietzsche a prévenu que la compréhension prise pour elle-même est une erreur .
Et lequel d'entre nous peut-il, par la réflexion, agrandir sa stature d'une coudée ?
La psyché jointe à la réflexion forme une union entre semblables ou manque la tension des opposés ; la psyché est elle-même le réflecteur féminin, le miroir de l'esprit lunaire.
Une union de semblables met en rapport deux éléments qui n'auraient pas dû se trouver séparés.
Elle soude, guérit, mais ne crée pas, car la confusion radicale des oppositions et les effets destructeurs et douloureux qu'elles ont l'une sur l*autre n'y sont jamais constellés.
La psyché jointe à la réflexion produit l'unio mentalis, ou santé mentale.
Il n'en reste pas moins que.l'âme qui n' est pas reliée au corps par l'éros n'y est pas encore parvenue - elle est consciente, certes, mais pas encore éveillée ; elle est en effet de l'ordre du mentaI, mais sa conscience ne nait pas du coeur et du thymos.
D'où l'importance de l'aspect phallique de l'éros, et de ce stupide mouvement descendant qui ramène la psyché vers le corps, brûle les ailes de l'âme dans le feu de la vie, et qui simultanément et de curieuse manière, l'éléve et l 'idéalise.
La fascination pour les rêves et les visions est révélatrice d'une psyché vierge, au bord de la découverte, mais encore à l'état de miroir.
Gardons-nous de confondre créativité psychologique et beauté de l'imagerie intérieure.
Les drogues halllucinogènes peuvent déclencher à volonté le spectacle de paysages intérieurs, provoquant cette «hip-gnose» réplique contemporaine de celle des prêtres- puer aux longs cheveux, voués dans l'Antiquité au culte de la grande mère.
lllusions et visions sont moins le signe d'une psyché fertile que celui de la fécondité foisonnante et naturelle de la grande mère et de sa manière séduisante de satisfaire avec des nourritures visuelles les besoins oraux de ses enfants.
Rêves, paysages intérieurs et visions ne sont pas créateuurs ; ce ne sont que des images en "miroir " jusqu'au moment où ils franchissent le seuil de l'implication érotique.
L'imagination créatrice qui révèle le domaine imaginal véritable résulte de la vitalité et de la passion.
Elle est née du sang de la psyché éveillée et non pas endormie. L'authentique activité imaginale n'est ni un retrait introverti dans la fantaisie, ni une notion extravertie et maniaque de la créativité comme productivité matérielle.
L'imagination vraie peut se servir des miroirs de la réflexion, mais son impulsion émotionnelle vient de l'instinct créateur.
L'expérience analytique nous apprend que la simple imagerie, ou même l'observation active des fantaisies n'ont que peu d'effets sans une vive participation libidinale.